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Culture - Théâtre

Marilyn, que t’ont-ils fait ? *

Une enquête sur la mort de Marilyn Monroe est ouverte sur les planches du Monnot, à l’instigation de Nadim Deaibes, Marwa Khalil et Raïa Haïdar.

Marwa Khalil incarnant une Marilyn toute en paillettes et éclats de rire.  (Photo Michel Sayegh)

Nuit du 4 au 5 août 1962, Los Angeles, Californie: Norma Jeane Mortensen, plus connue sous le pseudo de Marilyn Monroe, décède dans sa maison de Brentwood. Les causes de sa disparition demeurent mystérieuses: overdose, suicide, assassinat? Un demi-siècle après sa mort, les spéculations vont toujours bon train, les thèses de complot et les détails scabreux de l’affaire nourrissent toujours maintes thèses, ouvrages et «témoignages». Rejoignant la foulée des commémorations de ce cinquantenaire, deux jeunes filles libanaises ont voulu explorer les circonstances de cette mort mystérieuse, selon un folklore national qui veut que l’on soit toujours à la recherche de la vérité derrière les assassinats. Belle initiative, belle perspective. Sur les planches du Monnot, donc, les suspects sont nombreux et ils passent tous aux aveux. Zouzou le garagiste a été «allumé par son sex-appeal»; Jackie, la femme trompée, a voulu venger son honneur bafoué; le réalisateur survolté et arrogant, ayant profité de la poule aux œufs d’or, s’en est débarrassé parce que les «blondes font les meilleures victimes». Mais aussi Gladys, la maman schizophrène au verbe assassin, et les bonnes hystériques et jalouses, tels des charognards voulant s’approprier le look de l’icône blonde. Qui de ces bêtes a tué la belle?


Dans une mise en scène un peu brouillonne (mention, tout de même, à Maya Moumné et Hatem Imam pour le visuel et la direction artistique), Raïa Haïdar et Marwa Khalil interprètent elles-mêmes la brochette de ces personnages haut en couleur. Avec plus ou moins de brio: la Jackie pathétique réussit à accrocher, mais le garagiste, au verbe pseudovulgaire débité dans un arabe qui sonne plus français du 16e que beyrouthin de Tarik Jdideh, n’est pas vraiment convaincant.
S’attaquer à l’un des plus grands sex-symbols hollywoodiens est un pari osé. Deaibes, Khalil et Haïdar ont au moins le mérite d’avoir relevé cette gageure. Et d’avoir voulu «libaniser» l’histoire en établissant des parallèles avec la société beyrouthine. Pour mieux connaître l’icône, les deux auteures se sont apparemment bien documentées. Toutefois, pas de révélation extraordinaire à propos d’une biographie tellement médiatisée; pas de scoop, juste les morceaux épars d’une vie (dramatique plus que brillante en fin de compte), contée par bribes, d’une manière un peu chaotique, sans véritable recherche d’écriture.


Si, dans leur jeu, les actrices n’évitent sciemment pas la caricature (la perruque blonde, la robe lamée en susurrant Happy Birthday Mr President**...), il est tout de même difficile de décoller de l’image et du cas particulier afin de se livrer à un questionnement qui serait plus général sur le sort d’une femme quand elle acquiert le statut de star. Le sort d’une bombe sexuelle en public, insurmontable angoissée en quête d’amour et surtout maniaco-dépressive en privé.
Le mythe blonde platine restera donc inaccessible. De fait, ces actrices ont du mal à être à la hauteur. Qui pourrait l’être? Qui pourrait incarner un fantasme?


Ceux qui ont été émus par l’indétrônable Blonde de Joyce Carol Oates, ou du tout récent ouvrage signé Norman Mailer et Bert Stern, brossant une Marilyn magnifique, complexe, tragique, chercheront en vain cette image dans la pièce. Mais peut-être aussi que le propos de cette pièce n’est pas de mettre le symbole absolu du glamour et de l’érotisme sur le divan, ni d’explorer les facettes de sa personnalité. Mais simplement de savoir «qui a tué Marilyn?». D’essayer de rire d’une société qui glorifie le paraître sans se soucier de l’être.


«Aimer, c’est donner à quelqu’un le pouvoir de vous tuer», disait Miss Monroe. C’est sans doute ce qui l’aura tuée. Avec l’alcool, les barbituriques, le sexe, la confusion, les amours destroy, la
schizophrénie...
Reste, au final, une comédie loufoque quelque part inaboutie, un amoncellement de clichés peu tendres avec la blonde la plus célèbre du XXe siècle.

* Au théâtre Monnot, rue de l’Université Saint-Joseph. Samedi 10 et dimanche 11, puis les 15, 16, 17 et 18 décembre.
** Refrain de la chanson « Marilyn » de Nicolas Peyrac.


Nuit du 4 au 5 août 1962, Los Angeles, Californie: Norma Jeane Mortensen, plus connue sous le pseudo de Marilyn Monroe, décède dans sa maison de Brentwood. Les causes de sa disparition demeurent mystérieuses: overdose, suicide, assassinat? Un demi-siècle après sa mort, les spéculations vont toujours bon train, les thèses de complot et les détails scabreux de l’affaire nourrissent...

commentaires (4)

Cher Monsieur Halim Abou Chacra, si nous sommes, avec d'autres chers Lecteurs et Lectrices de ce forum aussi, sur la même longueur d'onde, c'est que nous avons le COEUR qui bat bien LIBANAIS ! Très cordialement. Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

06 h 08, le 11 décembre 2011

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Commentaires (4)

  • Cher Monsieur Halim Abou Chacra, si nous sommes, avec d'autres chers Lecteurs et Lectrices de ce forum aussi, sur la même longueur d'onde, c'est que nous avons le COEUR qui bat bien LIBANAIS ! Très cordialement. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    06 h 08, le 11 décembre 2011

  • Monsieur Tsiris, merci. On est, comme beaucoup de chers lecteurs de l'OLJ, sur la même longueur d'onde. J'en suis heureux.

    Halim Abou Chacra

    05 h 45, le 11 décembre 2011

  • Monsieur Halim Abou Chacra, je vous salue ! Vous avez tellement raison. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 34, le 11 décembre 2011

  • Il y aura des imbéciles qui diront : Regardez de quoi s'occupent ces Libanais. Et je leur réponds à l'avance : Ils s'occupent de choses bien plus nobles que ce que vous servez comme plats quotidiens envenimés à ce pays.

    Halim Abou Chacra

    02 h 22, le 11 décembre 2011

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