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Culture

Zad Moultaka et le voyage musical de Beyrouth à Paris

Après l’opéra de chambre arabe « Zajal » en 2010 et l’oratorio « La Passion selon Marie » en 2011, voici que s’est tenue à Paris la création mondiale de « Diptyques Paris-Beyrouth » de Zad Moultaka dont l’imagination foisonnante et la double culture sont toujours source de richesse et de créativité sans cesse renouvelée.

Des jeunes interprètes français et libanais pour une fresque multiple et ambitieuse.

C’est à l’initiative du festival d’Île-de-France, jamais à court d’idées pour favoriser la création musicale et encourager l’échange artistique et pédagogique entre l’Orient et l’Occident, que s’est développé ce projet extrêmement original: de très jeunes musiciens français et libanais ont, sur plusieurs mois, échangé des résidences entre Paris et Beyrouth autour de l’œuvre de Zad Moultaka et ce projet a vu son aboutissement se réaliser lors de ce concert.
Diptyques Paris-Beyrouth est une fresque multiple et ambitieuse. Cette œuvre qui mélange les voix, la poésie, les instruments et les sons fixés était magnifiquement portée par ces jeunes interprètes français et libanais entourés de prestigieux aînés, tels les ensembles Mezwej et
C Barré.
Dans la première partie, qui s’ouvre avec «Tu ne sais rien mon frère, de la nuit», poème poignant de Thomas Bernhard, cinq pièces de musique de chambre forment un tableau général sombre, douloureux et intense. Les musiciens de l’ensemble Mezwej, exceptionnels de vérité et de virtuosité, se parlent, se répondent, s’affrontent dans un mélange de sentiments exacerbés et de cris de colère, où la tristesse de l’exil et le fracas de la guerre sont toujours omniprésents.
Dans la deuxième partie, «Ené béki» (Je pleure), il s’agit d’une toute autre configuration. Cette pièce en forme de cantate sur un poème de Mahmoud Darwich réunit 36 instrumentistes, 18 choristes et une soliste, tous conduits par le père Toufic Maatouk, jeune chef de chœur et chef d’orchestre dont le charisme, la direction précise et la sensibilité servent admirablement le propos du compositeur. La voix fluide et bouleversante de la soprano Nadine Nassar révèle de somptueuses couleurs orientales que l’on ne lui connaissait pas jusqu’ici. Cette chanteuse à la voix de cristal qui vit à Varsovie enrichit depuis un certain temps son répertoire en y incluant les œuvres de compositeurs libanais.
Âme généreuse pour qui la transmission est essentielle, Zad Moultaka est un compositeur dont l’œuvre est marquée par une dualité constante. Riche et expérimentale, cette dualité mêle les langages musicaux, le populaire et le savant, le profane et le sacré, l’oriental et l’occidental, le traditionnel et le contemporain, et elle constitue toujours pour ceux qui la vivent, qu’ils soient interprètes ou simplement auditeurs, une expérience artistique et humaine hors du commun.
Ce voyage musical au cœur de l’œuvre de Zad Moultaka, dont on ne revient pas totalement indemne, nous démontre encore une fois les multiples facettes des musiques libanaises et leur rayonnement à travers le monde.

Zeina SALEH KAYALI
C’est à l’initiative du festival d’Île-de-France, jamais à court d’idées pour favoriser la création musicale et encourager l’échange artistique et pédagogique entre l’Orient et l’Occident, que s’est développé ce projet extrêmement original: de très jeunes musiciens français et libanais ont, sur plusieurs mois, échangé des résidences entre Paris et...

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