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Culture - Exposition

Mazen Fayad dans le « boudoir » des femmes

Un boudoir, quel mot désuet ! Et pourtant cela exprime très bien la démarche photographique intimiste qui s’inscrit dans la continuité du travail de ce metteur en scène de profession amoureux du corps féminin. Mazen Fayad expose à la galerie The Running Horse jusqu’au 25 juillet.

« In the Corner », un flou qui en dit long.

Colette KHALAF

 

Une silhouette qui passe, une ombre qui se dessine, et voilà que Mazen Fayad se retourne, observe et dégaine son appareil photo ou peut-être son mobile et capte le moment, l’instantané. C’est diriez-vous plus qu’habituel et très commun, mais ce que Fayad offre à voir d’inhabituel et de non commun, c’est qu’il s’attarde uniquement aux corps en offrant un visage flou du modèle (qui n’en est pas d’ailleurs un) et qu’il applique la méthode «Floyd Steinberg algorithm dithering». Cette démarche a séduit la jeune galeriste Léa Sednaoui qui a voulu à tout prix exposer la série de photos. «Il y a, dit-elle, trois catégories de clichés : sur scène, dans les coulisses, ou encore dans l’intimité de la femme.»

Retourner à l’essence du pixel
Cette femme qui, sans poser, se laisse aller à ses gestes quotidiens, semble évoluer dans une bulle à la fois transparente et opaque. On devine ses mouvements, on guette ses gestes et plus on s’éloigne de la photo, plus elle devient floue alors qu’en observant de près, les détails apparaissent, la perspective aussi. Pour ce faire, le photographe a employé une technique «vieille comme le monde», dira-t-il, «comme le monde de la photo», ajouterons-nous. Ainsi, ce cliché, filtré par la machine du fax, lui donne tout son mystère, son flou, son aspect énigmatique.
Le réalisateur de spots publicitaires établi auparavant à Londres, récompensé plusieurs fois par des concours internationaux et actuellement travaillant entre le Liban, les États-Unis et l’Angleterre, réalise ce travail depuis plus de sept ans. Cet exercice, voire cette passion, est un peu son boudoir à lui. Son antichambre intime. «On ne sait pas pourquoi, signale-t-il, on entreprend un jour une démarche artistique. Cela vient spontanément, mais par la suite, on en découvre les raisons enfouies.»
Ce travail remonte à la volonté de Fayad de capter l’image d’une femme à l’état brut, «quoi donc de plus brut que de revenir à l’analogue du digital, c’est-à-dire à la méthode de l’algorithme de Floyd-Steinberg qui rend l’image pixellisée, granulée, voire brodée». Les photos en noir et blanc grand format projettent des allures fantomatiques, évanescentes. En dessinant des arabesques dans l’ombre, les corps parlent et racontent des histoires. «Peu importe le visage, une silhouette de femme est toujours belle», avoue Mazen Fayad qui capte ces moments instantanés en tous lieux et qui semblent cependant hors cadre et hors temps. Un moment sacré arraché à l’extérieur et qui devient, par cette approche, intimiste et très intérieur.

* The Running Horse, Quarantaine. Tél : 01/562778.

Colette KHALAF
 
Une silhouette qui passe, une ombre qui se dessine, et voilà que Mazen Fayad se retourne, observe et dégaine son appareil photo ou peut-être son mobile et capte le moment, l’instantané. C’est diriez-vous plus qu’habituel et très commun, mais ce que Fayad offre à voir d’inhabituel et de non commun, c’est qu’il s’attarde uniquement aux corps en...

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