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Liban

Le Liban livré à des acteurs incontrôlés

Avec une nouvelle complication chaque jour, le nord du Liban bascule de plus en plus dans le chaos. Quand ce n’est pas Tripoli, c’est Wadi Khaled et quand ce n’est pas Wadi Khaled c’est Abboudiyé puis la plaine du Akkar, bref, la tension se déplace, aiguisant les sentiments confessionnels sur fond de crise syrienne. Certes, la réunion du dialogue tente de mettre un peu d’ordre dans tout cela, mais les développements en Syrie ont désormais été trop loin pour ne pas influencer la scène libanaise.


Il est désormais trop tard pour demander aux habitants du Nord de rester à l’écart de la crise syrienne, tant ils y sont impliqués, d’abord par la présence de facto de nombreux réfugiés syriens (dont de nombreux combattants ayant installé leurs familles à l’abri au Liban) et ensuite à cause des positions politiques de certaines parties libanaises activement engagées dans la lutte contre le régime syrien.


Un observateur neutre résume la situation au Liban de la manière suivante : le 14 Mars, appuyé par les ennemis arabes et internationaux du régime syrien, veut à tout prix transformer le nord du Liban en base arrière pour l’opposition syrienne après l’échec de la tentative d’en créer une en Turquie, en Irak et en Jordanie. Il faut donc, pour cela, déstabiliser le Nord et y mettre l’armée et ses services en difficulté pour qu’ils ne puissent plus intervenir à la frontière pour empêcher le passage des armes et des combattants dans les deux sens. C’est d’ailleurs quasiment en train de se réaliser, puisque depuis la mort des deux cheikhs à un barrage de l’armée à Koueikhate, celle-ci a reçu des instructions pour rester cantonnée dans ses casernes, n’intervenant qu’en cas extrême. Mais il existe encore des foyers de tension dans le Nord, d’abord en raison de la présence de alaouites forts, armés et belliqueux comme le sont en général les minorités enfermées dans des sortes de ghettos et qui se sentent constamment menacées. Tout comme il existe aussi des groupes sunnites favorables au régime syrien. S’il est vrai qu’ils sont en perte de vitesse, la majorité populaire restant avec l’opposition, ces groupes n’en continuent pas moins à avoir leurs partisans... et leurs armes.


De son côté, le régime syrien veut absolument empêcher le nord du Liban de basculer totalement entre les mains de l’opposition syrienne. Ce qu’il a réussi à mettre en échec à la frontière turque, jordanienne et irakienne, il ne peut l’accepter avec le Liban. Il cherche donc à entraver le plan que cherche à réaliser son opposition, appuyée par des parties libanaises, arabes et internationales, en faisant bouger ses alliés au Nord, sachant que le rapport des forces dans cette zone n’est pas en sa faveur.
Les événements qui se succèdent à Tripoli constituent la concrétisation de cette volonté contradictoire. Tantôt, ce sont les partisans de l’opposition qui cherchent à marquer des points, en attaquant ceux qui entravent leur plan, et tantôt ce sont les alliés du régime qui cherchent à effrayer l’autre camp en lui montrant que la réalisation de son plan sera très coûteuse au Nord. Au final, soit l’un des deux aura renoncé à son plan, soit l’un des deux sera suffisamment fort pour imposer son plan au camp adverse. En attendant, flambées et accalmies devraient se poursuivre.
En même temps, le régime syrien ne serait pas opposé, s’il est très coincé, à une déstabilisation totale du Liban, dans le but de faire écho à la fameuse déclaration du président Bachar el-Assad sur le fait que la chute du régime syrien provoquerait un bouleversement régional total, qui commencerait au Liban et on ignore où il pourrait finir. Il se trouve toutefois devant des intérêts contradictoires ; d’une part, il ne veut pas une déstabilisation du Nord qui aboutirait à la création d’un bastion de l’opposition à la frontière proche de Homs et de Tell Kalakh. Mais il ne serait pas opposé à une déstabilisation du reste du pays...


Celle-ci n’est toutefois pas aisée, car, d’une part, la communauté internationale ne la souhaite pas (en tout cas dans la période actuelle) et, d’autre part, parce que la plupart des composantes libanaises la rejettent. Ainsi, le Hezbollah ne peut pas envisager de déstabiliser le Liban pour aider son allié syrien. Le secrétaire général du parti l’a clairement déclaré, dans ses derniers discours : le Hezbollah est soucieux de préserver la stabilité du pays. D’abord parce qu’il se considère libanais et qu’il a à cœur les intérêts du pays. Ensuite parce qu’il craint par-dessus tout la discorde entre sunnites et chiites qu’il estime principalement destinée à le discréditer, à l’affaiblir et à paralyser sa résistance. Le Hezbollah n’est donc pas prêt à se laisser entraîner dans une déstabilisation du Liban, quels que soient ceux qui la souhaitent. Mais le problème, c’est qu’en raison de la crainte de la discorde confessionnelle et de la vaste campagne locale, régionale et internationale menée contre lui, il n’a plus les coudées aussi franches et son influence sur les petites formations n’est plus aussi importante. Le Hezbollah a ainsi trop à faire pour calmer ses propres partisans face aux provocations incessantes qu’ils doivent affronter, dont l’enlèvement des onze pèlerins n’est que la partie visible, pour se consacrer à d’autres missions, que, par ailleurs, on ne lui a pas confiées.


