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Liban - Causerie

« Cette répulsion de la violence, Ghassan Tuéni l’exprime à tous les niveaux »

Organisé par la Fondation Ghassan Tuéni en collaboration avec le Collège de France et la Fondation Issam Farès, un colloque s’est tenu hier au Collège de France à Paris autour de Ghassan Tuéni, décédé l’an dernier.

Ce colloque a abordé les différentes facettes du parcours de Ghassan Tuéni (1926-2012), patron de presse, éditeur, écrivain, diplomate, ministre, député, une des personnalités grecques-orthodoxes les plus illustres du Liban. La première séance matinale a été axée sur « l’homme politique et le diplomate », celle de l’après-midi sur « l’homme de culture et de foi ».
Deux orthodoxes engagés ont notamment pris la parole : Tarek Mitri, ancien ministre, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Libye, a évoqué Ghassan Tuéni « l’homme de culture », puis Carol Saba, avocat et responsable de la communication de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, a planché sur « l’homme de foi : entre Antioche, Byzance et Moscou, une étoile de l’orthodoxie ». Plusieurs intervenants ont également pris la parole : Gérard Khoury, historien et écrivain franco-libanais ; Karim Bitar, directeur de recherche à l’IRIS et directeur de la revue L’ENA hors les murs ; Leila Chahid, ambassadrice de Palestine auprès de l’Union européenne ; Nassif Hitti, conseiller et porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe ; Henry Laurens, professeur au Collège de France; Eugène Rogan, historien spécialiste du Moyen-Orient contemporain au Saint Anthony’s College à Oxford, et Marwan Hamadé, député et ancien ministre, proche parmi les proches de Ghassan Tuéni.
Ce dernier a tenu à braquer les projecteurs sur « le combat libanais et la vocation arabe » du défunt. Voici de très larges extraits de son intervention :
« Trois cents ans après le siècle des Lumières » en Europe, il y aura eu un siècle de la presse au Proche-Orient : le XXe. Des frères Takla et Amine en Égypte, des Naccache, Tuéni et Mroué au Liban, de Nagib el-Rayess en Syrie à Salaheddine Nashashibi en Palestine, la grande presse des idées précédera celle des dictateurs, des cartels et des émirs.
« En d’autres temps, en d’autres lieux, en d’autres circonstances, Ghassan Tuéni n’aurait pas hésité à dénoncer le gâchis que nous vivons, d’un bout à l’autre du monde arabe. En fin de vie et au terme d’un parcours exceptionnel, Ghassan avait, en effet, réconcilié l’indépendantisme libanais de son héritage paternel, ses premières amours populaires syriennes et l’amplitude de sa vocation nationaliste arabe. »

Ni visages ni virages
« On ne peut être un élève de Charles Malek, rédacteur et signataire à New York, au nom du Liban, de la Charte des droits de l’homme ; on ne peut être adepte du nationalisme syrien d’Antoun Saadé, à la vision moins étriquée que le petit Liban mais plus exiguë que le grand rêve arabe ; on ne peut être l’ami et l’allié à droite de Camille Chamoun et à gauche de Kamal Joumblatt, l’interlocuteur apprécié et parfois critique de Gamal Abdel Nasser, le confident du roi Fayçal d’Arabie ou du prince Salman ben Abdel Aziz, le champion des libertés de presse auprès de cours et de sérails plutôt réticents, la victime récurrente du régime sanguinaire des Assad, sans traduire de la manière la plus expressive les différentes vocations de l’homo libanicus dans ce qui fut, ce qui est et qui sera le tribut de l’aura du Liban et la cause de ses déboires.
« Ce ne sont pas plusieurs visages que Ghassan Tuéni affichait ni des virages qu’il aurait inconsidérément entamés. Sa flexibilité intellectuelle et ses approches objectives étaient, bien sûr, le fruit d’un parcours universitaire, dogmatique et professionnel particulièrement brillant. Ce parcours, on en retrouve l’expression la plus riche dans les écrits, les discours et les attitudes de Ghassan. Partant du principe qu’on ne peut faire de politique saine à partir de sentiments violents, il avait trouvé les ingrédients nécessaires à la confection d’un libanisme non étriqué, d’un syrianisme non exacerbé et d’un arabisme qui avait revêtu les plis les plus amples d’une abaya régionale.
« Cette répulsion de la violence, Ghassan l’exprime à tous les niveaux, libanais, arabe et islamiste. Il rompra définitivement avec le Parti populaire syrien lorsque celui-ci fera assassiner à Amman un des bâtisseurs de l’indépendance du Liban, Riad el-Solh. Il s’éloignera de Camille Chamoun et créera une Troisième Force lorsque l’appétit des reconductions présidentielles provoquera la fronde de 1958. Il réprouvera la violence pathologique de l’État d’Israël autant que les réactions maladives des attentats suicidaires. Il dénoncera les exécutions sommaires de Syrie et d’Irak, la pendaison de Sayed Kotob en Égypte, la folie meurtrière d’un Kadhafi qui invitera, avec tous les honneurs, l’imam Moussa Sadr pour mieux le faire disparaître. Aussi même quand la violence frappera aux portes de sa propre famille, Ghassan fera un vœu de pardon, pas toujours compris par ceux qui l’ont peu ou mal connu.

