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Culture - Festival al-Bustan

Quand violoncelle et clavier jouent à la perfection...

Un autre moment exceptionnel à Beit-Méry. Le duo Gautier Capuçon au violoncelle et Jérôme Ducros au piano assume avec grâce et en toute aisance et maîtrise une prestation où deux musiciens, éminemment inspirés, flirtent ouvertement avec la perfection.

Un duo à l’osmose exceptionnelle.

Vêtus de costumes sombres, les deux musiciens, dont la complicité sur scène date depuis plus d’une bonne décade, entrent en scène sous les applaudissements. Cheveux longs jusque dans la nuque, coupe très Frantz Liszt pour le violoncelliste, avec une main droite à l’annulaire et à l’auriculaire bagués, et un pianiste au grand corps (lançant ses jambes en l’air pour ponctuer une chute de notes!) voué au rythme des cadences de ses longues coulées sur les touches d’ivoire.
En ouverture, pour un programme dense et sobre, serré comme un bon café «restretto», les lumineuses pages d’une Variation en ton mineur de Beethoven. Compagnonnage heureux du violoncelle et du piano, en petites phrases légères, aux touches fines et délicates, qui se serrent comme des vagues tissées de tendresse, de jovialité et d’espoir. Vagues aux crêtes blanches qui se bousculent comme un insouciant jeu d’enfants pour traduire l’esprit de la Flûte enchantée de Mozart. Papageno en quête de sa moitié... Un jeune homme qui recherche l’amour, tel est le fanion de cette variation pétillante de vie et joyeuse. Avec quelques nuages de mélancolie et de douce détermination...
Pour prendre le relais, la Sonate en mi mineur pour violoncelle et piano op 38 de Johannes Brahms. Trois mouvements (allegro non troppo, allegro quasi menuetto, allegro) pour une narration faisant la part belle aussi bien au piano qu’au violoncelle. La préférence de Brahms au clavier est si viscérale... Avec, toutefois, des moments d’oscillations pour l’un des deux instruments. Comme un cœur qui balance entre deux amours.
Sans domination de l’un sur l’autre, les deux musiciens restituent cette part de chant, de lied que Brahms tente d’introduire dans ses sonates toujours d’une veine fidèle à ce qui est populaire. Le deuxième mouvement en est une superbe illustration. Surtout avec cette mélodie qui chavire les sens en répandant comme un parfum enivrant ses accords riches et son tendre duel de cordes qui ferraillent à épées mouchetés sans jamais se perdre de vue.
Petit interlude et retour à Edvard Grieg. Pour le retrouver à travers son unique et somptueuse Sonate en la mineur op 36 pour violoncelle et piano. Le Chopin du Nord (surnom donné au compositeur norvégien) a écrit là un opus habité, passionnel, tendu, tourmenté, enfiévré.
Violoncelle et piano ont, à travers trois mouvements (allegro agitato, andante molto tranquilo, allegro molto e marcato), un affrontement et des apartés dissolvants. Sans répit, ils se répondent avec véhémence, se côtoient, s’aimantent, se rejettent, se magnétisent, se repoussent avec acharnement, presque avec violence.
Les moments d’accalmie, relativement brefs, sont rares, pour retourner à un feu ardent, éruptif. Lyrisme échevelé et d’un romantisme exacerbé pour cet opus virtuose dans ses envolées, ses soupirs, ses embardées, ses rêveries, ses bourrasques, ses accalmies.
Osmose, synchronisation et écart des deux instruments parfaitement maîtrisés pour une qualité supérieure du toucher, aussi bien du violoncelle que du clavier avec, en prime, non seulement une déconcertante perception des nuances, mais aussi une absolue netteté des sons.
Une fois de plus, Gautier Capuçon, allure de play-boy, avec ses cheveux rebelles qui se penchent sur le manche du violoncelle, les expressions d’un visage qui a la beauté d’une statue grecque et son talent éblouissant, a médusé les festivaliers du Bustan. On rappelle que c’est déjà sa seconde prestation sur ces mêmes planches et ceux qui l’ont déjà applaudi s’en rappellent encore.
Standing ovation pour les deux musiciens qui, avant de tirer la révérence finale, ont généreusement accordé un bis à l’auditoire. Loin des tourmentes et des effluves romantiques, ils ont interprété en un duo très soudé le sémillant, endiablé et très américain Ragtime de Scott Joplin (Walid Hourani dans ses concerts avait fait de ce morceau son cheval de bataille). Éclats jazzy et mesures festives où, entre deux compères qui s’en donnent à cœur joie à leur talent sur scène, la musique est brusquement devenue d’une contagieuse euphorie...
Vêtus de costumes sombres, les deux musiciens, dont la complicité sur scène date depuis plus d’une bonne décade, entrent en scène sous les applaudissements. Cheveux longs jusque dans la nuque, coupe très Frantz Liszt pour le violoncelliste, avec une main droite à l’annulaire et à l’auriculaire bagués, et un pianiste au grand corps (lançant ses jambes en l’air pour ponctuer une...

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