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Lifestyle - Rencontre

Pour Maya Zbib, « le théâtre, un choix difficile mais vital »...

Après une tournée européenne couronnée de succès, la troupe « Zoukak » est rentrée à Beyrouth avant de se rendre au Mucem de Marseille présenter « Fil de soie » demain 8 et après-demain 9 novembre.

La troupe Zoukak lors d’une représentation.

Rencontre avec une comédienne, l’une des six membres trentenaires qui composent le collectif d’un ensemble de scène pas comme les autres.
Rondeurs « botériennes », chevelure noire de madone aux petits yeux noirs, sourire en cascade, Maya Zbib, authentique « passionaria » du monde des planches, a ce rayonnement insaisissable d’une comédienne qui ne se donne et ne se révèle que sous les feux de la rampe.
Jusqu’en 2003, diplôme en poche, parcours sans encombre à l’Université libanaise, pour une formation de comédienne. Vol jusqu’en Angleterre où elle peaufine son art à la London Goldmann University. Et le chapelet (déjà une trentaine de pièces de tous crins !) s’égrène sous les feux des projecteurs et au cœur de l’aire scénique.
Dès 1999, elle sera dans la forêt pour le Chaperon rouge de Rana Alameddine (production de la LAU) et se produira par la suite, entre autres, sous la férule de Mahmoud Hojeij, Lina Saneh, Nabil Mroué...


Mais la grande aventure, le point de départ d’une carrière qui se tisse lentement mais sûrement, c’est la création, en 2006, de « Zoukak ». Une troupe, aux notions d’un collectif qui a tout d’un phalanstère de la scène, sans hiérarchie, sans directeur, pour qui ce titre évoque, en toute simplicité, une ruelle. Populaire, piétonne et passante. Un lieu où on fait un brin de causette, on flâne en douceur, on prend le pouls de la vie, on croise des êtres de tous bords. Un microcosme ou un amplificateur du monde des planches. Ou son reflet. Comme dans un miroir déformant... Mais au spectre de vision reconstituant toujours la vie.

 


Les illuminés du verbe
Rencontre par conséquent avec des mordus du théâtre, des illuminés du verbe, des timbrés des représentations, du port des masques (ou de leur rejet !) et des métamorphoses. Et c’est là où ces jeunes gens, entre 29 et 35 ans, se donnent la main pour divertir, faire réfléchir et éventuellement, peut-être,
changer le monde. Et on nomme Junaid Sarieddine, Lamia Abi Azar, Omar Abi Azar, Dania Hammoud, Hachem Adnane et, bien entendu, Maya Zbib.
De New York à la Norvège et l’Allemagne en passant par la France, Zoukak récolte aujourd’hui applaudissements et reconnaissance.

 


Septembre aura été un mois fructueux
Maya Zbib, mains potelées, voix bien posée et presque chantante, s’exprime avec enthousiasme : « Avec Zoukak, les productions se sont succédé. Le premier du maillon c’est 3ich Ibka (Vis et demeure), titre tiré d’un vers d’al-Moutanabbi, donné en 2006 au Madina, ensuite Hamlet Machine de Heiner Muller, puis Fil de soie (du Zicco house au Bal Hause de Berlin), et surtout Perform autopsie en tournée, offert au public 23 fois, dans tous les villages libanais. Projet essentiel sur l’histoire (ou plutôt comment écrire l’histoire) de notre pays, à travers une transmission orale. Afin de détecter qui est la victime, qui est le bourreau ! Et actuellement, on vient de présenter en Norvège, à Skien, la ville d’Ibsen, Lucerna, un exercice de soumission. Adaptation de L’empereur et le Galiléen. Il y a là matière à fouiller les zones d’ombre du pouvoir et de sa relation avec la religion, tout comme la transposition sur scène et le rapport avec un metteur en scène. Pour aboutir bien entendu sur la notion de subversion. En Allemagne, à Krefeld, j’ai dirigé les acteurs pour Zakira lil nessian (“Une mémoire pour l’oubli”) de Mahmoud Darwich. Sans connaître l’allemand (!) mais en me basant sur la phonétique. Et les 8-9 novembre, Fil de soie aura pour cadre, cette fois, le Mucem de Marseille. »
Petite pause. Le temps de changer de direction. Mais toujours dans les coulisses d’un théâtre, loin de dire son dernier mot et encore moins de laisser ternir ou flétrir sa magie. Un théâtre qui a toujours besoin de soutien et de subvention, mais, mille fois hélas, tout le monde sait combien l’État brille par son absence et laisse ces enfants de l’art se nourrir de vache enragée.

 


Dramathérapie
Et c’est là où poussent des embranchements, pour nourrir, en termes de nourriture terrestre et non intellectuelle, l’essence du théâtre et subvenir aux frais. Une indispensable épine dorsale que ces activités mitoyennes.
D’abord, cette « dramathérapie » avec les ONG, World Child Holland, Save the children et des associations internationales pour handicapés, ensuite le workshopping, en se glissant du côté des femmes maltraitées, des camps palestiniens, des stigmates de la guerre, dans les écoles au Sud, les prisons, la société Ghassan Kanafani... Une praxis pour soutenir et renforcer la personnalité. En 2007, naissance de « Station », un local pour rencontres scéniques et répétitions.


Pour ce qui est de « La boîte  à musique », les comédiens, en cavale, prospectent le rapport de la femme avec sa maison. La représentation a lieu à même des intérieurs, cossus ou modestes, à dimension variable... Le théâtre sur un plateau bien garni au pied d’un fauteuil ou canapé préféré. Avec Zoukak Sidewalk, on aborde carrément la rue et on se rapproche du public. En invitant aussi des artistes étrangers, tel Yorg Lukas Mathei ou Peter Sellars avec qui la troupe a collaboré d’ailleurs dans son étape new-yorkaise. Des artistes qui, tout en parlant de leur métier, donnent une performance.
Après ce flot de mots, Maya Zbib souhaite surtout « qu’il y ait plus de troupes pour une théâtralité continue ». Tout en aimant le dessin, la poésie, la danse et le chant, elle n’en finit pas d’interroger non plus le théâtre. Elle fouille comme avec une lampe à main, jusque dans ses zones d’ombre : « Le théâtre est tout et englobe tout, souligne-t-elle. Si tout y est questionnement, le divertissement s’impose aussi. Tout en invitant le public à réfléchir. C’est la conscience citoyenne ! Le théâtre est une plate-forme où les gens partagent une image, une pensée, une émotion... »

 

 

Pour mémoire

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