Boa constrictor
« Imprégné de la Nahda, qui devait libérer les Arabes, faire prévaloir le principe global de nationalité en assurant aux minorités une égalité avec leurs compatriotes musulmans, à distinguer des musulmans plus lointains, Ghassan Tuéni était fier d’appartenir à la tribu arabe des Ghassanides et ne développait aucun complexe d’infériorité communautaire. Il évoquait avec nostalgie ses cousins yéménites ou omanais et jonglait avec les idées de Michel Chiha, Antoun Saadé, Georges Habache ou Michel Aflak, tous chrétiens d’Orient, tous arabes à part entière, tous champions d’une indépendance accomplie ou d’une unité à accomplir. À l’intérieur du Liban, son premier combat sera celui des libertés de presse et de la justice sociale. Ses éditoriaux marqueront des étapes décisives de notre histoire contemporaine, de « Nous avons faim, nourrissez-nous », à « Le Liban ne peut être gouverné de Damas ni contre Damas », et conservent une actualité presque poignante.
« La communauté de destin des deux peuples, Ghassan l’avait perçue, ne peut se concevoir sans liberté ou respect mutuels. Avec plus d’un million de réfugiés syriens, le Liban réalise aujourd’hui que les injustices qui frappent la Syrie, après la Palestine, finissent nécessairement par l’atteindre. Il n’a jamais fui cette réalité, osant même l’affronter, contre l’État d’Israël ou face au régime syrien, sur le terrain comme au Conseil de sécurité le plus souvent au prix de sa propre sécurité ; il fera de la prison plus de six fois. Il prendra trois fois le chemin forcé de l’exil (vers Paris bien sûr). Il perdra son fils Gebran assassiné en 2005 par les agents du régime Assad...
« Ghassan Tuéni, comme le décrivait ma sœur Nadia, prêtait d’ailleurs à nos voisins du Sud la même confiance qu’à nos voisins de l’Est, celle que l’on prête à un boa constrictor. J’avais, il y a quelques mois, dans une intervention à l’Institut du monde arabe, évoqué ce destin singulier. Je me cite (je me répète même) car la double vocation qu’il m’est imparti de décrire cet après-midi se résume en cette citation. “Personne autant que lui n’aura subi et affronté l’arbitraire syrien, dénoncé et combattu l’agression israélienne, défendu et plaidé la cause palestinienne. Mis à la croisée des intégrismes juif, musulman, parfois chrétien, ce fils d’Antioche, apprenti franc-maçon, disciple d’Aristote, émule en “phil” des professeurs de Harvard, incarna dans sa plus belle expression l’Arabe chrétien, en une symbiose rare de personnage où l’engagement national affine, sans complexe minoritaire, une foi authentique et un rêve d’empire”.

