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Liban - Éclairage

Les facteurs de déstabilisation et la responsabilité collective


La discorde confessionnelle n’est plus une menace brandie de temps en temps au-dessus des têtes des Libanais. Au fil des incidents, elle est en train de devenir une réalité dans les esprits, comme un prélude à son éclatement sur le terrain. Une source de sécurité est ainsi convaincue que les incidents qui se multiplient ont pour objectif ultime de préparer « un environnement favorable » à une déstabilisation plus globale, le moment venu.
Ce qui s’est passé la semaine dernière à Abra et qui a été aussitôt relayé à Tripoli a donné la preuve à ceux qui en doutaient encore, précise la source, qu’il existe un même chef d’orchestre qui fait bouger les foyers de déstabilisation, du Nord au Sud, en passant par la Békaa et Beyrouth. Le 13 mars, lorsqu’un barrage de l’armée à Abra a arrêté cheikh Assem Arifi muni de faux papiers, ce dernier s’est enfui et s’est réfugié à la mosquée, accusant ensuite l’armée de vouloir envahir ce lieu sacré. Aussitôt, cheikh Ahmad el-Assir a mobilisé ses partisans en affirmant qu’il avait le sentiment que l’armée comptait envahir la mosquée où il officie. La rumeur s’est amplifiée et elle est arrivée jusqu’à Tripoli aux alentours de 23h30. Les salafistes sont alors descendus dans la rue, à l’appel de Hussam Sabbagh, en guise de solidarité avec cheikh el-Assir. Les films pris à l’aide des téléphones portables ont montré un nombre impressionnant de jeunes scandant des slogans religieux et brandissant les drapeaux proches de ceux du Front al-Nosra.
En même temps, des groupes appartenant à la même mouvance ont voulu fermer la route de Masnaa dans la Békaa, sans succès. Toute cette démonstration de force a eu lieu presque simultanément dans trois régions différentes du pays à la suite d’une rumeur qui n’avait aucun fondement. C’est dire combien la scène locale est devenue fragile et prête à se soulever et combien  cheikh el-Assir et ses semblables ont pris de l’importance au sein de la rue sunnite. L’homme dont une poignée de partisans fermaient une route secondaire à Saïda peut désormais mobiliser au Nord, dans la Békaa et à Beyrouth, au détriment des courants modérés qui, toujours selon la source de sécurité, avaient commencé par utiliser le phénomène el-Assir comme un épouvantail avant qu’il ne commence à grignoter leur propre assise populaire. Le cheikh sunnite ne rate d’ailleurs pas une occasion pour se mettre en avant et pour jeter de l’huile sur le feu. Cheikh Maher Hammoud de Saïda a bien essayé de le raisonner, lui rappelant qu’il l’a sorti d’une mauvaise passe dans le passé. En vain. Le cheikh est devenu l’électron incontrôlable sur la scène sunnite et il est en train de devenir un facteur réel de déstabilisation.
La même source estime que le second facteur de déstabilisation réside dans le nombre inquiétant des déplacés syriens au Liban. Cette même source rappelle qu’il y a désormais un million de Syriens au Liban entre les déplacés, les travailleurs et les résidents. Dans ce nombre impressionnant, il faut compter beaucoup de jeunes qui ont fui leur pays et qui se retrouvent au Liban, sans travail, sans études et bénéficiant d’aides dérisoires. Face à un quotidien aussi désespérant, ces jeunes ont quatre possibilités : soit, ils vont s’inscrire auprès du Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) qui pourrait les aider à obtenir un visa pour un pays d’émigration. Mais cette instance internationale inscrit un nombre limité de jeunes sur ses listes. Soit, ils parviennent à trouver de petits boulots au Liban qui leur permettent de gagner un peu d’argent et de s’occuper. Mais là aussi c’est déjà difficile pour les jeunes Libanais. À plus forte raison pour les déplacés syriens ! Soit, ils intègrent des groupes islamistes qui les encadrent et les enrôlent dans leurs projets. Soit, enfin, ils forment des gangs qui volent, agressent et se spécialisent dans la petite criminalité. Les jeunes Syriens qui choisissent les deux dernières options constituent une menace sérieuse pour la sécurité intérieure, qui vient s’ajouter à celle qui est représentée par cheikh el-Assir et par le phénomène de mobilisation sunnite contre les chiites qu’il a provoqué. La source sécuritaire estime aussi que l’agression contre les ulémas sunnites n’est pas, dans une telle atmosphère, un incident innocent. Qu’il s’agisse d’une erreur, d’un conflit personnel ou d’une agression ciblée, cette affaire intervient à un moment très délicat et permet aux pêcheurs en eaux troubles de se mobiliser. La source de sécurité estime à cet égard qu’il faut que toutes les bonnes volontés déploient leurs efforts pour tenter d’étouffer le feu qui est en train d’être allumé. Il s’agit d’une responsabilité collective et il ne suffit pas de proclamer qu’il n’y a pas de décision générale pour embraser le Liban pour que le feu ne prenne pas...
La discorde confessionnelle n’est plus une menace brandie de temps en temps au-dessus des têtes des Libanais. Au fil des incidents, elle est en train de devenir une réalité dans les esprits, comme un prélude à son éclatement sur le terrain. Une source de sécurité est ainsi convaincue que les incidents qui se multiplient ont pour objectif ultime de préparer « un environnement...

commentaires (4)

C'est en faisant rire les electeurs que Coluche a failli gagner des elections et le meme phenomene a eu lieu en Italie recemment, avec le clown de Saida c'est la meme chose, certains le prennent au serieux, et le pire Scarlett c'est que Cassandre avait raison, comme vous en ce moment!

Jaber Kamel

22 h 12, le 19 mars 2013

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Commentaires (4)

  • C'est en faisant rire les electeurs que Coluche a failli gagner des elections et le meme phenomene a eu lieu en Italie recemment, avec le clown de Saida c'est la meme chose, certains le prennent au serieux, et le pire Scarlett c'est que Cassandre avait raison, comme vous en ce moment!

    Jaber Kamel

    22 h 12, le 19 mars 2013

  • Responsabilité Collective, GRAND OUI ! Chère Madame Scarlett Haddad, vos propres analyses étaient superbes... avant de vous étancher de nouveau à ces SOURCES Polluées... Gare au virus !

    SAKR LEBNAN

    12 h 24, le 19 mars 2013

  • Et qui veut que ça éclate au Liban dit la SOURCE ? Et dans quel pays elle prend sa source cette SOURCE ? Bizarre qu'elle ne parle pas des déclarations des derniers jours, internes comme externes, cette SOURCE... Pourquoi on ne va pas jetter un coup d'oeil sur les perchés de Tripoli ? et pourquoi on parle en longueur du Assir qui ne fait que manifester pacifiquement, et en une ligne et demie des agresseurs des quatre ulémas ? La Barbe du Assir menace le pays d'une guerre civile ? Cherchez les POUTRES et non la PAILLE !

    SAKR LEBNAN

    09 h 21, le 19 mars 2013

  • le feu ne prendra pas....le feu ne prendra pas...le feu ne prendra pas...comment dit on Coué au Liban? le feu ne prendra pas...le feu ne prendra pas....

    GEDEON Christian

    03 h 12, le 19 mars 2013

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