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Culture - Exposition

Entre terre et ciel, le voyage intérieur d’Arcangelo

Vingt toiles (mixed média, tempera et craie de cire) et douze œuvres sur papier signées Arcangelo à l’Espace Kettaneh-Kunigk (Tanit) pour parler, entre ciel et mer, de la pulsation d’un voyage intérieur dédié à Beyrouth. Vision picturale où, par-delà les simples images empreintes de l’innocence de l’enfance, vibrent toutes les particules d’une certaine vie levantine et méridionale.

Beyrouth vue par l’artiste.

À cinquante-quatre ans, Arcangelo, peintre du sud de l’Italie vivant au Vénévent, non loin de Naples, et fortement impressionné par les éructations du Vésuve, lâche les laves de son pinceau pour une exposition appelée «Beyrouth». Beyrouth rêvée et sentie, mais encore jamais vue... Une terra libanese au tracé d’un art africain, presque primitif... Mais aussi étape importante pour Arcangelo qui, des galeries de Munich et de Cologne, fête aujourd’hui, comme un retour aux sources, ses quarante ans de collaboration avec Tanit.
Et sous les spots de la galerie, rue Clemenceau, se déploient des images aux couleurs de la terre avec, pour fond de toile, des treillis représentant le tissu humain. Une sorte d’étoffe qui a toutes les allures d’un grillage, tissée au gré d’une main patiente qui trace inlassablement les fils de la vie. Avec, pour tout équilibre, des masses sombres ou des zones bleutées, plages d’évasion et de respiration, pour quelques points rouges symbolisant des coins d’ignition, foyers palpitants où le feu réchauffe le cœur et la vue. Et de grands écheveaux de filaments noirs comme des cerfs-volants dans le firmament, filandreux et flasque comme un polype marin ou une méduse qui épouse en toute grâce et légèreté la forme des vagues et de l’eau qui fuit.
Poésie certaine (Arcangelo est un fervent lecteur d’Aldo Merini et de Dante), avec la sobriété et la clarté des titres (en italien, Notte qui arriva, Notte lunga e araba) pour cet univers marqué par des minarets, des croissants, des croix, des dômes d’églises, des étoiles et des galaxies (lointaines ou proches) où s’assemble un grouillement d’histoire, de communautés et de vie. Images au symbolisme évident, aux rythmes soutenus mais syncopés tout comme cette musique des batteries et du jazz (dévotion singulière à Paolo Conti) que l’artiste affectionne tant.
Pour sa première visite en terre des cèdres, Arcangelo, dramaturge du noir, conquis et charmé par la population libanaise qu’il trouve guère stressée (?!), est impressionné par Byblos (comment en serait-il autrement pour celui qui vit hanté par les ruines de Pompéi) et confesse, sans états d’âme, s’il y a à refaire cette exposition intitulée «Beyrouth» le tir serait à revoir, à réajuster, à modifier pour certains points... Cependant l’essentiel est perçu!
Mais qu’à cela ne tienne, car Arcangelo a eu le pressentiment et la prémonition justes. Avec cette lumière, cette luminosité, ces détails jaillis de l’imaginaire et des échos d’un voisinage méridional, même à très longue distance, ces images frappent le visiteur. Et le tirent par la manche de la chemise comme ces amis qui veulent absolument montrer ou dire quelque chose. Quelque chose d’important et d’essentiel dans le cours précipité du moment.
Images éloquentes, par-delà leur aspect faussement chaotique ou brouillon, par cette voix si discrète, si pudique, mais suave et candide de l’enfance. Cette enfance qui sommeille en chaque artiste, comme le souligne Arcangelo en se référant à Matisse.
À cinquante-quatre ans, Arcangelo, peintre du sud de l’Italie vivant au Vénévent, non loin de Naples, et fortement impressionné par les éructations du Vésuve, lâche les laves de son pinceau pour une exposition appelée «Beyrouth». Beyrouth rêvée et sentie, mais encore jamais vue... Une terra libanese au tracé d’un art africain, presque primitif... Mais aussi étape...
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