Le concert s’est tenu dans le hall du musée, dans un décor entièrement blanc et crème, comme si l’on avait voulu que Samar Salameh apparaisse dans sa robe rouge comme un rubis dans son écrin. C’est elle, d’ailleurs, qui a choisi le répertoire. La soprano a souhaité répondre pleinement à la commande du Musée pour que ses interprétations épousent le lieu. Il fallait de grands noms de femmes pour s’accorder aux sculptures antiques et à l’escalier monumental qui entouraient la fanfare et la chanteuse. Samar Salameh a donc choisi de donner vie à Alceste et Cléopâtre dans les extraits de Da Tempeste de Handel, et la Divinité du Styx de Gluck. Les musiciens désiraient faire correspondre à chaque monument un air et un personnage historique. Par exemple Hanna al-Sekran de Feyrouz devait célébrer la statue de Silène, dieu personnifiant l’ivresse dans la mythologie grecque.
Le but de ce concert était donc de rendre hommage au patrimoine libanais en général: celui qui appartient à ses musées mais aussi son patrimoine national immatériel. Samar Salameh a ainsi interprété trois œuvres issues du répertoire feyrouzien, désormais répertoire folklorique libanais. Mais la soprano qui partage sa vie entre la France, le Liban et les nombreux pays où elle se produit a souhaité se séparer de la technique de Feyrouz. Devant le grand nombre d’imitations de l’artiste, elle a préféré chanté ses œuvres à sa manière, en s’éloignant de l’icône libanaise.
La fanfare de l’armée qui l’a accompagnée fait elle aussi partie du patrimoine national. Créée en 1945, elle n’a cessé d’exister depuis. Le colonel Georges Herro y était lui-même pianiste depuis 1983, avant de la diriger à partir de 2000.
Porté par la voix limpide et chaleureuse de Samar Salameh, ce bouquet de morceaux choisis a rassemblé le chœur de l’Université antonine et la fanfare de l’armée dans un concert très émouvant. Un très beau cadeau de Noël.
Julia Dumont