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Liban - Feuille de route

Anima

Il est dit, quelque part dans la kabbale, qu’à moins qu’Adam et Ève ne soient l’un face à l’autre, Dieu ne peut s’asseoir sur Son trône.
Je n’ai point le privilège d’appartenir à la gent féminine ; c’est probablement mon anima qui a été profondément heurté par la position hostile de Dar el-Fatwa au projet de loi sur la protection de la femme contre la violence familiale. Bien plus en tout cas que par les piètres justifications apportées par Michel Aoun, voici quelques jours, à l’absence de personnalités féminines au sein du nouveau cabinet. Si le général Aoun garde à l’esprit – il l’a d’ailleurs reconnu – que l’immense majorité de son public est féminine, il sait aussi que ce dernier, sans doute charmé par un langage vert de bad guy qu’il assimile à de l’intrépidité et de la sincérité, ne lui tient jamais rigueur de ses incartades. Sans compter que ce public féminin avait déjà applaudi à la campagne orange de séduction « sois belle et vote », lors de la campagne électorale de 2009. Le message sublime et subliminal est donc le suivant : sois belle, applaudis-moi, vote pour moi... mais bon vent ensuite, parce que tu n’es pas encore habilitée à être aux commandes...
Mais trêves de plaisanteries. Parce que l’indigeste littérature offerte la semaine dernière par Dar el-Fatwa ne s’y prête guère, d’autant que l’on apprend en plus de sources bien informées que le mufti de la République aurait agi dans ce sens non par conviction, mais uniquement pour régler des comptes.
Plus que jamais, la bataille actuelle, à l’échelle de la région, oppose conservateurs et réformateurs, libéraux et « communautariens ». La bataille, transversale, fait rage aussi au sein de tous les camps politiques libanais et de toutes les communautés libanaises. Elle porte même sur tous les niveaux de la vie en société. Une question cependant : jusqu’à quand démocrates et réformateurs accepteront-ils d’être otages de certaines instances communautaires obscurantistes qui veulent organiser la vie civile sur des modèles anachroniques, sans prendre en compte la modernité ?
Du dernier communiqué de Dar el-Fatwa aux exclusives du Hezbollah, et de son bras régulier, le Conseil supérieur chiite, sur le monopole de la violence légitime ou, pire encore, sur le rejet d’un statut personnel civil, en passant par la ligue abjecte d’intérêts, emmenée notamment par le Centre catholique d’information, qui protège et promeut la censure... il est grand temps que nos soutanes et turbans sachent se faire oublier, au lieu de prendre des positions qui les déshonorent, et avec eux la religion qu’ils représentent.
Est-il si difficile de comprendre, au XXIe siècle, que la finalité de la personne humaine, quelle que soit son identité, sa religion, sa couleur, sa spiritualité, est tellement plus importante qu’une açabiya communautaire ou identitaire ?
Cela ne commence-t-il pas par la nécessité de rendre aux femmes tout ce qui leur revient de droit, et beaucoup plus encore ?
Il le faut. Sinon, « Dieu ne pourra jamais s’asseoir sur Son trône ». Et ce ne sera pas la faute à Voltaire, mais bien à ceux qui prétendent Le servir sur terre.
Il est dit, quelque part dans la kabbale, qu’à moins qu’Adam et Ève ne soient l’un face à l’autre, Dieu ne peut s’asseoir sur Son trône. Je n’ai point le privilège d’appartenir à la gent féminine ; c’est probablement mon anima qui a été profondément heurté par la position hostile de Dar el-Fatwa au projet de loi sur la protection de la femme contre la violence...

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