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Économie - Billet

Osez...

C’était en octobre 2007. Nicolas Sarkozy avait fait approuver une augmentation de son salaire de président par l’Assemblée. Une augmentation de pas moins de 172 % qui avait bouché un coin à plus d’un. Qu’importe, le décret était passé comme une lettre à la poste. Ce jour-là, l’Assemblée nationale française ressemblait à s’y méprendre à un certain Parlement, place de l’Étoile, dans le centre-ville de Beyrouth.


L’élection de François Hollande en mai 2012 avait bien évidemment divisé les Français, et pas que. Il n’en demeure pas moins qu’au milieu de moult débats sur la capacité du président élu à gérer la France et la crise de l’euro, François Hollande avait fait baisser son salaire ainsi que celui des membres de son gouvernement de 30 %. Son salaire mensuel passait donc de 20 000 euros environ à 14 000. Si l’initiative rejoignait celle de ses homologues portugais, espagnol ou encore britannique et irlandais qui avaient, avant lui, baissé leur rémunération de 5 % à 15 %, elle restait loin derrière le geste de Mario Monti, certes symbolique et un tantinet démagogue, de renoncer à son salaire de chef de gouvernement et de ministre de l’Économie et des Finances. En effet, Mario Monti était rentré dans les annales ce fameux dimanche 4 décembre 2011, lorsqu’il avait annoncé devant des millions d’Italiens qu’il était « de son devoir de renoncer à son salaire après l’adoption d’un plan anticrise » aux mesures draconiennes. Le mois dernier, c’était au tour de la présidente du Malawi, Joyce Banda, d’annoncer qu’au vu de la crise économique dans laquelle se débattait son pays, elle réduisait son salaire de 30 % et renonçait à plusieurs intéressements et bonus mis en place par ses prédécesseurs. Même son de cloche pour l’élu UMP Laurent Wauquiez qui avait, suite à la formation du gouvernement en mai 2012, renoncé à son salaire de ministre auquel il avait pourtant encore droit six mois après la cessation de ses fonctions.


Et puis il y a les 30 ministres, les 128 élus de la nation, et autres hauts fonctionnaires de l’armée et autres institutions (si peu) étatiques libanais. Il y a tout ce beau monde qui laisse se désintégrer le tissu socio-économique sans broncher. Pire, ils sont complices de cette désintégration sournoise à l’heure où le débat stérile autour de « la réévaluation de la grille des salaires » se perd dans un dialogue de sourds et bute contre une excuse qui ne convainc personne : le manque de financement. De grâce, n’allez pas convaincre, même le plus mentalement diminué d’entre les citoyens, que si les pratiques de corruption (au port, à l’aéroport et dans la quasi-totalité des administrations) stoppaient net, le gouvernement ne trouverait pas les moyens de financer la hausse des salaires, ne serait-ce que ceux des plus démunis. À l’heure où la grogne sociale menace les ménages, que les patrons désespérés cherchent la bonne formule pour licencier leurs salariés, victimes idéales d’un anschluss politico-sécuritaire en mal de cause, on espère secrètement voir se détacher de ce bourbier le ou la Mario Monti libanais(e). On a envie de croire que Nagib Mikati et tous les autres donneront l’exemple. Par humilité, par pudeur, mais aussi par devoir.
Mais pour cela, il faut oser.


Ça fait mal, et ça ne fait rien.

 

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commentaires (2)

Madame, Sim3aan bi libnén min beit il atrache.

SAKR LEBNAN

10 h 59, le 06 novembre 2012

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Commentaires (2)

  • Madame, Sim3aan bi libnén min beit il atrache.

    SAKR LEBNAN

    10 h 59, le 06 novembre 2012

  • Vous "espèrerez longtemps, Madame, voir se détacher de ce bourbier le Mario Monti libanais qui "osera" renoncer à son salaire". Veuillez accepter un conseil : Attendez, assise, comme on dit en Amérique du Sud, car, debout, vous allez vous fatiguer énormément.

    Halim Abou Chacra

    01 h 31, le 06 novembre 2012

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