Juppé salue, dans un message écrit, « le courage » des positions de Geagea sur le rôle des chrétiens d’Orient

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a adressé samedi au président du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, une lettre à la suite de la tentative d’assassinat dont il a été la cible à Meerab. Par la même occasion, le chef du Quai d’Orsay répond au message que Samir Geagea lui avait adressé à la suite de l’article sur les chrétiens d’Orient qu’il avait publié dans le quotidien La Croix. Dans son message, M. Juppé salue « le courage » des positions de M. Geagea au sujet du rôle des chrétiens d’Orient dans le contexte du printemps arabe, soulignant notamment sur ce plan que « les intérêts des chrétiens d’Orient, comme de toutes les autres communautés, ne seront jamais mieux défendus que par d’authentiques démocraties ».

Voici le texte de la lettre de M. Juppé à M. Geagea :

« Monsieur le Président,
Je m’apprêtais à répondre à la lettre que vous avez bien voulu m’adresser lorsque j’ai appris la tentative d’assassinat dont vous avez été la cible. Je tiens à vous réitérer toute ma solidarité. La France a immédiatement condamné ce lâche attentat tout en appelant à ce que toute la lumière soit faite sur un acte terroriste qui participe d’une volonté de déstabilisation du Liban. Nous avons aussi appelé l’ensemble de la classe politique libanaise à faire preuve de solidarité et d’esprit d’apaisement. Comme toujours, la France se tient aux côtés du Liban pour que ce pays qui nous est cher continue à prévilégier la paix civile et évite d’importer les tensions qui agitent la Syrie.

Vous m’avez exprimé, dans votre lettre, votre satisfaction à la suite de la publication de ma tribune adressée aux chrétiens d’Orient. Je suis heureux que mes propos aient trouvé auprès de vous, l’un des principaux responsables politiques au Liban, un écho favorable.

Comme je l’ai écrit dans ma tribune, je suis intimement persuadé que les évolutions à l’œuvre dans le monde arabe depuis maintenant plus d’un an peuvent offrir une opportunité formidable aux communautés chrétiennes et ne signifient pas pour elles le début d’un déclin. Je comprends l’inquiétude de ces dernières face à la chute de régimes qui se prétendaient laïcs et qui leur garantissaient un certain degré de protection, accompagné toutefois, comme vous le soulignez, d’une grande soumission.

La France, qui est très attentive à ce que les divers processus de transition politique à l’œuvre dans la région permettent l’avènement de régimes respectueux des libertés fondamentales, est persuadée que les intérêts des chrétiens d’Orient, comme de toutes les autres communautés, ne seront jamais mieux défendus que par d’authentiques démocraties.

Il est cependant primordial que les communautés chrétiennes embrassent pleinement ce combat pour la démocratie afin de ne pas se marginaliser. C’est pourquoi je salue le courage de vos positions et rejoins totalement vos propos appelant les chrétiens d’Orient à redevenir des pionniers de l’aventure démocratique au Moyen-Orient.
Soyez assuré, Monsieur le Président, que la France ne se dérobera pas à sa mission particulière vis-à-vis des chrétiens d’Orient et mettra tout en œuvre, dans le respect du droit international, pour soutenir l’émergence de nouvelles démocraties dans la région.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée et mes sentiments amicaux.
Alain Juppé »