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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

Le sort de plusieurs otages toujours incertain en Algérie

La réponse algérienne était « la seule option » ; près d’une centaine de personnes libérées ; les étrangers évacuent ; « Signataires par le sang » menacent de nouvelles opérations.

Des employés de BP attendent leur vol, le groupe pétrolier a annoncé que trois vols avaient déjà quitté l’Algérie et qu’un quatrième devait avoir lieu. Jaime Reina/AFP

Le sort de plusieurs otages demeurait incertain hier soir après un assaut de l’armée contre un complexe gazier du sud algérien où les ravisseurs, membres d’un groupe armé proche d’el-Qaëda, étaient toujours retranchés. Une source de la sécurité, citée par l’agence algérienne APS, a dressé dans la soirée un bilan provisoire de l’assaut : 12 otages et 18 ravisseurs tués, et près d’une centaine d’otages, sur les 132 étrangers enlevés, libérés, ainsi que 573 employés algériens. Elle ne précise cependant pas le nombre et la nationalité des victimes étrangères, mais le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, fait état d’un Français parmi elles, précisant que la victime s’appelle Yann Desjeux.
Du côté algérien, on suggère qu’une trentaine d’otages sont portés manquants alors que des sources au sein du groupe armé « Signataires par le sang » ont indiqué à l’agence de presse mauritanienne ANI que les ravisseurs détenaient toujours sept otages étrangers : trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique. Ces otages sont détenus, selon elles, dans l’usine du site, dont « ils ont fait exploser une partie pour repousser les forces algériennes ». Le groupe, indiquent-elles encore, venait du Niger et non de Libye comme l’a affirmé Alger.
Outre les centaines de travailleurs algériens, des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, un Irlandais, des Norvégiens et des Philippins figuraient parmi les personnes prises en otages mercredi sur le complexe d’In Aménas, non loin de la frontière libyenne.

Belmokhtar propose
Des camionnettes ont déchargé hier des cercueils vides à l’hôpital d’In Aménas, où des otages blessés avaient été transportés. Citant des sources au sein du groupe de Mokhtar Belmokhtar, auteur du rapt, ANI a affirmé que ce dernier proposait « à la France et l’Algérie de négocier pour l’arrêt de la guerre menée par la France » dans le nord du Mali. Belmokhtar, un jihadiste algérien, propose en outre « d’échanger les otages américains détenus par son groupe » contre un Égyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux États-Unis pour des accusations liées au terrorisme.
L’Algérie s’est trouvée entraînée malgré elle dans le conflit malien avec cette prise d’otages, les ravisseurs ayant dénoncé le soutien logistique algérien aux militaires français.
Par ailleurs, le groupe pétrolier britannique BP a annoncé hier que trois vols avaient quitté l’Algérie jeudi avec onze de ses employés ainsi que « plusieurs centaines » de salariés d’autres entreprises et qu’un quatrième vol était prévu.
Le groupe islamiste « Signataires par le sang » a menacé de mener « plus d’opérations », selon un de ses porte-parole toujours cité par l’ANI. Il a appelé les Algériens « à se tenir à l’écart des lieux d’implantation des compagnies étrangères », car, a-t-il dit, « nous surgirons par où personne ne s’y attendra ».

Yasmina Khadra
Alors que certains pays se sont posé des questions quant à l’opération de l’armée algérienne (voir ci-dessous), c’était sans doute sa seule option, jugeaient hier des experts. Le pays suit « depuis longtemps une stratégie qui consiste à ne laisser aucune chance au terrorisme, stratégie qui a finalement marché même si elle surprend en Occident », explique ainsi Frédéric Gallois, ex-patron du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, spécialisé dans ce type d’opérations). « Les Algériens sont mieux placés que quiconque pour savoir qu’on ne négocie pas avec eux. Cela fait vingt ans qu’on est en guerre », indique de son côté le romancier Yasmina Khadra, ancien officier algérien.
L’ « objectif politique » des forces algériennes « est avant tout de neutraliser les terroristes, quand chez nous, la mission prioritaire, c’est de sauver la vie des otages », analyse Frédéric Gallois. « Leur second objectif, c’est de couper l’herbe sous le pied à la propagande islamiste, elles ne veulent pas que ça dure une semaine. »
Autre priorité, selon un responsable militaire occidental requérant l’anonymat, la sécurisation du site dans un secteur économique crucial pour le pays. Aux yeux de Yasmina Khadra, les preneurs d’otages d’In Aménas sont en « mission-suicide, pour faire un maximum de victimes et peut-être faire sauter le site gazier, ce qui explique la réaction immédiate des forces algériennes qui se sont dit : on n’a pas le choix, on va attaquer et on va essayer d’en sauver ».
Mais au-delà de l’assaut, des questions se posent sur la sécurité du site, selon Jean-Luc Marret de la Fondation pour la recherche stratégique : il relève que le commando a mené son opération dans une zone ultrasécurisée mais où la présence de combattants islamistes a été régulièrement signalée.
Enfin, François Hollande recevra demain les familles des sept otages français encore détenus au Sahel, dont le sort soulève de grandes inquiétudes après l’intervention militaire française au Mali, a-t-on appris de l’Élysée.
(Source : agences)
Le sort de plusieurs otages demeurait incertain hier soir après un assaut de l’armée contre un complexe gazier du sud algérien où les ravisseurs, membres d’un groupe armé proche d’el-Qaëda, étaient toujours retranchés. Une source de la sécurité, citée par l’agence algérienne APS, a dressé dans la soirée un bilan provisoire de l’assaut : 12 otages et 18 ravisseurs tués,...
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