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Liban - En dents de scie

Écorchée vive

Quarante-troisième semaine de 2011.
Baby alone in Babylone. Année après année.
Dans ce Liban-Babel où treize langues à la douzaine se superposent dans une même rue et où l’anglo-saxon, même au cœur des strates les plus antiaméricaines, domine de toutes ses largeurs : linguistique, sociétale, culturelle, etc, la francophonie est de moins en moins sexy. Les apparences sont peut-être encore légèrement sauves, la vitrine pas encore défraîchie, les chiffres restent plutôt rassurants, il n’empêche : la réalité est triste. Fondamentalement. La décadence, parfois, a quelque chose de terriblement attirant. Ou de troublant, comme les fins de races. Mais là, c’est presque pathétique : la francophonie en général et son véhicule linguistique en particulier sont souvent, bien trop souvent, moqués, snobés, juste tolérés, avec cette courtoise (mais pas trop) impatience réservée aux malvoyants, aux malentendants, aux gens un peu lents, aux excentriques et aux farfelus, aux marginaux, aux bizarreries de ce monde ; bref, à l’autre. Et l’autre, on le sait, plaît de moins en moins au Liban.
Bien sûr, la petite mère France n’est pas en cause : la grande majorité des Libanais la regarde encore comme une sainte Rita toujours là aux moments impossibles à gérer, toujours prête à les aider même quand ce sont eux qui offrent la corde qui les pendrait. Bien sûr, les livres en français continuent de s’écrire, quelle que soit leur qualité, et de se vendre ; les spectacles d’assurer un minimum honorable d’audience. Bien sûr, les universités, mais surtout les écoles où le français est roi sont toujours réclamées, espérées, draguées ; sauf que la proportion de jeunes qui quittent ces collèges et ces lycées en baragouinant à peine la langue ou en l’oubliant définitivement une fois entrés dans les facultés est ahurissante. C’est là qu’est le véritable cauchemar : la francophonie vieillit horriblement vite puis meurt à peine l’adolescence terminée. À peine éclose, elle disparaît. Et au Liban, cet assassinat, ou ce suicide, c’est selon, ne dérange personne. Même (plus) les francophones.
En réalité, c’est un massacre. La francophonie et son véhicule linguistique sont aujourd’hui furieusement urgents. Pour la simple raison qu’ils sont un ciment. Qu’indépendamment des politiques de chacun de leurs pays moteurs, ils construisent des ponts à l’heure où beaucoup trop d’acteurs-décideurs tiennent à les dynamiter. Pour la simple raison qu’ils restent une façon de voir et de concevoir la vie à 7 milliards de petits d’hommes encore basée sur des concepts que les Arabes en leur printemps (éphémère, durable, pérenne, peu importe...) ont ressuscités et magnifiés : liberté, égalité, fraternité, démocratie, justice, droit, loi, etc. Urgents parce qu’immémoriaux et immarcescibles.
Au Liban, cette francophonie et son véhicule linguistique ont une nature et un impératif autrement plus cruciaux : à l’heure où le Hezbollah, le CPL et les prosyriens rabâchent heure par heure, forts de l’arsenal illégal et désormais illégitime de leurs milices, l’intouchabilité d’une résistance qu’ils ont décidé de monopoliser et de diriger à l’aveugle contre tout ce qui ne leur convient pas ou qui ne fait pas les affaires de l’axe syro-iranien (l’État, l’égalité, la démocratie, le droit, la loi, la justice, l’ONU, Israël, les États-Unis, la communauté internationale, etc.), cette francophonie devient la contre-résistance ultime, idéale, presque unique. Pas seulement culturelle, loin de là : populaire, sociale, sociétale, économique aussi, et surtout politique.
En attendant des gouvernements à la hauteur de ce défi, parce que jamais la francophonie ne pourrait redevenir bandante, donc efficace, sans une véritable politique étatique, aussi impliqués que soient certains pans de la société civile et aussi résistante que soit une partie des Libanais, le Salon du livre francophone de Beyrouth ouvre ses portes. Même si, malgré les efforts parfois surhumains des uns et des autres, il est éminemment provincial, il n’en reste pas moins diablement nécessaire – un événement parmi cent autres, tout aussi indispensables, naturellement.
Et plus il est fréquenté, plus il le sera. Nécessaire.
Quarante-troisième semaine de 2011.Baby alone in Babylone. Année après année.Dans ce Liban-Babel où treize langues à la douzaine se superposent dans une même rue et où l’anglo-saxon, même au cœur des strates les plus antiaméricaines, domine de toutes ses largeurs : linguistique, sociétale, culturelle, etc, la francophonie est de moins en moins sexy. Les apparences sont...

