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Culture - Festival Bipod

Carolyn Carlson, cinquième élément

Trois tableaux ou plutôt trois histoires sont présentés au cours de la performance baptisée « Short Stories/Islands » de Carolyn Carlson qui a donné à voir au Madina, avec le soutien de l’Institut français, 60 minutes de poésie visuelle.

Céline Maufroid danse avec le vent. Photo Hassan Assal

Née en 1943 (oui, cette sacrée bonne femme a presque soixante-dix berges et une silhouette de jeune fille!), Carolyn Carlson collabore dès 1974 avec le ballet de l’Opéra de Paris en qualité de chorégraphe-étoile. En créant son solo mythique Blue Lady, en 1983, et plus de cent pièces chorégraphiques qu’elle aime qualifier de poésies visuelles, elle contribue à effectuer un tournant dans la danse en Italie et en France. Depuis 2004, elle dirige le Centre chorégraphique national Roubaix Nord-Pas-de-Calais. Carlson avoue que, depuis qu’elle a découvert le bouddhisme, son parcours a totalement changé. Sérénité, esprit zen et épuré à tous les niveaux sont les clefs essentielles de sa vie et de son travail.
Les performances de Carolyn Carlson se sont toujours articulées sur une écriture stylistique particulière. Comme si la danseuse chorégraphe voulait écrire des histoires avec son corps. Dans ces «short stories», elle évoque en une calligraphie corporelle la relation intime de la femme avec les trois éléments: l’eau, l’air et le feu. Le mouvement est économe, le geste épuré, mais les images abondantes. En effet dans la première partie qui dure dix-huit minutes, Carolyn Carlson fait immersion dans l’eau. Sur une musique originale de Nicolas de Zorzi, telle une Vénus contemporaine sortie des eaux, la danseuse se fait vague, gouttelette de pluie ou encore jet d’eau. Dans un second solo, et toujours sur fond de musique de Zorzi, le vent soufflera durant huit petites minutes aériennes dans les pans de la robe évanescente de Céline Maufroid. L’air renverse ses cheveux comme les branches d’un arbre qui plie sous le vent et le geste est large, éventé.

Dans le cercle ouvert de l’esprit zen
Quant au troisième solo intitulé Mandala et interprété par Sara Orselli, il est purement d’inspiration bouddhique. Ici, le temps de la vie prend la forme de l’enso (cercle en japonais) qui est un symbole zen de l’absolu, la nature véritable de l’existence et de l’illumination. Dans ce simple cercle tracé d’un coup sec, Orselli évolue d’une manière d’abord lente, jusqu’à l’étouffement (bienheureux les patients car ils seront récompensés!), puis par la suite syncopée et saccadée. Les premières minutes sont donc oppressantes, à la limite de la torture sous la musique – à l’allure de sirènes sifflant dans la nuit – de Michael Gordon-Weather. Mais au fur et à mesure que la danseuse franchit le cercle d’illumination, ses gestes deviennent hypnotiques. Le regard de l’audience est accroché à chaque articulation du corps (superbe!), qui ébauche des circonvolutions dans l’air. On peut même sentir le souffle coupé du public.
Sara Orselli sous un halo de lumière dessine des mouvements contraires au cercle qui semble tournoyer comme un microsillon. Elle incarne par ses gestes corporels en soliloques le combat perpétuel de l’âme et invite l’audience à pénétrer dans ce cercle qui se laisse entraîner presque inconsciemment. Trois performances qui se sont inscrites avec style et en touchant tous les sens dans la recherche spirituelle de l’âme.
Née en 1943 (oui, cette sacrée bonne femme a presque soixante-dix berges et une silhouette de jeune fille!), Carolyn Carlson collabore dès 1974 avec le ballet de l’Opéra de Paris en qualité de chorégraphe-étoile. En créant son solo mythique Blue Lady, en 1983, et plus de cent pièces chorégraphiques qu’elle aime qualifier de poésies visuelles, elle contribue à effectuer un tournant...
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