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Culture - Musique

Expérimentations musicales

Le trio beyrouthin Under the Carpet a présenté son premier album, l’occasion d’une performance remarquée sur la scène du Métro al-Madina.

Stéphane Rives.

Qu’il soit dans un bar, sur une scène ou dans un studio d’enregistrement, le trio tout neuf Under the Carpet ne délivrera jamais la même musique: ce qu’il fait est toujours unique. Avec des influences électroniques et pop dans leurs playlists, minimales dans leur nouveau disque (éponyme, produit par le label Ruptured) et expérimentales sur scène, il y a de quoi être surpris et saisir aussitôt qu’il y a là une belle bande de mélomanes qui sait ce qu’elle fait.
Sur scène, les branchements couvrent le sol à y perdre le public, mais eux maîtrisent évidemment leurs jouets, à tel point qu’ils se retrouvent parfois à quatre pattes devant leur siège pour tout avoir à portée de la main: laptop, iPad, pédales, etc. C’est ici que commence la performance: saturation des aigus du saxophone de Stéphane Rives, le Français, cordes pincées pour un son de goutte métallique sur la guitare de Fadi Tabbal, le Libanais, accompagnés de la basse lumineuse du Suisse Paed Conca.
Les rythmes sont rares, sporadiques, parfois irréguliers, et les structures sont complexes, indépendantes, comme si chacun des trois avait une logique et que l’expérience consistait à en former une symbiose. Si la performance est vraiment sans fioriture, jusqu’à une sobriété presque excessive, la maîtrise musicale est bien là.
L’ensemble – international donc – mène une musique presque planante, expérimentale sans être tâtonnante: une bande originale, plus magistrale qu’un film. La musique nous accompagne dans des souvenirs, des images. On sent véritablement une touche de musique filmique que l’on peut retrouver plus présente encore dans le disque, enregistré en live, justement, par segments, entre 2011 et 2012, au studio Tunefork Recording.
Le disque, logiquement, impressionne par sa finesse. Si la musique interpelle tout un chacun, si elle rappelle un peu la minimale des Dust Brothers par exemple, elle ne puise pas pour autant dans un registre particulier : elle est hors des cultures, teintée des influences très diverses des musiciens et structurée autour de la cohésion des trois complices.
Cet agencement unique de trois personnages, d’origines et d’horizons différents, revisite l’improvisation avec ce que l’électronique a de plus moderne : des sons inconnus, distendus, distordus, saturés ou compacts et parfois parsemés d’éclairs plus conventionnels, comme le son d’une clarinette, qui paraît comme un îlot de sécurité au non-initié.
De fait, l’innovation amenée ne peut être sans revers de médaille et s’installe un ésotérisme qui peut parfois, dans son manque de structure, s’apparenter à un dérapage, une perte de contrôle momentanée, certes, mais regrettable pour le spectateur qui peut parfois perdre le fil d’un concert dense, qui fut donc accompagné de discrets bâillements dans quelques coins de la salle.
Aucun des protagonistes n’en est à son coup d’essai, bien sûr : chacun compte déjà à son actif un paquet de collaborations avec, pour signature, une polyvalence et un penchant pour l’international admirables, mais celle-ci est particulièrement à souligner, l’accord est réussi, et l’ensemble nous fait passer un bon moment, une découverte pas évidente, de laquelle on sort musicalement grandi.

Plus d’informations sur le site du label www.rupturedonline.com
Qu’il soit dans un bar, sur une scène ou dans un studio d’enregistrement, le trio tout neuf Under the Carpet ne délivrera jamais la même musique: ce qu’il fait est toujours unique. Avec des influences électroniques et pop dans leurs playlists, minimales dans leur nouveau disque (éponyme, produit par le label Ruptured) et expérimentales sur scène, il y a de quoi être surpris et...

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