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Culture - Exposition

Vous, nous... et les autres

Michèle Assaf Kamel s’inspire de l’actualité brûlante pour façonner ses œuvres en céramique. Ses « Interdépendances » (Espace Kettaneh Kunigk) proposent une réflexion sur les relations conflictuelles, mais inévitables entre le nous et les autres.

Michèle Assaf Kamel et sa pièce emblématique intitulée « Nahnou ».

Les premières caractéristiques qui frappent le visiteur de la galerie Kettaneh Kunigk (Tanit)* sont sans doute les blocs de parpaings qui servent de piédestal aux œuvres en céramique de Michèle Assaf Kamel. Rugueux, bruts, ils dynamisent l’espace aménagé en un grand rectangle. Ces pierres qui ne vont pas sans rappeler, dans leur entassement, les check points ou autres constructions improvisées et précaires du temps de la guerre pour combler diverses béances occasionnées par les bombes. Funeste rappel, en effet. D’autant plus qu’elles pourraient, aussi, symboliser la séparation (et ses murs). Mais, comme toute chose a un bon côté, ces murailles peuvent également signifier la (re)construction, ou une base solide sur laquelle on peut bâtir un avenir. C’est donc sur ces empilements que la céramiste a apposé ses œuvres, entre vases, bols et chaussures presque aussi vraies que nature (en hommage à la fameuse toile de Van Gogh, mais aussi clin d’œil évident aux diverses utilisations du mot chaussure dans le vocabulaire politique libanais). L’on reconnaît également en vrac : des téléphones mobiles, emblèmes par excellence du printemps arabe, avec leur caméra témoin des révolutions ; ou encore des aubergines (symboles de l’unité dans la diversité).
Mais si l’artiste ne devait retenir qu’une seule pièce de cette exposition, ce serait, dit-elle, celle qu’elle a intitulé Nahnou. Deux blocs dont les côtés façonnés en grandes dents de crocodile s’emboîtent les unes dans les autres. « Elle illustre le dilemme du “nahnou” (nous) et du “antoum” (vous) », précise Assaf Kamel. Ce fameux thème du nous et des autres, si riche que l’on ne sait par quel biais l’aborder. « L’emboîtement de mes œuvres illustre un engrenage, une situation, des circonstances dont on ne peut se défaire. On ne peut pas annihiler l’autre. Comme dans ce bloc de constructions où chaque pièce fait partie d’un tout. »
Sur le premier bloc, elle a en effet calligraphié la lettre arabe « noun » (pour nahnou), alors que sur l’autre l’on peut lire la... même lettre « noun »... « Je » est un autre, disait Rimbaud.
L’œuvre de Kamel nous invite donc à regarder l’autre, à l’aborder, à l’accepter. Inspirée par l’actualité brûlante, les images des nouvelles, la situation régionale et le cloisonnement grandissant dans nos sociétés, Michèle Assaf Kamel propose là une réflexion sur la diversité, sur la communication, sur la dépendance perpétuelle et, enfin, sur la remise en cause de la coexistence inévitable entre les communautés formant la mosaïque libanaise.

* Espace Kettaneh Kunigk (Tanit), Clemenceau, centre Gefinor, bloc E. Tél. : 01/738706. Jusqu’au 28 janvier. Du lundi au vendredi de 13h à 19h et samedi de 12h à 17h.
Les premières caractéristiques qui frappent le visiteur de la galerie Kettaneh Kunigk (Tanit)* sont sans doute les blocs de parpaings qui servent de piédestal aux œuvres en céramique de Michèle Assaf Kamel. Rugueux, bruts, ils dynamisent l’espace aménagé en un grand rectangle. Ces pierres qui ne vont pas sans rappeler, dans leur entassement, les check points ou autres...

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