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Liban - Développement

Démarche participative libano-française pour promouvoir la valorisation de Zghorta-Ehden

Dans le cadre d’une coopération décentralisée avec le département français de l’Aude, la municipalité de Zghorta-Ehden a décidé de promouvoir la valorisation de son territoire dans une démarche participative.

Échange de documents entre MM. Toufic Moawad et André Viola.

Décentralisation, voilà un terme qu’il est délicat d’utiliser dans le contexte libanais sans prendre le risque de réveiller les tensions communautaires et les velléités séparatistes. En témoigne les difficultés que suscite le projet de loi en question. Pourtant, il semble possible de concilier la défense de l’unité de l’État et la nécessité pour les localités d’obtenir une marge d’indépendance dans les matières économiques et sociales.


Telle est l’idée que défend Toufic Moawad, président du conseil municipal de Zghorta-Ehden, qui souhaite profiter de l’expérience des représentants du département de l’Aude pour valoriser les atouts de sa municipalité. Après une première rencontre en octobre 2011 lors des assises franco-libanaises et une présentation des territoires respectifs, le projet de coopération décentralisée est signé le 2 octobre 2012. Toufic Moawad, jeune fonctionnaire, entame alors un premier projet de collaboration avec André Viola, président du conseil général de l’Aude et président de l’Arc latin-coopération sur des territoires similaires entre l’Espagne, l’Italie et la France.


Les similitudes entre les deux régions associées au dynamisme des deux protagonistes ont très largement facilité la collaboration, sélectionnée par le ministère français des Affaires étrangères pour l’obtention d’une aide financière. En effet, l’histoire du territoire et l’identité particulière qui en résulte – identité cathare pour l’Aude et identité maronite pour Zghorta/Ehden – rapprochent sensiblement ces deux régions séparées par la Méditerranée. De plus, toutes deux dépendant essentiellement du tourisme et de l’agriculture et se situant à proximité d’un site classé – Kadisha – ou voulant être classé – le pays cathare figure au patrimoine mondial de l’Unesco – leur partenariat devenait évident pour s’enrichir de leurs expériences respectives et éviter de reproduire les mêmes écueils. L’objectif du premier projet était de mettre en place une stratégie de développement pour le moyen terme – objectif 2025 – dans une approche participative avec les acteurs locaux et un renforcement du partenariat public-privé afin de favoriser un développement durable, sociable, économique et environnemental. Il visait également à former un agent de développement local, c’est-à-dire une personne capable de valoriser les atouts du territoire et de répondre spécifiquement aux problématiques de celui-ci à partir de ses propres ressources et richesses.


La très récente visite de M. Viola au Liban, quant à elle, était le point de départ d’un second projet de coopération. D’une durée triennale, il vise à promouvoir un «tourisme durable» en structurant l’offre touristique et en valorisant les produits locaux. Prenant exemple sur la marque «pays cathare» labélisée sur de nombreux produits dans l’Aude, le président du conseil municipal de Zghorta/Ehden souhaite marquer «produit zghortiote» les spécialités de la région telles que l’huile d’olive, le savon, la gastronomie ou encore l’artisanat. L’échange d’expertise a démontré que la labélisation du produit en facilite l’accès pour un touriste qui, dépité par le monopole des produits locaux «made in China», retrouve alors un gage de qualité et de sécurité. Bien que s’appuyant sur les particularités identitaires du territoire, le projet ne doit pas être assimilé à un repli mais plutôt à la défense de la subsidiarité des identités au niveau local, régional, national et international.

 


La coopération décentralisée, une nouvelle diplomatie?
La considérable augmentation des coopérations décentralisées entre le Liban et la France – des centaines sur tout le Liban – résulte du souhait des pouvoirs publics français de mieux répartir les aides sur le territoire. En effet, la diplomatie entre États est composée d’une multitude d’intermédiaires très éloignés des réalités et spécificités de chaque territoire. Du côté libanais, la coopération décentralisée permet de dynamiser la démocratie locale, de l’ancrer dans les habitudes citoyennes jusqu’à sa promotion future à l’échelle nationale. Les difficultés politiques tout comme les responsabilités des élus sont nettement plus visibles au niveau local qu’au niveau national. Du côté français, la coopération décentralisée avec le Liban élargit les perspectives de collaboration avec un pays méditerranéen, véritable nécessité pour une Europe qui a «tourné le dos à la Méditerranée», selon M. Viola.


La coopération décentralisée témoigne également de la prise de conscience de l’invalidation du modèle maître-élève qui a longtemps prévalu dans les relations entre la France et ses anciennes possessions coloniales. Les partenaires ont pris conscience que le modèle français, notamment en terme de décentralisation, ne peut pas s’appliquer mécaniquement au cas libanais. Désormais c’est un échange d’égal à égal entre des Libanais qui découvrent une autre côte méditerranéenne en France que la «fameuse d’Azur» et les Français qui, après avoir visité la capitale, y réfléchirons à deux fois avant d’utiliser l’expression «ma rue, c’est Beyrouth»! En attendant, André Viola a promis de planter un cèdre devant son conseil départemental!

 

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