commentaires (16)

André Jabbour, l'Astrophysicien, poète à ses heures creuses a quand même un lobe et il l'utilise. Mon commentaire sur l'anglophonie et quand est-ce qu'elle a commencé au Liban, vous a fait me traiter de fou, à moins, je le répète, que vous ayez oublié votre langue maternelle. Si vous m'auriez dit que vous ne saviez pas le sens en arabe, j'aurai accepté l'explication. Quand à parler de la Haine que vous portez à la famille Hariri, et l'Amour au GMA, sont des éloges, à ce que je sache, pour vous. Alors mon 1er commentaire n'avait pas franchi les frontières de la décence. Le vôtre l'avait fait. Je m'arrête là. Tirez vous même la conclusion... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

11 h 58, le 30 octobre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • André Jabbour, l'Astrophysicien, poète à ses heures creuses a quand même un lobe et il l'utilise. Mon commentaire sur l'anglophonie et quand est-ce qu'elle a commencé au Liban, vous a fait me traiter de fou, à moins, je le répète, que vous ayez oublié votre langue maternelle. Si vous m'auriez dit que vous ne saviez pas le sens en arabe, j'aurai accepté l'explication. Quand à parler de la Haine que vous portez à la famille Hariri, et l'Amour au GMA, sont des éloges, à ce que je sache, pour vous. Alors mon 1er commentaire n'avait pas franchi les frontières de la décence. Le vôtre l'avait fait. Je m'arrête là. Tirez vous même la conclusion... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    11 h 58, le 30 octobre 2011

  • - - À l'Astrophysicien du site , qui est aussi Poète à ses heures creuses , je réponds tout simplement et en toute courtoisie ; Qui s'y frotte s'y pique ! Evidement sans haine et sa rancune . Salut d'en bas , puisque les astres et les étoiles se trouvent en hauteur , mais pas celui qui les regarde ..

    JABBOUR André

    10 h 06, le 30 octobre 2011

  • André Jabbour, ma réponse, bien que vous m'avez insulté publiquement, n'est pas très sévère cette fois. Vous réalisez, certes, ce que vous avez dit de moi : A force de regarder les astres et les étoiles ... vous savez le sens de cette accusation ( en arabe ), à moins que vous ayez oublié votre langue natale. Alors ma réponse peut être considérée très modérée. Une autre fois, s.v.p. WZOUNE KALAMAK IZA MA BIDAK TISMA3 YALLI MA BYI3JIBAK ! Rentrez dans la logique lorsque vous vous adressez aux autres. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    08 h 48, le 30 octobre 2011

  • Et puisque vous vous adressez à moi, même sans me nommer, André Jabbour, je vous dis que la Haine c'est l'apanage des faibles. Elle est le pire des conseillers. Votre haine vous aveugle tellement que vous perdez le Nord presque toujours quand vous vous laissez guider par elle. Malheureusement, c'est presque toujours. Calmez-vous, mon ami, et ne laissez pas les sentiments vous emporter. Haine hystérique contre les Hariri ! Amour fanatique pour GMA ! De grâce ! usez du lobe dont Dieu vous a gratifié, sinon vous risquez de le perdre. De toute façon, j'ai vu dans les astres, puisque vous m'accusez de ça, que vos illusions se dilueront très bientôt... et, je vous plains sincèrement. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    08 h 37, le 30 octobre 2011