Dans ce contexte, avec une armée que l’on cherche à discréditer et un Hezbollah presque paralysé, la scène est laissée aux petits acteurs qui peuvent provoquer des troubles, mais pas une guerre... Jusqu’à nouvel ordre.

Avec une nouvelle complication chaque jour, le nord du Liban bascule de plus en plus dans le chaos. Quand ce n’est pas Tripoli, c’est Wadi Khaled et quand ce n’est pas Wadi Khaled c’est Abboudiyé puis la plaine du Akkar, bref, la tension se déplace, aiguisant les sentiments confessionnels sur fond de crise syrienne. Certes, la réunion du dialogue tente de mettre un peu d’ordre dans...

commentaires (4)

Enfin ! Et malgré quelques re-reprises des quelques mêmes antiennes, style : "Un observateur neutre résume : le 14 Mars, appuyé par les ennemis arabes et internationaux du régime syrien, veut à tout prix transformer le nord du Liban en base arrière pour l’opposition syrienne. Il faut donc, pour cela, déstabiliser le Nord et y mettre l’armée et ses services en difficulté pour qu’ils ne puissent plus intervenir à la frontière… !" ?! Et qui affirment ! que le 14 Mars serait donc "en mèche ?" avec "les ennemis arabes et internationaux du régime syrien !", et que ce même 14 Mars veut donc" déstabiliser le Nord et y mettre l’armée et ses services en difficulté !". C’est fort et ça va très loin quand même, cette antienne répétitive très dangereuse au demeurant…. Mais bon, passons. Car, toute la suite de l’article est objective et…. NEUTRE.

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 19, le 12 juin 2012

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Commentaires (4)

  • Enfin ! Et malgré quelques re-reprises des quelques mêmes antiennes, style : "Un observateur neutre résume : le 14 Mars, appuyé par les ennemis arabes et internationaux du régime syrien, veut à tout prix transformer le nord du Liban en base arrière pour l’opposition syrienne. Il faut donc, pour cela, déstabiliser le Nord et y mettre l’armée et ses services en difficulté pour qu’ils ne puissent plus intervenir à la frontière… !" ?! Et qui affirment ! que le 14 Mars serait donc "en mèche ?" avec "les ennemis arabes et internationaux du régime syrien !", et que ce même 14 Mars veut donc" déstabiliser le Nord et y mettre l’armée et ses services en difficulté !". C’est fort et ça va très loin quand même, cette antienne répétitive très dangereuse au demeurant…. Mais bon, passons. Car, toute la suite de l’article est objective et…. NEUTRE.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 19, le 12 juin 2012

  • Alors on résume..."un observateur neutre a dit"...donc un "observateur qui dit la vraie vérité...et qu'est ce qu'il a dit cet observateur miracle?Eh bien trois choses....la première est que le 14 mars(mais qui donc est le 14 mars) est la méchant qui déstabilise le Nord,veut implanter les révoltés syriens et est prêt à toutes les bassesses pour y parvenir,la deuxième c'est que la Syrie offivielle fait ce qu'elle peut pour garder la haute main sur le secteur,mais de façon en quelque sorte civilisée...et la troisième,c'est que le Hezb,dans sa munificence patriotique,fait tout ce qu'il peut,contrairement aux méchants du 14 mars,pour éviter l'explosion...mais précaution oratoire quand même,il ne peut plus,le pauvre,contrôler "les petits partis" des fois qu'ils feraient des choses dont le Hezb ne pourrait être tenu pour responsable,évidemment,quoi!je me suis bien poilé en lisant l'article...le bon,la brute et les truands....ou plutôt dans l'ordre,les truands(la 14),la brute,(la Syrie,mais qui se retient),et THE bon...THE HEZB....Du Sergio Leone à la sauce libanaise,quoi!Vraiment marrant!Merci Scarlett...

    GEDEON Christian

    05 h 24, le 12 juin 2012

  • Mme Haddad, quel plaisir de vous lire a chaque fois! Vous etes si objective, intelligente et une vraie "eclaireuse"!

    Michele Aoun

    03 h 47, le 12 juin 2012

  • Madame Haddad, oublie toujours de nous dire que les Tripolitain et les habitants du Akkar se tuent à demander, depuis plus d'une année, le déploiement de l'armée Libanaise dans tout le Nord du pays et qu'ils rencontrent des oreilles sourdes de ce simulacre de gouvernement. Elle oublie de nous dire qu'ils demandent que Tripoli et le Akkar soient des zones sans armes et que l'armée les y ramasse. Alors, qui est celui qui veut que l'armée ne se déploie pas sur les frontières Nord du Pays pour servir son trafic d'armes vers le Liban et non le contraire ? Qui veut garder les armes au Akkar et à Tripoli pour pouvoir alimenter la discorde ? Le ou les responsables, surtout ceux perchés sur les hauteurs de Tripoli, sont bien connus. Quand à cet cet obervateur ( NEUTRE ) pouff ! neutre, hein ! mais qui charge tout sur le dos du 14 Mars ? Neutralité éclatante ! Décision très facile si voulue. Qu'on déploie l'armée immédiatement et qu'on ramasse toutes les armes de Tripoli et du Akkar comme le demandent les habitants. On connaît qui fait obstacle et qui appelle l'armée syrienne à venir envahir le Nord et la ville. L'accusé c'est le simulacre de gouvernement inféodé, et non les Nordistes du pays qui se tuent à demander le déploiement de l'armée, et le Nord et la ville dépourvus d'armes.

    SAKR LEBNAN

    23 h 42, le 11 juin 2012

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