Face au dictateur
« Il faut savoir, du reste, que ce député d’Achrafieh, le quartier superchrétien de Beyrouth, avait acheté une parcelle de terrain au Liban-Sud, à la lisière des fermes de Chebaa, profession de foi affirmait-il, pour bien montrer que sa défense des causes libanaises et palestiniennes allait bien au-delà du verbe, jusqu’au front réel des zones chiite de Jabal Amel et sunnite du Arkoub.
« Ce qui nous amène nécessairement à sa réflexion sur les chrétiens d’Orient. Ghassan Tuéni n’a jamais été aussi actuel que dans son texte présenté à l’USJ en 2004. Il y a 9 ans, bien avant le printemps arabe et ses débordements panislamiques, Tuéni refusait d’envisager a priori de faire face à l’islam plutôt que de construire avec lui, dans l’amitié, la renaissance et la modernisation de l’islam.
« Ghassan, je suis bien placé pour le savoir, aurait refusé de diaboliser l’islam politique comme il avait évité de dénoncer le nationalisme arabe ou de renier le popularisme syrien. C’était un orthodoxe au parfum des exhortations apostoliques du Vatican qui invitait à contenir les fondamentalismes tout en cultivant l’islam authentique. Tant de chrétiens ont été tués par d’autres chrétiens, écrit-il, et tant de musulmans massacrés par d’autres musulmans au fil des guerres dites civiles ou de religion. Ce qui se passe en Syrie est à cet effet édifiant. En lieu et place de Ghassan, et dans le fil de sa pensée, je presse les chrétiens et les musulmans de Syrie à s’unifier dans la défense des libertés face au dictateur, tout en organisant leur diversité dans un esprit républicain, démocratique et laïc.»
Ce colloque a abordé les différentes facettes du parcours de Ghassan Tuéni (1926-2012), patron de presse, éditeur, écrivain, diplomate, ministre, député, une des personnalités grecques-orthodoxes les plus illustres du Liban. La première séance matinale a été axée sur « l’homme politique et le diplomate », celle de l’après-midi sur « l’homme de culture et de foi ». Deux...

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IL EST LOISIBLE de dire du Communautarisme qui infecte ce Pays, qu’il est pourri de minaudiers fourbus qui traficotent du sacré, de fétides métamorphoses et c’est de saison ; évidement pourrie ! Mais ce qui constitue les fondamentaux, reste la Libânnerie, le Confessionnalisme, le Sectarisme, leur Mépris et un national-Religionalisme né de leur obsession Régionaliste. Leur tenaille Populiste et Fanatique a Deux branches : S’arc-bouter pour y échapper implique de se garder à sa "gauche?" FakkîhàRienne comme à sa droite BoSSfàRienne. Étant entendu que, d’un putschiste à l’autre, on se fait la courte échelle. Sur cette droite s’avance fardé et guindé Goguenard Aigri et revanchard, mythomane vérifiant d’une main machinale sa virilité ; celui à qui cette chère montagne a confié sa Chèvre et son Âne ! Sur cette "gauche?" s’avance chemise chiffonnée, mèche retorse enturbannée mais subrepticement dévoilée, Anthracite rétro 06-ancien moudééél reclus, caché et cloîtré ; assumant sans barguigner son rôle de Matamore querelleur-fulminant, tout en baragouinant des diatribes qui lui tiennent tout de même lieu de Pseudo-projet quant même hasardeux ! Il faut tout de même l’avouer, il y a dans une telle "analyse" une part d’amalgame d’une certaine part. Et on admet qu’il convient de nuancer si on prétend évoquer en vrac la Vulgarité, la Couardise ou la Goguenardise +ou - éthylistique de tout ce Ramassis….

Antoine-Serge KARAMAOUN

03 h 56, le 27 septembre 2013

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Commentaires (1)

  • IL EST LOISIBLE de dire du Communautarisme qui infecte ce Pays, qu’il est pourri de minaudiers fourbus qui traficotent du sacré, de fétides métamorphoses et c’est de saison ; évidement pourrie ! Mais ce qui constitue les fondamentaux, reste la Libânnerie, le Confessionnalisme, le Sectarisme, leur Mépris et un national-Religionalisme né de leur obsession Régionaliste. Leur tenaille Populiste et Fanatique a Deux branches : S’arc-bouter pour y échapper implique de se garder à sa "gauche?" FakkîhàRienne comme à sa droite BoSSfàRienne. Étant entendu que, d’un putschiste à l’autre, on se fait la courte échelle. Sur cette droite s’avance fardé et guindé Goguenard Aigri et revanchard, mythomane vérifiant d’une main machinale sa virilité ; celui à qui cette chère montagne a confié sa Chèvre et son Âne ! Sur cette "gauche?" s’avance chemise chiffonnée, mèche retorse enturbannée mais subrepticement dévoilée, Anthracite rétro 06-ancien moudééél reclus, caché et cloîtré ; assumant sans barguigner son rôle de Matamore querelleur-fulminant, tout en baragouinant des diatribes qui lui tiennent tout de même lieu de Pseudo-projet quant même hasardeux ! Il faut tout de même l’avouer, il y a dans une telle "analyse" une part d’amalgame d’une certaine part. Et on admet qu’il convient de nuancer si on prétend évoquer en vrac la Vulgarité, la Couardise ou la Goguenardise +ou - éthylistique de tout ce Ramassis….

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    03 h 56, le 27 septembre 2013

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