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Liban - Éclairage

Des efforts syro-saoudiens pour prolonger « la trêve d’avant l’acte d’accusation »

Ceux qui attendent des révélations retentissantes sur le dossier du TSL ou des faux témoins dans le discours du secrétaire général du Hezbollah ce soir seront déçus. Sayyed Hassan Nasrallah respecte le délai qui lui a été demandé par les autorités syriennes pour donner du temps aux efforts de règlements diplomatiques à travers les contacts syro-saoudiens avec les instances internationales. Tout avait commencé au cours du sommet syro-saoudien du 29 juillet. Au cours de ses entretiens avec le roi Abdallah, le président syrien aurait transmis à ce dernier la position du Hezbollah qui refuse toute accusation portée contre l'un de ses membres dans le cadre de l'acte d'accusation du TSL. Selon des sources libanaises proches de la Syrie, Assad aurait ajouté qu'il approuve cette position et il aurait demandé au roi d'utiliser ses contacts et son influence pour convaincre en particulier les Américains qu'un acte d'accusation incriminant des membres du Hezbollah serait néfaste pour le Liban. Le roi aurait alors demandé un délai de deux semaines pour voir ce qu'il pouvait faire. Cette proposition avait été transmise au Hezbollah et sayyed Nasrallah avait accepté d'attendre avant de faire « ses fameuses révélations ». Aussitôt, une véritable campagne diplomatique s'était mise en branle. Sitôt achevé le sommet tripartite de Beyrouth, le président syrien avait envoyé un émissaire, un homme d'affaires syrien ayant ses entrées à l'Élysée, au président français. Selon les sources libanaises proches de la Syrie, l'émissaire aurait expliqué au président français de la part de son homologue syrien les éventuelles retombées négatives sur la situation libanaise d'un acte d'accusation qui incriminerait des membres du Hezbollah. L'émissaire aurait ainsi rappelé que la Syrie est passée par une étape similaire, lorsqu'elle a été accusée « politiquement » d'être derrière l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Cette accusation avait causé beaucoup de tort aux relations libano-syriennes et provoqué un isolement international de la Syrie, alors que lorsqu'elle a été sollicitée - et elle l'a prouvé concrètement - la Syrie a joué un rôle positif au Liban, de l'avis même du président Sarkozy. L'émissaire syrien aurait évoqué au passage la précarité de la situation au Sud et la présence d'un important contingent français au sein de la Finul. Les sources libanaises proches de la Syrie précisent qu'au début, le président français n'aurait pas été réellement convaincu de cette théorie, mais le président Assad avait tenu à envoyer cet émissaire dans le but de lancer une campagne préventive et en connaissant le rôle de la France dans l'adoption de la résolution 1559. En parallèle, le leader du PSP Walid Joumblatt s'était rendu à Paris, avec l'aval du président syrien, où il avait rencontré, entre autres, le secrétaire d'État adjoint pour les Affaires du Moyen-Orient Jeffrey Feltman. Selon les sources précitées, Joumblatt aurait rappelé à Feltman le rôle de l'administration américaine dans la formation du TSL et dans la résolution 1559, précisant qu'il faudrait stopper le processus. Joumblatt avait été suivi de peu par l'émir saoudien Moqren, qui avait aussi évoqué cette question avec les autorités françaises et américaines. L'émir est revenu en réclamant un délai supplémentaire jusqu'après la fête du Fitr. Cette fois encore, la demande a été transmise à Nasrallah qui a accepté de s'y conformer. En même temps, des délégations des partis nationalistes libanais se sont rendues auprès des ambassades russe et chinoise pour leur remettre un mémorandum sur le TSL, puisque ces deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité, qui est l'autorité internationale qui supervise l'action du TSL.
À une semaine de la fin officielle du délai sollicité pour mener des contacts au sujet de l'acte d'accusation, le procureur Daniel Bellemare a annoncé, dans une interview à un média libanais, que l'acte d'accusation ne paraîtra pas au cours du mois de septembre, mais « le plus rapidement possible », alors qu'un chef d'État européen aurait confié à un autre média libanais que l'acte d'accusation est prévu pour le mois de décembre et un autre responsable occidental aurait déclaré que la décision serait entre les mains des États-Unis. L'annonce de Bellemare constitue-t-elle le début d'un processus qui serait le fruit des efforts diplomatiques entrepris par la Syrie et l'Arabie saoudite et qui viserait, soit à modifier le contenu de l'acte d'accusation, soit à le laisser en suspens pour une longue période de temps ? Ou au contraire ne s'agit-il que d'un léger report avec un contenu inchangé ? La question est actuellement sans réponse, et le Hezbollah se conforme à la demande de ne pas évoquer ce qu'il considère comme les failles de l'enquête internationale et celles du TSL, en continuant toutefois à préparer ses dossiers et en promettant de les divulguer au cas où... Selon des sources proches, le Hezbollah reste très circonspect sur cette question et il estime que la campagne orchestrée contre lui est loin d'être achevée. Mais il ne veut pas court-circuiter les efforts déployés par les médiateurs de bonne volonté.
Ceux qui attendent des révélations retentissantes sur le dossier du TSL ou des faux témoins dans le discours du secrétaire général du Hezbollah ce soir seront déçus. Sayyed Hassan Nasrallah respecte le délai qui lui a été demandé par les autorités syriennes pour donner du temps aux efforts de...

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