Selon des témoins sur place, l’incident a été provoqué lorsque des habitants de Bab el-Tebbaneh ont accroché, la veille, des photos de Bachar el-Assad sur lesquelles ils ont écrit « le bourreau » et planté des drapeaux de l’Armée syrienne libre dans leur quartier. Les échanges entre les deux parties ont commencé hier dans l’après-midi après la prière du vendredi, qui a été suivie de deux manifestations anti-Bachar en plusieurs endroits de la ville.
Une explosion, très probablement une roquette de type Energa, a été entendue à Bab el-Tebbaneh dans l’après-midi. Une autre a eu lieu entre le quartier al-Saydeh et le marché au blé Souk el-Kameh, toujours à Bab el-Tebbaneh. Plusieurs habitants du secteur ont fui leurs domiciles. Les coups de feu ont été entendus après l’explosion des roquettes vers 15h15.
« Il y a une très importante présence armée et des tirs dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh et celui, alaouite, de Jabal Mohsen », a déclaré à l’AFP une source au sein des services de sécurité. « Une personne qui circulait en voiture à proximité a été blessée par les tirs », a-t-elle dit sous le couvert de l’anonymat.
Elle a indiqué que l’armée s’était déployée plus tôt dans la journée dans les deux quartiers mais qu’elle avait fini par se replier dans une rue séparant ces deux secteurs. « Deux soldats ont été blessés dans les affrontements », a encore dit cette source.
Un responsable du Parti arabe démocrate alaouite, Abdel Latif Saleh, a démenti les informations selon lesquelles des éléments du parti ont tiré en premier, soulignant la volonté des alaouites de se conformer aux directives de l’armée.
Sitôt après le déploiement de la troupe, celle-ci a demandé aux deux parties rivales de retirer les armes afin de permettre aux soldats de se redéployer dans les deux quartiers. Selon l’Agence nationale de l’information, l’armée a riposté aux tirs. C’est ce que confirme un habitant de Tripoli qui a affirmé à L’Orient-Le Jour que l’armée a réagi cette fois-ci fermement et avec détermination, contrairement aux précédents déploiements dans ce quartier névralgique où elle ménageait les deux parties.
En soirée, les échanges de coups de feu devaient reprendre de plus belle, alors que l’armée s’est déployée tout le long de la rue de Syrie qui sépare les deux quartiers. Une roquette est tombée en soirée dans la localité de Zahiriya.
Plusieurs contacts politiques ont été effectués pour mettre fin aux affrontements. De Paris où il se trouve, le Premier ministre, Nagib Mikati, est entré en contact avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, à qui il a demandé de prendre les mesures nécessaires pour juguler les incidents et ramener le calme dans la ville.
Le chef de l’État, Michel Sleiman, a appelé la troupe et les forces de l’ordre qui se trouvent sur le terrain à faire preuve de fermeté et à réprimer les fauteurs de troubles, insistant sur la nécessité pour les habitants des deux quartiers de se conformer aux directives de l’armée et des forces de l’ordre en vue de ramener le calme.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, a dénoncé les incidents qui, a-t-il dit, « coïncident avec les craintes formulées à propos de certains plans suspicieux visant à transformer la ville de Tripoli en une arène sur fond de crise syrienne ». Selon lui, le Liban deviendrait ainsi une plate-forme à partir de laquelle se déclencheraient des guerres civiles qui s’étendraient à toute la région. Et le ministre d’en appeler aux forces de l’ordre qu’il a invitées à œuvrer en vue de parvenir à un règlement solide afin de faire échec à la discorde.
Pour sa part, le chef du conseil de commandement du mouvement islamique al-Tawhid, cheikh Hachem Minkara, a regretté les incidents de Tripoli qui sont, selon lui, « un moyen d’attiser la discorde ». Le dignitaire sunnite a refusé le principe de transposer au Liban la crise syrienne.
Le député du courant du Futur, Khaled Zahraman, a indiqué dans un entretien que les réunions se poursuivent afin de prévenir tout dérapage à Tripoli aussi bien qu’au Akkar. Il a espéré que la voix des « sages » puisse être plus entendue que celle des fauteurs de troubles, mettant en garde contre les risques de zizanie. « À l’ombre des dangers qui nous guettent, nous devons être prudents et tabler sur le dialogue comme moyen de consolider la scène libanaise », a-t-il dit.
En soirée, on devait apprendre qu’une réunion a groupé, au domicile du député Mohammad Kabbara, les parlementaires de la ville avec leur collègue Ahmad Karamé, dépêché par le Premier ministre, et plusieurs notables de Tripoli.
commentaires (6)
le problème,dans cette histoire étrangère syrienne,c'est que personne n' a tout à fait tort et personne n' a tout à fait raison...pour l'avoir expérimentée,nous avons tous ce qu'une occupation syrienne veut dire...whouch...mais pour nous en douter,et même plus que çà(cf Nahr el Bared entre autres) nous avons ce qu'une Syrie soumise au bon vouloir des islamistes voudrait dire,aussi...oh,certes,rien n'est si simple...mais nous voyons bien ce qui se passe chez nous,non?Un Sud,soumis au Hezb et affidés...un Nord,de plus en plus soumis aux salafistes et affidés....nous savons bien ce que çà signifie,non?Comme d'habitude, on va me dire que j'accorde de l'importance à ce qui n'en a pas...mais le point commun entre les deux,ce sont les interdictions...les bikinis,les maillots pour femmes,l'alcool,le cochon,la musique non approuvée etc...mais çà,monsieur,c'est important,très important...quoiqu'on en pense!Laziza,Alamza,et Liban Libré...en fait,ils nous font chier...
GEDEON Christian
07 h 28, le 12 février 2012