  • - - Il est vrai qu'à force de regarder les astres et les étoiles , certains finissent par tout mélanger et ne plus voir très clair ! C'est-ce que m'a dit un jour , un ami et éminent Ophtalmo . Ceci dit , j'attire l'attention de certaines personnes ICI , qui ont le don de tout mélanger , et de courir à sa rescousse , quand il s'agit de la sainte famille " intouchable " selon eux , pour des raisons connues et souvent inconnues ! Le Libanais , à de tout temps été trilingue depuis l'indépendance et même avant l'arrivée des Palestiniens et l'installation de " leurs " sociétés et leurs banques , ce qui n'a jamais empêché la langue Française de rester la Reine des langues au Liban , ce qui a souvent obligé ces derniers , de la parler pour faire chic et être accepté dans la société Libanaise ! Ce n'est en aucun cas , le Libanais qui a dû les suivre dans leur éducation Anglaise . L'anglophonisation du Liban à commencé avec Hariri et son entourage anglophone , qui ont réussi leur implantation avec les pétrodollars , après Taef , profitant de l'absence de l'élite et de la haute société Libanaise Francophone et trilingue , durant la guerre civile , VOULUE , financée et programmée pour cet effet " entre autre " .... Une bonne mise au point est nécessaire de temps en temps . Merci .

    JABBOUR André

    04 h 54, le 30 octobre 2011

  • Je me sens le devoir de corriger certains dires. En disant que l'anglophonisation a commencé avec la famille Hariri au Liban, on rigole de soi-même avant de rigoler des autres. Elle a commencé au Liban avec la venue des réfugiés Palestiniens en 1948 et après. Avec des Sociétés du type CAT et la Banque INTRA, et d'autres entités commerciales, toutes propriétés, directes ou indirectes, des Palestiniens. ( Certes, je ne parle pas des réfugiés des camps ). Nous apprenions l'anglais au Collège du Sacré Coeur à Jemeyzé dans les années 60/61. Nos plus grands frères et amis l'apprenaient déjà dans les années cinquante. Un très grand nombre de Libanais, médécins, avocats, ingénieurs, etc... sortaient diplomés de l'Université Américaine de Beyrouth dans les années cinquante et soixante. Anglophones, bien sûr. Où était la famille Hariri en ces temps ? Trêve de mensonges et d'hypocrisie ! Les gens ne sont pas des ignorantins, comme on le croit, pour gober de telles balivernes. La Haine est inconcevable à tel point... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    16 h 40, le 29 octobre 2011

  • - - Et je dirai même plus mon cher Kamel , que les Chiites d'Afrique Occidentale Française , et ils sont nombreux , sont tous Francophones et Francophiles , avec un bel exemple grandeur nature ICI , les deux cousins Kamel et Sélim , qui nous régalent chaque jour à leur façon , dans la très belle langue de Molière , sans oublier Ali of course , et bien d'autres .. L'anglophonisation du Liban à commencée dans les années 90 , avec Taef et la Famille Hariri , Solidere , Saoudi Oger , et toutes les autres sociétés qui ont mis la main sur le Liban et plus particulièrement , sur la capitale et le centre ville , connu sous le nom de Down Town , et des personnes bien connues qui gravitaient , et gravitent toujours , autour d'eux , bref , des nouveaux riches du Liban . C'est cette classe qui a gouverné le Liban et profité de toutes ces années d'après guerre , où les hommes d'affaires et l'élite Francophone et Francophile étaient absents ! Donc le champ était libre et fertile pour l'anglophonie importée du désert arabique , qui a petit à petit remplacé chez ces nouveaux riches , la Francophonie , qui elle , reste la langue parlée dans les salons et les cercles des familles ( Libanaises ) pures , et les plus fermés .

    JABBOUR André

    10 h 15, le 29 octobre 2011

  • Je ne sais pas si Ziyad Makhoul fait allusion à d'éventuelles velléités d'arabisation du pays, mais je ne suis pas d'accord avec cette idée de "contre-résistance". Le français se perd parce qu'il se pratique de moins en moins, francophones et francophiles ayant été nombreux à émigrer, mais reste néanmoins un bastion important de la culture au Liban. Et ce, contrairement à l'anglais qui s'est imposé de plain pied du fait que tout le business se fait dans cette langue qu'on charcute sans complexes parce qu'il faut aller vite en affaires et qu'on ne fait plus aucun effort pour bien s'exprimer et communiquer.

