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Économie - Liban - Séminaire

Liban-Syrie : quelle alliance pour une croissance postconflit ?

Deux pays intimement liés par la géographie et l’histoire qui, tour à tour depuis des décennies, se sont retrouvés plongés dans des guerres et conflits de tout genre, balayant ainsi toute perspective de développement socio-économique à long terme. Renouer avec la croissance, ensemble, tel est aujourd’hui le défi lancé au Liban et à la Syrie... une fois la stabilité retrouvée.

Mme Hernando, MM. Morabito, Safadi, Paoli et Mme Bissat au cours de l’inauguration du séminaire du Chede-Med.            Photo ANI

Étudier les perspectives et les opportunités de croissance postguerre pour le Liban et la Syrie peut sembler à première vue quelque peu prématuré. En effet, la situation politique actuelle ne laisse présager aucune perspective optimiste pour une solution rapide au conflit, et les divisions internes au sein des deux pays rendent difficile une coopération économique bilatérale solide. Et pourtant, c’est bien autour de ce thème-là que l’Institut des finances Bassel-Fleihan a décidé de centrer le séminaire qu’il organise sur trois jours dans le cadre du cycle des hautes études pour le développement économique en Méditerranée (Chede-Med).


« Pour sortir d’une crise, il est important d’agir en amont : anticiper la reconstruction, les opportunités, les investissements financiers et humaines nécessaires, les secteurs prioritaires et les pistes d’action », a souligné Lamia Moubayed Bissat dans son discours d’ouverture. Le ministre sortant des Finances, Mohammad Safadi, a pour sa part insisté sur le potentiel économique de la Syrie, avec une large population et d’importantes ressources agricoles, industrielles et énergétiques. « Cette richesse, combinée à l’expérience libanaise en matière de reconstruction, peut engendrer un cercle économique vertueux qui accélérerait le processus de stabilisation et de retour à la normale », a-t-il déclaré.

Une interdépendance plus politique qu’économique
« Les échanges commerciaux entre le Liban et la Syrie ne dépassaient pas les 4 % du total des échanges globaux des deux pays, et ce même avant le début du conflit », a indiqué le ministre sortant des Finances. Ce n’est donc pas autant l’effondrement de l’économie syrienne qui a eu un impact négatif sur son voisin libanais, mais plutôt la recrudescence de la violence et l’instabilité engendrée par les tensions politiques et l’afflux de réfugiés syriens.
« Le tourisme au pays du Cèdre s’en est trouvé particulièrement affecté, les investissements étrangers se sont faits plus rares et les échanges commerciaux avec les pays de la région ont largement décru, du fait de la fermeture des frontières terrestres », a pour sa part affirmé l’ambassadeur de France, Patrice Paoli.
« D’autres facteurs, plutôt positifs, comme une hausse de la consommation grâce aux centaines de milliers de déplacés syriens ou l’entrée dans le pays de 3 à 4 milliards de dollars de capitaux syriens, ont partiellement compensé la récession libanaise, mais ces derniers sont provisoires et ne seront probablement pas investis au Liban », a de son côté indiqué Adib Nehmé, le conseiller régional en matière de gouvernance et de développement à l’Escwa.

La stabilité, condition sine qua non à la croissance
« La récession au Liban n’a pas pour seule responsable la crise syrienne, d’autres causes internes doivent être sérieusement prises en compte », a pour sa part déclaré l’ambassadeur d’Italie, Giuseppe Morabito. Même constat du côté de M. Safadi. « Depuis la fin de la guerre civile, la dette publique libanaise n’a cessé d’augmenter sans pour autant enregistrer des améliorations équivalentes dans nos infrastructures. »
L’ambassadrice d’Espagne, Milagros Hernando, a quant à elle pointé du doigt la « nécessité de renforcer les institutions étatiques, pilier de la croissance économique ».


Mais le mot-clé, sans cesse répété et mis en avant par les intervenants, est sans aucun doute « stabilité ». « La stabilité est le facteur principal pour la croissance d’un pays, et malheureusement, ici au Moyen-Orient, ce mot nous est étranger depuis des décennies », a affirmé le ministre des Finances.
« Il est d’autant plus difficile de concevoir une croissance, une amélioration de la productivité ou un développement économique durable en l’absence d’un environnement favorable », a pour sa part ajouté M. Nehmé. Pour lui, la solution consiste à réintroduire l’économie dans la sphère des politiques publiques. « La marginalisation de la rationalisation économique dans le processus de prise de décisions s’est aggravée avec le début du conflit syrien et il est de plus en plus urgent pour le Liban de passer d’un État néopatrimonial à un État développemental », a-t-il poursuivi.
Pour la Syrie, atteindre cet objectif de stabilité est également la seule voie possible qui lui permettra de penser la reconstruction. « Toutes les ressources syriennes devront alors être mobilisées, en parallèle avec l’aide financière extérieure qui est indispensable et surtout en coopération avec le voisin libanais », a affirmé Samir Nasr, président-directeur général des Études et consultations économiques (ECE). « L’expérience du Liban dans les domaines de la reconstruction des infrastructures et de l’habitat, l’éclosion de petites et moyennes entreprises (PME) libano-syriennes et la coopération bilatérale dans l’industrie agroalimentaire et l’énergie sont autant de pistes à explorer dans l’avenir », a-t-il ajouté. Un avenir stable, qu’on a du mal à imaginer.

 

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