Quilvest en quelques chiffres : ce sont 19 milliards d’actifs financiers gérés à travers le monde, dont quarante ans d’activité en private equity – depuis qu’il gère ce segment, qui consiste à prendre des participations directes dans des sociétés, il l’a multiplié par 15 en 10 ans, Et un pôle de trois banques européennes en France, en Suisse et au Luxembourg.
Ce sont 500 professionnels avec des filiales de plus de 4 500 employés et 11 bureaux à travers le monde, des investissements directs aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Belgique, au Pays-Bas, au Luxembourg, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Ukraine, en Chine, en Inde, au Mexique et en Malaisie. 17 programmes fonds de fonds et 75 investissements directs en 10 ans – tous rentables – et enfin 200 nouveaux investisseurs sur les cinq dernières années avec certaines familles et institutions parmi les plus prestigieuses en Europe, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Voilà pour les présentations... Derrière ces chiffres éloquents, un groupe créé par les Bemberg, une famille franco-argentine qui a bâti un empire à partir de la bière Quilmes en Amérique latine et une gestion réussie. Derrière cette gestion, depuis 2001, Fady Michel Abouchalache, diplômé summa cum laude d’un BS de Wharton School, University of Pennsylvania, et le seul étudiant, en 1993, à obtenir en même temps un MBA de la Harvard Business School et un MPA de la John F. Kennedy School of Government de Harvard. « J’ai beaucoup travaillé et j’ai beaucoup fait la fête ! » avoue-t-il en parlant de ces jours heureux.
Des racines et des ailes
Au collège Louise Wegman de Beyrouth dont il a usé les bancs et les cours de récré, les professeurs, raconte-t-il, avaient tendance à accompagner ses notes de la mention : « Bon mais indiscipliné ! » Fady Abouchalache a acquis, dans cet établissement auquel il reste très attaché la discipline et « une formation de leader. « Ce bagage nous a aidé à exceller », ajoute-t-il.
Le jeune homme va en effet en user au mieux. Après son départ du Liban à l’âge de 18 ans, il embarque pour les États-Unis et y passe... 18 ans. Sept années de fac puis des débuts professionnels dans le groupe de fusions et acquisitions de Tucker Anthony à New York, chez Booz Allen and Hamilton, Procter and Gamble et Banque Paribas, avant de devenir senior manager au siège bostonien de Bain and Company. « Venant d’une école francophone, je m’étais dit : le jour où je ferais du calcul mental en anglais, je me serais converti ! Il m’a fallu huit ans pour devenir anglo-saxon dans la tête. » Après les USA et avant la France à laquelle il se sent fondamentalement et culturellement attaché, Abouchalache fait un arrêt à Beyrouth, sans doute l’appel des racines. Il fonde Delta Capital avec ses partenaires Fadi Majdalani et Sami Khoury. L’escale sera de courte durée. « Je suis rentré au pays pour y introduire le private equity. Je voulais être un pionnier au Moyen-Orient, en Turquie et en Égypte. Mais ni le Liban ni le Moyen-Orient n’étaient alors prêts. Pas de stabilité économique et politique, de management talentueux et pas d’environnement légal apte à cette industrie. » En 2001, le regard tourné vers la France et une envie d’y vivre avec sa famille, il laisse le hasard faire – bien – les choses. Une opportunité, une rencontre, et le voilà embarqué dans Quilvest. À son arrivée, la société ne comptait que 100 collaborateurs et quatre bureaux dans le monde. Aujourd’hui, Abouchalache peut s’enorgueillir d’avoir réussi à faire passer les montants sous gestion de 300 millions à quatre milliards de dollars. « La beauté de mon métier, confie-t-il, c’est que ce n’est pas de l’abstrait. Nous construisons des sociétés. Le private equity est un croisement entre l’entrepreneuriat et la finance. J’ai fait beaucoup de stratégie dans mon parcours. On croit qu’on peut tout planifier, mais en réalité, tout est aléatoire. Je pense qu’il faut laisser beaucoup de choses au hasard. »
Citoyen « global » ravi de l’être, il se sent multiculturel, profondément libanais, français et américain, dans le désordre. Du Liban, il a hérité le sens des affaires, de la famille, de... la gourmandise. Des États-Unis celui des finances et de la France, la culture. Ses ambitions, des souhaits, « faire encore ce que je fais pour 6 à 7 ans puis, peut-être, revenir à l’académique. J’aimerais bien reprendre des études à Harvard ! » Fady Abouchalache, très attaché à ses racines, mais lucide, n’exclut pas un rôle futur pour son pays. « Nous sous-estimons souvent le bagage que nous avons quand nous avons grandi au Liban. Seul un petit pourcentage des nombreux talents a la chance de s’épanouir à l’étranger. Nous aurions fait plus si le pays offrait d’avantage de stabilité. Pour placer le Liban avant sa famille, conclut-il, il faut croire que le Liban va donner suffisamment à sa famille. Ce jour-là n’est pas encore arrivé... »
commentaires (2)
- - Je connais très bien la famille Abou-Chalache , mais pas Fadi ou Michel . C'est une famille bien connue pour les traditions et les valeurs qu'elle a reçue en héritage et qu'elle respecte et chérisse .. ! Je dis cela pour la simple raison que la photo de ce CEO en question , qui gère 19 milliards de dollars , ne correspond pas à la lignée de cette honorable famille que je connais , quand on regarde bien sa photo , où on peut voir deux choses , son visage avec ses yeux bleus , et .... le bas ou l'envers de ses chaussures , ses talons ou talonnettes anti pluie ... Big Zero . Quel dommage , ça détruit tout . Comme quoi la classe , ça ne s'achète pas ! C'est ça son bagage US .
JABBOUR André
06 h 40, le 05 janvier 2012