    Robert Malek

    06 h 33, le 29 octobre 2011

  • Vous imaginez le Liban sans la francophonie ? Elle fait partie de son visage qui serait alors déformé. Ce visage que l'on résiste tant pour que ceux qui veulent le changer n'y réussissent pas, car alors ce pays perdrait son âme même.

    Halim Abou Chacra

    05 h 56, le 29 octobre 2011

  • Beaucoup de plaisir à lire cet article où je me voyais déjà applaudir le choix du sujet et patatras vers la fin et seul André en fait la remarque, on associe le français à la résistance aux forces de résistance libanaise .Mais où allez vous chercher tout ça Ziad, le français est utilisé encore plus par les communautés que vous taxez anti raffinement et si au Liban ( sud) se trouve être la plus grande école française du Liban, c'est bien qu'il y a une raison. J'avais en son temps fait une proposition décente à une internaute que je regrette ne plus lire, et je vous la fait à vous , si vous pouviez avoir le temps de me suivre vous présenter des chiites francophones à temps plein et majoritairement pour la résistance armée du hezb, mais qui n'ont rien à voir avec le coté religieux. Cela vous bouchera un coin, foi de baby alone.

    Jaber Kamel

    05 h 18, le 29 octobre 2011

  • Ah oui Christian! Moi aussi je parlais de la litterature anglaise...

    Michele Aoun

    05 h 01, le 29 octobre 2011

  • Chère Michèle....je visais,non la vraie langue anglaise( j'adore Chesterton par exemple),mais cette espèce de novlangue,sabir épouvantable qui fait des ravages...

    GEDEON Christian

    04 h 47, le 29 octobre 2011

  • Je trouve que la langue anglaise est aussi belle que la langue francaise. Alors, pourquoi ne pas bien connaitre les deux?

    Michele Aoun

    03 h 27, le 29 octobre 2011

  • La mondialisation a permis à la puissance économique des États-Unis d'inonder la planète de ses produits et sous-produits culturels.Presque seule l’université française St Joseph de Beyrouth est entrain de relever le défi mais le français n' est plus pris pour langue de travail après les diplômes acquis . Concernant la politique locale et nos politiciens , il faut avouer que même dans les couloirs de l'ONU des diplomates espagnols, italiens ou français communiquent entre eux et malheureusement en anglais. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    02 h 59, le 29 octobre 2011

  • - - Mais que viennent faire le Hezb et le CPL dans les problèmes de la langue Française et le vieillissement de la Francophonie ? J'ai encore en mémoire lors du sommet Francophone qui se tenait en Roumanie , l'invitation adressée au PM Siniora et non , au Président de la République de l'époque et comme il se doit , pour représenter le Liban !!! Cette tâche noire et illégale , était due à l'ingérence flagrante du Prédécesseur de l'actuel locataire de l'Elysées , en faveur de " son " ami , et de ses amis qui l'entourent .. Mais bon , c'est du passé , comme les acteurs de l'époque ! Alors Vive la Francophonie , Vive la langue Française et Vive la France .

    JABBOUR André

    02 h 18, le 29 octobre 2011

  • Eh oui....la francophonie est un état d'esprit,en même temps âme et armure,culture et structure...elle ouvre des portes qui restent autrement cadenassées.Elle a pour terreau la finesse et la tolérance...le terreau venant à manquer,il n' y a rien d'étonnant à voir cet espèce de sabir anglo-saxon mondialisé prendre le dessus...il s'accomode tellement bien des maquillages ripolin,du "show of",du clinquant ambiants...à la beauté naturelle,l'anglo-saxon subsitue ce qui devient l'une de nos spécialités, la modification au bistouri,non pas du nez,des eins,des fesses,des lèvres...mais de l'esprit....le sabir anglo-saxon,c'est le botox de l'esprit....il fige!

    GEDEON Christian

    20 h 07, le 28 octobre 2011

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