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Culture - Liban Jazz

Le lion du rasta n’est pas mort

Sous un nuage de fumée, le Music Hall a vibré (en ondes positives et en « jammin ») avec The Wailers, dans un hommage délirant au King indétrônable du reggae, Bob Marley.

Des chants qui sont à la limite de la transe et très énergiques. (Photo Houssam Mchaiemch)

Si le succès d’un concert se mesure à l’affluence qu’il enregistre, au nombre de rappels, au fait que la salle entière se trouve debout à danser et à chanter à l’unisson, et aux sourires (presque béats) accrochés aux lèvres d’une grande partie du public, alors oui, celui servi par The Wailers au Music Hall était une belle réussite. Une grande même.
20h45. Sur l’esplanade du centre Starco, une belle foule bigarrée. La billetterie affiche complet, mais d’inconditionnels retardataires attendent de pied ferme une «éventuelle place libre». À l’intérieur, les grands gorilles musclés font les sentinelles, oreillettes à l’appui. On sent d’ores et déjà une énergie particulière qui envahit la salle. Cette même énergie de taper du pied et hocher la tête. Qui vous propulse debout et fait tanguer vos hanches.


Bob Marley a des fans de tous les âges, de toutes les conditions sociales et de toutes les couleurs. Au Music Hall, les dreadlocks, les bonnets rasta, les jeans overseize et les foulards aux couleurs de l’Éthiopie (vert, rouge, jaune), terre natale de la religion rastafari, côtoient les mèches bien «brushées», les petits pulls en cachemire BCBG et les PRN (petites robes noires) avec talons aiguilles. Mais tous, absolument tous, cultivent apparemment l’esprit du «Jah Love».
Cela fait trente et un ans que le raggeaman, le lion du rasta, est mort. Mais quelques-uns de ses anciens comparses, réunis par un des membres fondateurs des légendaires Wailers, Aston «Family Man» Barrett, se sont ainsi trouvés à Beyrouth dans le cadre d’une tournée mondiale.


Family Man, ainsi surnommé parce qu’on lui prête plusieurs dizaines d’enfants, est considéré comme le plus important bassiste de l’histoire du reggae. Le groupe revisite les standards de Bob Marley and The Wailers et apporte un nouveau souffle à chaque show en transportant l’esprit «One Love». «L’important, c’est de bien rendre l’esprit des chansons de Marley», aime à répéter Danglin, chanteur de l’actuelle formation.


Ils sont six sur scène, dont deux choristes. Une scène dont le fond est tagué de motifs psychédéliques avec, en grand, l’effigie du King Marley.


Le concert bat son plein, la musique est entraînante, la guitare saturée se marie très bien avec la batterie très rythmée.
Les chants sont à la limite de la transe et très énergiques, marqués du sceau du rastafarisme et de la rébellion.
Une musique aux roots mystiques. Des paroles qui charrient la pulsation rythmique de la Jamaïque (île natale du regretté Bob), de son violent climat politique, mais qui est aussi porteuse d’une dimension mystique indéniable.
Des paroles luttant contre la pauvreté sur Burnin & Lootin, œuvrant pour la paix avec War et No More Trouble, sans oublier l’importance de la spiritualité avec Natural Mystic, de l’amour avec Is this Love ou No Woman No Cry et encore la paix, l’unité, la justice sociale, le dénuement, l’histoire des peuples africains...
«Beiruuuut, hurle le chanteur, get up, stand up.» Tout le monde obéit.


Avec I Shot the Sherif, Rastaman Vibration, Positive Vibration et Jamming, les centaines de spectateurs sont debout et «jammin’».


«Le reggae ne se danse pas, il se fume », dit un vieux dicton. Avec les gros nuages de fumée qui trônaient au-dessus des têtes ce soir-là, l’on peut dire qu’il s’est fumé (de la nicotine, du moins) mais aussi bien dansé.
Redemption Song, très touchante, après maintes bis, vient clôturer un hommage sensible à un être insaisissable, à l’idole de plusieurs générations.


Le premier concert 2012 de Liban Jazz et Elefteriades Production place la barre assez haute. Attendons voir si la suite sera de la même veine. En tout cas, on l’espère bien.

Si le succès d’un concert se mesure à l’affluence qu’il enregistre, au nombre de rappels, au fait que la salle entière se trouve debout à danser et à chanter à l’unisson, et aux sourires (presque béats) accrochés aux lèvres d’une grande partie du public, alors oui, celui servi par The Wailers au Music Hall était une belle réussite. Une grande même.20h45. Sur...

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