Assise sur un banc de bois éraflé dans le jardin Gibran Khalil Gibran, place Riad el-Solh, où les parents de centaines de détenus et disparus libanais observent un sit-in permanent depuis le 11 avril 2005 jusqu’à ce que le sort des leurs soit enfin révélé, Marie Mansourati boit nerveusement un café noir. Silencieusement résignée, le visage marqué par la souffrance, elle raconte : « Dany avait des problèmes de santé. Il était atteint à la bouche. Il ne pouvait pas manger ni parler. C’est lorsque son état de santé s’est amélioré que nous nous sommes rendus en Syrie, pour visiter ma famille. »
Marie Mansourati est d’origine syrienne, « mais je n’ai jamais vécu en Syrie ». « Je suis née au Soudan et j’ai toujours vécu au Liban, poursuit-elle. Je suis l’aînée de ma famille et lorsque je me suis mariée, ma famille est rentrée à Damas. »
Depuis l’arrestation de son fils, Marie Mansourati n’a pas eu de ses nouvelles. « Nous avons tapé à la porte de tous les responsables et de toute personne susceptible de nous aider, tant à Beyrouth qu’à Damas, raconte-t-elle. J’ai été voir le président de la Chambre, Nabih Berry, puis feu le président de la République, Élias Hraoui et son épouse, l’ancien président de la République Émile Lahoud et son épouse... J’ai vu plusieurs autres responsables. Mais personne n’a rien fait pour nous. Ils ont peur pour leurs postes. Nombreux sont ceux qui se sont montrés solidaires de l’affaire de Dany. Mais leur solidarité ne s’est jamais traduite en actes. Au cours de ces vingt dernières années, je n’ai jamais pu revoir mon fils. »
Pendant plusieurs années, Marie Mansourati a ignoré les raisons pour lesquelles Dany a été arrêté. Des rapports non officiels ont suggéré qu’il était détenu par les services de renseignements des forces aériennes syriennes à Damas, version confirmée par un rapport récent d’Amnesty International sur les disparus libanais. D’autres informations disaient qu’il serait mort sous la torture au début de l’année 1994, ou encore exécuté. Selon ce rapport, le gouvernement syrien a informé, en juillet 1994, le rapporteur spécial des Nations unies pour les exécutions arbitraires, sommaires et extrajudiciaires que Dany Mansourati a été jugé et déclaré coupable d’espionnage et condamné à mort. Mais sa famille n’a jamais eu des clarifications de la part du gouvernement syrien concernant son sort ou le lieu de sa détention, précise Amnesty International.
« Mon fils n’a jamais été en Israël », insiste-t-elle. Maintenant tant bien que mal son calme, elle reprend : « Lorsqu’il a été enlevé, il était sur le point de se marier. Cela fait vingt ans qu’il croupit dans les prisons syriennes. Je sais qu’il est encore vivant. Récemment, un homme est venu me donner une lettre de mon fils, dans laquelle il disait qu’il était emprisonné à Sednaya. J’ignore où il se trouve à présent. »
« Je m’adresse à Bachar el-Assad et je l’appelle à libérer nos enfants, dit Marie Mansourati. Que Dieu lui vienne en aide en cette période difficile. Lui aussi est un père. Il doit connaître la valeur des enfants. »
« Qu’il libère nos enfants, insiste-t-elle encore au bout d’un moment de silence. Nous vieillissons. Nous ne vivrons plus longtemps. Nous voulons les revoir avant de quitter ce monde. Que Dieu lui attendrisse le cœur. Bachar el-Assad, rendez-nous nos enfants. »
commentaires (5)
On attend les actes de GMA...qui avit promis....mais les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent...jamais ceux qui les font,n'est ce pas?
GEDEON Christian
05 h 44, le 06 octobre 2011