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Liban - Commémoration

Le centenaire d’Édouard Honein : un hommage à « la pensée », l’oxygène de la liberté

Un vibrant hommage a été rendu hier à la mémoire d’« un grand homme », à l’occasion de son centenaire : avocat, journaliste, député et ministre, Édouard Honein a vécu pour un Liban « à la fois refuge et paradis ».

Le fils d’Édouard Honein, l’ancien député Salah Honein, décrivant son père comme un « homme de pensée », devant un parterre de personnalités politiques, juridiques, sociales, culturelles et médiatiques, dont le représentant du Premier ministre démissionnaire et du président de la Chambre, ainsi que le représentant du Premier ministre désigné Tammam Salam.

L’hommage rendu hier à Édouard Honein, à l’occasion du centenaire de sa naissance, a valorisé la liberté de son mot et son parti pris pour la justice, deux constantes qui ont défini les parcours entremêlés de sa vie, les parcours d’avocat, d’écrivain, de journaliste et d’homme politique. L’expression « grand homme », enrobée d’une nostalgie éloquente, était récurrente lors de la cérémonie à la Maison de l’avocat, ayant réuni une pléthore de figures politiques, juridiques, sociales, médiatiques et culturelles. Comme si les grands hommes n’étaient plus de ce temps... Devant l’imminence de la chute, « souvenons-nous des grands, et souvenons-nous qu’il n’y a pas de substitut à la patrie-foi. C’est alors que nous mériterons enfin la grâce qu’est le Liban », a affirmé l’ancien ministre Edmond Rizk, dont l’amitié avec Édouard Honein avait débuté au milieu du siècle dernier, dans le milieu médiatique.


Élève de Fouad Frem Boustany, ayant cofondé la société des Hommes de la plume (Ahl al-Kalam), qu’il présidera en 1956, succédant ainsi à Salah Labaki, Édouard Honein a mis son écriture fluide au service des valeurs humaines qui définissaient sa vision pour le Liban. Cet engagement se cristallisera dans la revue Foussoul, qu’il crée en 1979, devenant la tribune de la pensée de Fouad Boustany, Jawad Boulos, Anis Freiha, Charles Malek... « Édouard Honein était un Libanais né dans le bercail de la foi », a ajouté Edmond Rizk. « Parce que l’identité libanaise est la dyade de l’unité et de l’humanité : il n’y a pas d’humanité lorsque les citoyens sont catégorisés par rapport à Dieu ; et aucune communauté n’est supérieure à une autre », a-t-il ajouté.


La maison d’Édouard Honein à Kfarchima (Baabda), riche des idées partagées entre visiteurs de toutes confessions et de tous bords, sera incendiée pendant la guerre civile, et avec elle, les archives, les notes et les souvenirs de l’homme d’État. Mais rien ne pouvait amortir son élan pour le pays, et surtout pour les autres, citoyens soucieux de vivre dignement ; penseurs et politiques intrigués par la formule libanaise, tiraillés par des visions opposées pour le pays ; ou encore poètes en fermentation d’idées ininterrompue. « Il a choisi d’écrire pour communiquer avec les gens et bâtir des amitiés ; il a exercé la politique du juste, luttant contre la décadence, aussi bien au niveau social et politique », a affirmé l’ancien député Salah Édouard Honein. Pour lui, son père était un homme mû exclusivement par l’idée. Si un changement devait se produire, « c’est par la force des idées et non de l’obsession », a-t-il déclaré, rappelant avec insistance que « c’est l’oisiveté et la paresse qui noient les peuples dans le sommeil. La liberté meurt dans l’inaction, parce qu’elle ne vit que des actes ». De fait, Édouard Honein n’a jamais stagné dans l’exercice politique. Cette politique qu’il avait tenté de repousser alors qu’il était jeune stagiaire inscrit au bureau de Camille Chamoun. Il choisira alors de s’inscrire au bureau de Fouad Khoury. Mais ce dernier deviendra bâtonnier, puis député et ministre de la Justice.


Parallèlement, le jeune Édouard Honein ne tardera pas à intégrer le cercle politique, « le front haut, la main blanche et l’humilité immuable », selon les termes d’Edmond Rizk. D’abord impliqué dans la création de l’Alliance tripartite en 1968 (Kataëb, PNL et Bloc national), alors qu’il faisait partie du BN, il sera un acteur principal du lancement du Front libanais en 1976 (Sleiman Frangié, Camille Chamoun, Pierre Gemayel, Charles Malek, Jawad Boulos), dont il deviendra le secrétaire général. « À cette époque, il adressera une lettre au Bloc national pour obtenir son retrait de statut de membre du parti, tout en assurant à ses camarades que son appartenance au BN est atemporelle et que le secret dont il était garant le restera », comme l’a rappelé hier le bâtonnier Nohad Jabre. Plus tard, sentant qu’il n’est plus dans son élément au sein du Front libanais, Édouard Honein démissionnera de la coalition en 1987. Tout comme il ne pouvait dissocier le travail d’avocat de son engagement pour la cause inébranlable de la justice (Nohad Jabre rappelle que le premier article écrit par l’avocat-journaliste avait pour titre- « oh combien d’actualité » – « Aidez le juge à s’émanciper » ), il ne pouvait concevoir l’homme politique dépouillé de constantes. La journaliste Warda Zamel l’a bien résumé, citant Édouard Honein : « Le Liban est un refuge et un paradis, c’est là la raison de son existence, une morale pour l’histoire. » En dehors de ces bases, la politique ne saurait être une arme de souveraineté.


C’est « par souci d’éveiller le public aux moyens de protéger la nation » que l’association internationale des Lions Clubs (district 351-Liban, Jordanie et Irak) a coorganisé l’événement d’hier, comme l’a affirmé le président du district 351, Nabil al-Rouss, avant d’annoncer que le centenaire se poursuivra demain avec l’inauguration, au siège de l’Université américaine pour la technologie, à Jbeil, d’une statuette en hommage à Édouard Honein.

 

L’hommage rendu hier à Édouard Honein, à l’occasion du centenaire de sa naissance, a valorisé la liberté de son mot et son parti pris pour la justice, deux constantes qui ont défini les parcours entremêlés de sa vie, les parcours d’avocat, d’écrivain, de journaliste et d’homme politique. L’expression « grand homme », enrobée d’une nostalgie éloquente, était...

commentaires (3)

Toutes nos pensées pour Salah Honein.

Antoine-Serge Karamaoun

13 h 10, le 31 mai 2013

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Commentaires (3)

  • Toutes nos pensées pour Salah Honein.

    Antoine-Serge Karamaoun

    13 h 10, le 31 mai 2013

  • ALLAH YIAR7AMOU. TOUS LES GRANDS HOMMES QUI PARTENT PLEURENT SUR LE DESTIN DU LIBAN QU'ILS LAISSENT DERRIÈRE EUX...

    SAKR LOUBNAN

    08 h 12, le 31 mai 2013

  • Centenaire d'Edourd Honein ! De temps en temps, le temps nous assène une gifle. Il insiste à nous montrer, à travers une grande et digne figure, la grande classe politique que ce pays avait, avant que la dignité n'en émigre. C'est très douloureux devant l'ordure qu'on a à présent.

    Halim Abou Chacra

    04 h 35, le 31 mai 2013

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