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Culture - Cimaises

Déroutant et talentueux, Gasiorowski investit la Fondation Maeght

Le 19 août 1986, « j’ai perdu un frère, un complice, et le monde de l’art un de ses plus grands peintres », dit Adrien Maeght de Gérard Gasiorowski, peintre à l’immense talent, méconnu du grand public, à qui sa fondation consacre une exposition à Saint-Paul-de-Vence.

Les « Stances », une œuvre panoramique dans laquelle le marcheur de Giacometti franchit une à une des chambres de peinture...

Sous le titre « Vous êtes fou Gasiorowski, il faut vous ressaisir... », la Fondation Maeght propose jusqu’au 26 septembre des travaux de l’artiste inconnus ou rarement montrés jusqu’ici.
Peintures sur toile, kraft, verre... Gasiorowski a expérimenté divers supports, tous représentés sur les murs blancs de la paisible fondation. Prolifique, multiforme, l’univers étrange de l’artiste maudit happe autant qu’il déroute. Seuls les désenchantés en ressortiront indemnes.
Le critique d’art Gilbert Lascault ne pensait pas autrement, voyant en Gasiorowski « le prêtre défroqué de la religion de l’art, de la passion de peindre ».
Né en 1930 à Paris, « Gasio » est mort d’un infarctus à l’âge de 56 ans. Décrit par son ami Jacques Monory comme « le plus peintre d’entre nous », il était cultivé, déchiré surtout. Son obsession : ne pas céder au conformisme. « Je me tiens assez bien je crois hors des convenances sociales et de ses fosses communes », estimait-il en 1983.
L’artiste français commence à peindre en 1951. Mais cesse deux ans plus tard, pour ne reprendre le pinceau qu’en 1964. Selon le directeur de la fondation, Olivier Kaeppelin, cette absence lui a permis « de maintenir son désir d’être au monde, de se mêler aux significations, aux traces d’une société ».
Gasiorowski regrettait que les créations contemporaines ne soient trop souvent que l’affirmation d’un ego. Raison pour laquelle il trouve toutes sortes d’expédients pour signer ses toiles de manière décalée.
« Le nom du peintre en face d’une peinture, considère-t-il, est une sorte de vol et de scandaleuse présomption (...) Il n’y a rien à voir, à s’approprier, de la même façon que l’on ne peut pas être propriétaire d’une certaine partie d’un fleuve, le fleuve emporte le fleuve, la peinture emporte la peinture. »
Dans les années 1960 et 1970, il privilégie un extrême précisionnisme : ses œuvres, en noir et blanc, sont quasi photographiques. Ainsi cette fillette nue qui saute à la corde ou le portrait de cet homme au regard déconcertant. Photo ?
Peinture ? La proximité est troublante.
C’est avant l’explosion des couleurs. « La toile et le tableau disparaissent au profit d’une peinture qui s’échappe des procédés et des règles », analyse la fondation. Gasio se lance alors dans une critique radicale de l’art occidental, considéré comme un objet de marché. Il va jusqu’à travailler avec ses propres excréments.
En 1980, Adrien Maeght devient son ami et galeriste. « Nous avions le même âge, 13 jours de différence », se souvient avec émotion le « galérien », comme Gasio se plaisait à l’appeler : « Nous avions les mêmes goûts : préférant Léger à Picasso, Léautaud à Aragon, Citroën à Lada, le bordeaux au bourgogne... » L’octogénaire se le rappelle « facétieux », « souvent caustique » mais « jamais malveillant ».
Chez Gasiorowski, point de futilité. « La peinture, disait-il, je la veux grave. Elle est grave parce que le propos que je tiens est grave. C’est grave de peindre. Voyez Van Gogh. »
Présentées pour la première fois dans leur intégralité, les « Stances » (1986) constituent sans nul doute le clou de l’exposition. Sur cette œuvre panoramique, longue de 40 mètres, le marcheur de Giacometti franchit une à une des chambres de peinture, guidé par un chemin médian composé de feuilles d’or. Hypnotisant.
Sous le titre « Vous êtes fou Gasiorowski, il faut vous ressaisir... », la Fondation Maeght propose jusqu’au 26 septembre des travaux de l’artiste inconnus ou rarement montrés jusqu’ici.Peintures sur toile, kraft, verre... Gasiorowski a expérimenté divers supports, tous représentés sur les murs blancs de la paisible fondation. Prolifique, multiforme, l’univers...

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