Onzième semaine de 2012.
Ce sont peut-être ses 73 ans : en général, l’on est moins belliqueux avec l’âge, plus tranquille. Ce sont peut-être ces Mandela et ces Gandhi qui jusque-là dormaient en lui et qui viennent de sursauter. Ou encore ses nombreuses et prestigieuses récompenses : prix Conscience Planétaire en 1999, Nobel de la paix en 2001, prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe en 2007, etc., qui poussent l’émissaire spécial de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie à essayer, fût-ce à ses dépens, de réinventer la diplomatie. De transformer cet art de faire et de dire les plus vilaines choses de la façon la plus élégante qui soit en un véritable vecteur mystique. Un monde proto-christique où tout n’est qu’amour pur face à la barbarie de l’autre, où l’on dit tiens, il pleut, très courtoisement, lorsque l’on se fait cracher au visage et où la deuxième joue se tend obligeamment et avec beaucoup d’abnégation lorsque la première est atrocement giflée.
Kofi Annan est en plein trip.
Même pas encore arrivé à Damas, il met en garde une opposition syrienne crucifiée et anéantie au quotidien contre une militarisation du conflit. Il lui promet : que face aux crimes du régime Assad, il fera tout son possible pour appeler et pousser à la fin du bain de sang. Il lui remonte le moral : que le peuple syrien, un peuple ancien, courageux et pris au piège, mérite mieux que cela. À la bonne heure : dans le fond, l’ex-patron des Nations unies n’a pas tort : une guerre civile aurait des répercussions probablement monstrueuses non seulement en Syrie, mais dans la région en général et au Liban en particulier. Sauf qu’asséner cela comme il l’a fait, comme on proposerait un peu d’aspirine à un métastasé, à cette majorité de Syriens qui voit pères, mères, conjoints et enfants se faire torturer avant que de se faire assassiner heure après heure relève soit de l’inconscience et de l’incompétence pures, soit d’un messianisme hagard. La réaction de l’opposition syrienne, qui s’est immédiatement déchaînée contre cet homme pourtant de paix, parle d’elle-même. Il faut éviter un remède qui soit pire que le mal, a martelé l’émissaire onusien, après s’être sûrement forcé à oublier qu’une fois toutes les portes verrouillées, juste pour rester en vie, le mal ne peut être guéri que par le mal.
Pour se consoler, Kofi Annan est servi. De son smartphone ou de n’importe quelle interface, il peut se brancher sur YouTube et s’assurer ainsi que dans la course à la palme du ridicule, il est (très) loin derrière le président israélien.
Cet homme trippe, lui, jusqu’à la moelle.
Dans une vidéo hallucinée et hallucinogène (voir ci-dessous), sur un fond sonore électro-pop d’une ringardise féroce et par la grâce d’un montage asthmatique au-delà du rebutant (même Silvio Berlusconi n’aurait pas eu ce mauvais goût), Shimon Peres fait la promotion de sa page Facebook et invite les internautes de la Voie lactée, Iraniens, Syriens, Libyens, Égyptiens et robots en tête, à devenir ses amis. Be my friend for peace est le titre de ce junk-clip.
Bien sûr, sur l’échelle des abjections dont sont responsables, à plus d’un niveau, les dirigeants israéliens, Shimon Peres est largement distancé par des Netanyahu, des Sharon, des Barak et autres faucons israéliens pour lesquels le mot paix n’a strictement aucun sens ni aucun fondement. Le président israélien en a d’ailleurs donné la preuve pas plus tard qu’en cette fin de semaine en demandant, alors que toutes les arcanes politiques de son pays bruissent de menaces d’attaques unilatérales contre l’Iran, de laisser ses chances aux sanctions contre Téhéran, et puis de voir venir. Il n’en reste pas moins que lorsque l’on a tout fait pour dynamiter la paix, pour détruire mille fois et Liban et territoires palestiniens, lorsque aucun acte ne vient sauver le moindre pan de carrière, on ne se lance pas dans un automarketing obscène, on ne pérore pas, on ferme sa gueule, on essaie plutôt de poser un geste et on n’oublie surtout pas que n’est pas Yitzhak Rabin qui veut.
On trippe en silence. Et surtout, dans un cas comme dans l’autre, entre bonne volonté hypermaladroite (Annan) et (im)posture présénile (Peres), on trippe seul. C’est un minimum de courtoisie. De décence.
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commentaires (6)
Comme chacun sait, Szymon et "(h)Annan définitivement Non-crédibles, sont fort "pacifistes !" ces temps-ci. La Retraite est déjà-là, et ces deux ringards du Muppets show hésitent encore entre Wisnew en Biélorussie et Kumâsi au Ghana ou,. . . le Golan ! Lieux "exceptionnels" pour ceux qui veulent Grimper toujours plus haut là où personne ne s’est jamais encore aventuré. Tout ça pour dire que Kôfi et Perski ont d’autres choses à faire que "géopolitiser" comme ils le font si bien, n’est-ce pas ? Mais, ils ont clarifié les choses s’en allant en "Conseils grabataires", assumant cette "Blessure" aux Palestiniens et aux Syriens Sains. Ils ont plaisir à se comporter comme ces "Gagas" gâtés qui hochent toujours leurs têtes pour dire du n’importe quoi : "Soit ces Sains acceptent leur Triste Sort, soit nous "annexeront le Golan et stopperont l’UNRWA." !? En effet, le meilleur moyen de les dépoussiérer est de déjà les "Placer" en résidence pour Retraités, les empêchant ainsi de déblatérer tout et n’importe quoi, jusqu’à la Risible Bêtise qui devient en sus de plus en plus pénible ! Et il ne s’en est pas trouvé un seul téméraire parmi ces ébaubis, leurs "admirateurs Niais" ; aussi souvent "pâmés" qu’eux ; pour leur dire qu’ils n’étaient pas drôles mais plutôt "Débiles" ! C’est le gros risque quand ils radotent en balançant plein d’inepties pareilles : On les "Place" !
Antoine-Serge KARAMAOUN
10 h 18, le 10 mars 2012