Toufayli : Des responsables du Hezbollah prêts à s’allier avec Israël pour contrer un « flux sunnite » de Syrie

L’ancien secrétaire général du Hezbollah, Sobhi Toufayli, entré en dissidence depuis de longues années, a affirmé que certains milieux au sein de cette formation pourraient envisager de s’allier avec Israël pour faire face à un éventuel « flux sunnite » en provenance de Syrie.
« La politique iranienne assume la responsabilité de ce qui s’est passé au Liban. Elle va finir par faire du tort aux musulmans au lieu de les rassembler », a estimé cheikh Toufayli dans une interview lundi soir à la MTV.
« Téhéran ploie aujourd’hui sous la pire forme de dictature », a-t-il dit, accusant le Hezbollah de pratiquer « le suivisme aveugle » à l’égard de l’Iran et qualifiant d’« hérétique » le dogme du wilayet el-faqih. « Certains (au sein du parti) craignent de perdre leurs positions et ne se préoccupent que de satisfaire le maître iranien. Si j’étais du genre à tenir l’encensoir, je serais toujours secrétaire général », a-t-il ajouté.
Selon lui, les Iraniens ont « contraint le Hezbollah à utiliser ses armes à l’intérieur le 7 mai 2008, semant ainsi la discorde entre sunnites et chiites. Nous risquons d’en payer le prix aujourd’hui, car le flot va venir de Syrie ».
Et de poursuivre : « Le conflit en Syrie s’élargit. Il y a un glissement vers la guerre civile et le Liban peut en subir fortement les conséquences. Voilà pourquoi nous devons réfléchir sérieusement au problème. Si nous révisons certaines de nos positions, nous serons en mesure d’empêcher que le Liban ne brûle, faute de quoi, et du fait de nos frontières ouvertes, il y aura un flux d’armes et d’hommes contre lequel l’arsenal du Hezbollah sera impuissant. »
« Certaines personnes proches de la direction du Hezbollah affirment qu’elles envisageraient une alliance avec Israël pour faire face à ce flux en provenance de Syrie », a ajouté cheikh Toufayli, exhortant les deux camps politiques au Liban (14 et 8 Mars) à « bien comprendre ce qui se passe » et à réunifier les rangs libanais.
Défendant le droit des peuples à la démocratie, il a jugé « clair » qu’au bout du compte, « le régime syrien va tomber », estimant que la Russie risque de « l’abandonner à tout instant ». « L’Iran et le Hezbollah n’auraient pas dû soutenir le régime syrien aux dépens des autres », a-t-il dit. Pour lui, le projet iranien consiste en l’instauration d’un « empire perse » dans la région. « Les chiites n’en sont que la chair à canon. »
Cheikh Toufayli a par ailleurs estimé que le Hezbollah a « commis une erreur en formant le gouvernement sans le 14 Mars ». « Il aurait dû anticiper sur l’arrivée du printemps arabe en Syrie », a-t-il souligné, appelant par ailleurs le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à « procéder à une révision sur de nombreuses questions ».
« Le printemps arabe va s’étendre sur l’ensemble des États arabes. Il pourrait même atteindre l’Iran. Il faudrait d’ailleurs qu’il l’atteigne », a-t-il conclu.