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Liban - Crise

Roumieh, nouvelle flambée de colère des détenus, et nouveau retour au calme

Devant le Palais de justice, l'angoisse des mères était au rendez-vous.

Les familles des détenus ont fermé en début de soirée la route de l’aéroport en brûlant des pneus.

Les forces de l'ordre sont parvenues, une fois de plus, à rétablir le calme dans la prison de Roumieh, au lendemain des émeutes les plus graves que ce pénitencier ait connu, au cours des dernières années.
La tension était remontée à Roumieh à l'issue d'une prise d'otages dans le bloc D, le plus dur, où des détenus avaient séquestré une heure durant deux gardiens qui accompagnaient trois employés chargés de la distribution de la nourriture.
Mais la menace d'un recours aux forces d'intervention des FSI et de l'armée devait mettre fin au mouvement d'insubordination.
L'action s'est ensuite transposée devant le Palais de justice de Beyrouth, devant lequel plusieurs dizaines de mères de détenus ont manifesté leur angoisse, leur révolte et leur colère. Ce qu'elles réclament, c'est d'avoir des nouvelles sûres de leurs enfants et le bilan exact de l'assaut de la nuit de mardi à mercredi, qui a mis fin à la mutinerie. Dans un moment d'hystérie, l'une d'elles a même tenté de s'immoler par le feu, en apprenant que son fils avait été tué. Elle en a été empêchée par les forces de l'ordre et s'est finalement évanouie. Des pierres ont été jetées sur le Palais de justice et la vitre du bureau du magistrat Raja Hamouche a été brisée. Les manifestantes se sont promis de revenir à la charge aujourd'hui.

Rumeurs incontrôlées
Selon des rumeurs incontrôlées, en effet, l'assaut aurait fait deux tués et plusieurs dizaines de blessés. Les FSI ont démenti ces chiffres, précisant que l'assaut n'a fait que 4 blessés, mais qu'effectivement, deux hommes ont été tués, l'un, Roy Azar, par l'explosion d'une bombe sonore qu'il manipulait, et le deuxième des suites d'une crise cardiaque.
Toutefois, les parents doutent de la transparence de ce bilan. Ce doute est alimenté par des informations qui leur parviennent de l'intérieur du pénitencier même, où certains détenus possèdent des téléphones mobiles, pourtant strictement interdits dans l'enceinte de la prison. Elles réclament donc qu'une commission de contrôle neutre les rassure.
Une journaliste de télévision, Ghada Eid, a été jusqu'à menacer de faire des révélations embarrassantes au sujet du scandale de la banque al-Madina, si une suite n'est pas donnée à la demande des parents. De telles déclarations confirment les soupçons de certains milieux, qui estiment que la mutinerie et les désordres qui l'accompagnent, dans certaines régions, sont le résultat d'une manipulation politique.

Les portables
De son côté, l'ambassadeur Ali Akil Khalil, représentant l'Organisation internationale des droits de l'homme au Liban et au Moyen-Orient, a accompagné une délégation de mères au bureau du directeur général du ministère de la Justice, Omar Natour. Ce dernier a promis de transmettre leurs demandes au ministre de l'Intérieur.
M. Khalil possède une liste de noms de détenus dont les parents cherchent à avoir des nouvelles, sans y parvenir. Toutefois, la loi d'airain de l'ordre ayant empêché les responsables de la prison de faire des exceptions humanitaires pour la circonstance, et de permettre ou de prolonger les visites, l'angoisse des parents ne retombe pas. Mardi, M. Khalil avait été autorisé à pénétrer à l'intérieur de la prison, mais en est ressorti sans avoir pu rencontrer certains des détenus dont les noms figuraient sur sa liste.
Du chef de l'État aux commissions des droits de l'homme et de la justice, en passant par les ministres de l'Intérieur et de la Justice, le procureur de la République et le directeur général des FSI et le commandant des FSI, tous les responsables concernés se sont penchés hier sur la situation de Roumieh.
Le transfert de la direction des prisons du ministère de l'Intérieur au département de la Justice est un fait déjà acquis, que le chef de l'État a demandé de préparer plus activement. Entre-temps, le président Sleiman a insisté pour que les droits humanitaires des prisonniers soient assurés dans la mesure du possible.
Temporairement, à l'initiative de Ziyad Baroud, le général Rifi a nommé une commission d'officiers secondés par des ingénieurs du Haut Comité des secours, pour répondre aux besoins de modernisation du pénitencier sous tous les aspects possibles, y compris alimentaire et médical.

Repas chauds
Pratiquement, un traiteur a été chargé d'acheminer des repas froids et chauds aux détenus, en attendant la réparation des cuisines et des circuits électriques carbonisés ou vandalisés, et des milliers de matelas remplaceront ceux qui ont été brûlés durant la mutinerie.
Pour leur part, les commissions parlementaires ont pris des recommandations qui, si elles sont mises en application, pourraient sérieusement contribuer à une baisse de la tension dans les prisons : offrir aux magistrats des incitations financières pour accélérer les jugements, débloquer 7,5 milliards de livres pour construire de larges salles d'audience près des prisons, lutter contre la corruption au sein des prisons, etc. De l'avis du député Samy Gemayel, l'accélération des jugements pourrait rapidement permettre la libération de quelque 700 détenus.
Les forces de l'ordre sont parvenues, une fois de plus, à rétablir le calme dans la prison de Roumieh, au lendemain des émeutes les plus graves que ce pénitencier ait connu, au cours des dernières années.La tension était remontée à Roumieh à l'issue d'une prise d'otages dans le bloc D, le plus dur, où des détenus avaient séquestré une heure durant deux gardiens qui accompagnaient...

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