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Liban - Sécurité

Heurts sanglants à Tripoli entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen

Dans le sillage des événements de Syrie, des heurts ont éclaté hier à Tripoli, faisant six morts, dont un militaire. Le Premier ministre a indirectement accusé le courant du Futur d’avoir fomenté les incidents, s’attirant une volée de démentis.

Démonstration anti-Assad à Tripoli, à la sortie de la mosquée Hamzé. Photo Amro Ibrahim

La répression impitoyable des soulèvements populaires en Syrie, depuis mars dernier, a indirectement conduit hier à des affrontements qui ont fait six morts et un nombre indéterminé de blessés à Tripoli, selon un décompte de l’AFP basé sur des sources hospitalières.
Les heurts ont éclaté dans les quartiers sensibles de Bab el-Tebbané et Jabal Baal Mohsen, qui sont régulièrement le théâtre d’accrochages entre sunnites et alaouites. Ils ont coïncidé avec la présence, à Tripoli, du Premier ministre, Nagib Mikati, venu initialement prier et prendre un bain de foule dans son fief. Ce dernier a commis l’erreur d’insinuer, dans le feu de l’action, que les heurts avaient été provoqués par le courant du Futur, en affirmant que « ceux qui se croient plus forts que l’État se trompent », ce qui lui a valu une volée de réponses des membres de ce courant, qui ont absolument nié toute implication dans ces incidents.
« C’est peut-être le décès de l’un de ses plus importants agents de sécurité qui l’a poussé à détourner vers nous ses accusations », a répliqué notamment le député Ahmad Fatfat.
Parmi les morts figurent un soldat de l’armée libanaise, Mahmoud Abdel Hamid, le responsable militaire du Parti arabe démocratique (PAD- alaouite), Ali Farès, et un adolescent de 14 ans (sunnite). Au terme de la journée, et malgré des déclarations musclées du Premier ministre et des responsables de l’armée, les habitants, craignant le pire, commençaient à quitter les quartiers des affrontements.
L’armée s’est déployée massivement dans la zone après le début des heurts. Elle a annoncé dans un communiqué avoir été la cible « de coups de feu » et qu’elle menait actuellement des perquisitions pour arrêter les hommes armés et rétablir l’ordre.
En dépit du déploiement de l’armée, dont le commandement a averti qu’il tirerait à vue sur tout milicien, des tirs étaient entendus et des hommes en armes des deux camps étaient toujours visibles dans la soirée.
Auparavant dans la journée, un millier de jeunes, membres de la Ligue des étudiants musulmans et étudiants syriens à l’Université libanaise, s’étaient rassemblés à la sortie de la prière du vendredi, à la mosquée Hamzé, dans le quartier de Kobbé, pour manifester contre le régime du président syrien Bachar el-Assad. Des pierres avaient été jetées sur les manifestants par des partisans du régime baassiste qui les attendaient, place al-Nour, et, de fil en aiguille, la situation avait dégénéré, tandis que des heurts éclataient entre Bab el-Tebbané et Baal Mohsen.
C’est le visage grave que le Premier ministre a déclaré, à la nouvelle des affrontements, que « la paix civile est une ligne rouge » à ne pas franchir, ajoutant : « Je suis certain que la situation sera réglée ce soir même. »
En cours de journée, M. Mikati avait reçu la représentante de l’Union européenne au Liban, qui lui avait transmis les vœux de la communauté européenne pour la formation du gouvernement. En soirée, toutefois, M. Mikati a annulé sa participation à une cérémonie prévue à l’occasion de la formation de son gouvernement, cette semaine.
Le ministère de l’Éducation nationale, pour sa part, après quelques heures d’hésitation, a sagement décidé d’ajourner provisoirement les épreuves officielles prévues aujourd’hui à Tripoli.
Les troubles en Syrie, où la minorité alaouite est au pouvoir, ont provoqué le mois dernier un exode vers Wadi Khaled, au Liban, de villageois de Tel Kelakh, qui ont fui un assaut de l’armée de Damas contre leur village. Les heurts d’hier s’inscrivent dans le cadre d’une exacerbation des sentiments sectaires, à mesure que la crise en Syrie se prolonge et se durcit.

Syriens arrêtés au Liban
Jeudi soir, près de 400 personnes, dont des islamistes, avaient déjà manifesté contre la répression en Syrie et déchiré des portraits du Premier ministre , pour protester contre la dégradation d’un portrait de Saad Hariri.
Les manifestants, qui ont scandé des slogans hostiles au régime de Bachar el-Assad et insulté le président syrien, avaient brièvement bloqué l’entrée nord de Tripoli, avant de se disperser.
Ils protestaient initialement contre l’éventualité de la remise aux autorités syriennes d’un Syrien arrêté au Liban aux côtés de huit autres compatriotes, avant qu’un député local ne leur assure que le détenu allait être remis prochainement en liberté.
Les circonstances de l’arrestation de ces neuf Syriens n’ont pas été clarifiées. Ils étaient venus avec la vague de réfugiés fuyant les violences dans les localités syriennes frontalières du Liban et plusieurs appels ont été lancés pour leur libération.

Suivi officiel
Les incidents de Tripoli ont été suivis de près par le chef de l’État, le président Michel Sleiman, qui a reçu hier à Baabda les nouveaux ministres de la Défense et de l’Intérieur, Fayez Ghosn et Marwan Charbel, ainsi que le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi. Les déclarations musclées des uns et des autres resteront toutefois lettre morte, tant qu’un ramassage des armes ne se produit pas, de part et d’autre de la rue de Syrie, qui départage les quartiers ennemis, estiment les observateurs. Sans compter les accusations gratuites qui jettent de l’huile sur le feu...
À cet égard, le responsable politique du PAD, Ali Eid, a affirmé hier : « Selon des informations, le chef des services de renseignements des FSI, Wissam Hassan, a participé à une réunion présidée par l’émir Bandar ben Sultan, dans un pays arabe, et une décision a été prise de rallumer la discorde entre sunnites et alaouites, d’abord à Tripoli, ensuite au Akkar, et enfin en Syrie. Mais nous leur disons : nous ferons échouer ce plan. »
La répression impitoyable des soulèvements populaires en Syrie, depuis mars dernier, a indirectement conduit hier à des affrontements qui ont fait six morts et un nombre indéterminé de blessés à Tripoli, selon un décompte de l’AFP basé sur des sources hospitalières. Les heurts ont éclaté dans les quartiers sensibles de Bab el-Tebbané et Jabal Baal Mohsen, qui sont...

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