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Culture - Exposition

Sabhan Adam, sur le chemin de l’espérance...

Sur les cimaises de la galerie Mark Hachem, Sabhan Adam déroule son habituelle galerie de portraits d’êtres difformes et «anamorphiques». Mais cette fois, il a glissé parmi eux des représentations plus délurées de figures de contes pour enfants.

Une toile dédiée au printemps arabe.

À l’approche de la paternité, sa vision pleine de noirceur s’est légèrement adoucie. La femme de Sabhan Adam porte leur premier enfant. Et cet heureux événement se traduit dans la peinture de cet artiste – connu pour représenter la désespérance du monde à travers ses figures de monstres humains – par l’irruption d’un nouveau genre de personnages sautillant sur des fonds rouges éclatants de vie et inspirés, ceux-là, de contes pour
enfants!
Certes, la majorité des techniques mixtes sur toiles (grands formats) ou sur carton (dimensions moyennes et carrées), qu’il accroche jusqu’au 16 février chez Mark Hachem, restent dans la lignée de ses précédents portraits d’êtres hybrides, d’hommes-larves aux faciès distordus, aux traits glauques, charbonneux, souvent outrageusement dédoublés... Et cependant, il y a quelque chose d’adouci dans leurs regards, leurs expressions affligées, leurs silhouettes aux difformités désormais cachées sous une sorte de cape ou de abbaya sombre... Et puis, même si Sabhan Adam les place toujours sur des fonds irrémédiablement noirs, il les «maquille» désormais de touches de couleurs vives, les habille de broderies et paillettes et leur couvre la tête de coiffes hautes et richement brodées, évoquant des mitres
d’évêques.
Cette atténuation de la noirceur, entamée depuis ses deux dernières expositions, exprime moins un assouplissement dans sa représentation du cauchemardesque que la volonté de l’artiste de mettre l’accent sur «la magnificence et l’apparat qui dissimulent souvent la plus abjecte laideur», disait-il au cours d’une interview l’an dernier. Avant d’ajouter: «L’art révèle le caché et met les idées sur le bon chemin.» Impossible de ne pas relier ces propos à l’actualité sanglante de la Syrie.
L’art est fils de son temps, dit-on. Celui de Sabhan Adam est certainement le fruit de son époque. Mais aussi de sa terre. Au sens littéral du terme, car l’artiste syrien a longtemps mélangé ses pigments à du goudron et à une sorte de tourbe extraite de sa terre natale située aux confins de la Syrie rurale. Au sens figuré ensuite. Parce que ses figures récurrentes d’êtres disgracieux, torves et misérables ne sont que les représentations de ces êtres «simples, honnêtes, frustres, broyés par la monstruosité d’un système cupide, asservissant, régi par les luttes de pouvoir et de profit».
Dans ses toiles les plus récentes, le peintre syrien a ainsi placé ses personnages au centre de cercles calligraphiques reprenant des couplets de poèmes du XIXe siècle! Une introduction de la poésie – ajoutée à la série de toiles puisées de l’imaginaire enfantin – qui serait comme un nouveau réveil à la beauté du monde, un retour de l’espérance...

* Mina el-Hosn, rue Salloum, imm. Capital Gardens, bloc B. Horaires d’ouverture : du lundi au samedi, de 10h à 19h. Tél. : 01/999313.
À l’approche de la paternité, sa vision pleine de noirceur s’est légèrement adoucie. La femme de Sabhan Adam porte leur premier enfant. Et cet heureux événement se traduit dans la peinture de cet artiste – connu pour représenter la désespérance du monde à travers ses figures de monstres humains – par l’irruption d’un nouveau genre de personnages sautillant sur des...
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