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Culture - Livre

« Aycha » ou le retour de l’archétype féminin

Un roman et un personnage mythiques dans la littérature universelle. « Aycha » de Henry Rider Haggard revient en force au-devant de la scène, en devanture des librairies.

Regard sur un opus de fiction délurée qui (re)modèle et sculpte la vision et la perception d’être femme, en un siècle où les filles d’Ève, plus que jamais, sont dans l’arène du combat au nom de la liberté et de l’amour.
Un auteur aujourd’hui un peu mis sous le boisseau que Sir Henry Rider Haggard, ami de Rudyard Kipling, mais aussi généreux inspirateur de nombreuses séries télévisées ainsi que d’excellents films d’aventures dont ceux de la pellicule culte d’Indiana Jones de Steven Spielberg et Georges Lucas. Sans parler de Deborah Kerr et Stewart Granger (Les mines du roi Salomon, de Compton Bennett et Andrew Marton) et de la plantureuse Ursula Andress qui a incarné justement cette mythique « Aycha », archétype féminin (d’après Carl Gustav Jung) qui sommeille depuis plus de deux mille ans en attendant l’amour.


Et voilà que dans la débauche de livres qui paraissent actuellement (mais tout le monde écrit !), la réédition d’Aycha de Sir Henry Rider Haggard (collection Terre de brume, 262 pages, traduction de l’anglais en français de Marcel Benoît et planches illustratives de Maurice Greiffenhagen) est en devanture des librairies.


Aycha, Le retour d’Elle de Haggard propose un voyage exotique aux lecteurs. Un voyage comme on n’en fait plus à l’ère de l’Internet et du smartphone car la Terre, depuis, est devenue un petit village qu’on met facilement en poche. Mais petit retour en arrière pour situer auteur et texte.


Né dans le comté de Norfolk en 1856 et mort à Londres en 1925, Henry Rider Haggard appartient à ces littérateurs britanniques qui ont connu l’empire colonial et qui, sans abdiquer à leur supériorité européenne, avaient toutefois une certaine sympathie (et on n’exclut pas aussi une certaine condescendance) pour les habitants des régions qu’ils gouvernaient et pompaient sans ménagement. D’où une littérature ambivalente, exotique pour l’époque, avec un zeste d’humanisme à travers des aventures qui mettaient en valeur des protagonistes de tous crins, mais donnant toujours le beau rôle, non aux Africains ou aux Asiatiques, mais aux Européens... Et « Aycha », figure emblématique de la féminité et de la séduction, est un des exemples les plus éloquents.


Mère poète et romancière et père avocat (bon sang ne saurait mentir), Haggard a dûment hérité des gènes de ses parents car sa profession d’avocat cédera largement la place à celle d’écrivain. Place d’ailleurs qu’il défendra âprement en écrivant, en toute jubilation et exaltation, plus de trente opus de fiction. Ouvrages populaires à l’écriture un peu maniériste et quelque peu précieuse (plus personne n’écrit plus comme cela de nos jours !) qui obtiendront les faveurs du public, mais un peu moins celles de la presse et de la critique.


Si les lecteurs, à travers les massives productions littéraires lâchées sur le marché, ont perdu de vue cet auteur, le cinéma et la télévision l’ont encore parfaitement à l’œil et vont piocher des mines d’or dans ses pages palpitantes de vie.


À titre d’exemple, on cite quelques cinéastes, Georges Méliès, Edwin Porter, Gordon Edwards, Alvin Rakoff, Stephen Norrignton, et plus proche de nous, et on l’a déjà dit, Spielberg et Lucas, lui doivent beaucoup de l’inspiration de leurs scripts et images.


Ici c’est dans les neiges éternelles du « toit du monde », entre lamaserie et temples perdus comme des Shangrila de mirage, dans ce Tibet de carte postale, presque imaginaire (Haggard l’écrit même, pour désorienter un peu le lecteur, Thibet !), que « Aycha », cœur battant et centre de mire d’un conte fantastique, est objet à d’invraisemblables et rocambolesques aventures et mésaventures. Sans jamais perdre son inaltérable et magnétique pouvoir de séduction et sa foi en un amour dévorant.


Fascination absolue pour une image de rêve obsédant, mythe de la féminité (cité aussi par Freud), Aycha est aujourd’hui un roman de curiosité. Mais par-delà toute la poussière du temps et les grosses ficelles de la narration, on ne boude pas facilement le plaisir de le parcourir.

« Aycha » de Henry Ridder Haggard est en vente à la librairie al-Bourj.

Regard sur un opus de fiction délurée qui (re)modèle et sculpte la vision et la perception d’être femme, en un siècle où les filles d’Ève, plus que jamais, sont dans l’arène du combat au nom de la liberté et de l’amour.Un auteur aujourd’hui un peu mis sous le boisseau que Sir Henry Rider Haggard, ami de Rudyard Kipling, mais aussi généreux inspirateur de nombreuses...

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