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Liban - Le commentaire

Le problème de l’armement, un casse-tête libanais

Quarante-quatre jours pour résoudre le problème de l'armement du Hezbollah : le 19 août, le comité du dialogue national se réunit pour en traiter. Plus exactement, pour avaliser une solution découlant des tractations qui battent déjà leur plein, ou pour se séparer sur un nouveau constat d'impasse. Avec risque de crise majeure à la clé. Car tout le monde convient que l'enjeu est tout à fait crucial. Les uns en soutenant que le maintien de l'armement est vital, les autres qu'il est mortel. Du moins depuis ce sinistre 7 mai, où l'on a vu la Résistance se dégrader en milice pour attaquer l'intérieur, Beyrouth, la Montagne et la région de Chtaura dans la Békaa.
Sur ce sujet grave, les Libanais sont donc divisés. Le 8 Mars affirme que le potentiel militaire du Hezbollah raffermit considérablement les capacités nationales, canalisées par l'armée, de faire front à Israël. Il a prouvé son efficacité durant la guerre de juillet 2006. Son abandon affaiblirait le Liban et le laisserait à découvert, à la merci des agressions israéliennes.
Le 14 Mars réplique que seule une logique d'État de droit, disposant seul des armes, et qui n'aurait pas deux armées mais une seule, peut protéger le pays de l'anarchie intérieure. De même que cette logique reste seule valable aux yeux de la légalité internationale, autorité présente pour prévenir ou condamner et stopper les agressions, comme on l'a vu en 2006. Il faut donc coller à cette légalité, en complétant l'application de Taëf qu'elle cautionne, ainsi que ses propres résolutions, la 1559 et la 1701 en tête.
Mais comme moins par plus donne moins, le négatif l'emporte sur le positif. Du fait même de la menace qu'il représente, l'armement du Hezbollah reste intouchable : qui s'y frotte s'y pique, dit l'adage, et nul ne s'y risquerait. À supposer que les forces régulières décidaient de désarmer le Hezbollah de force, ce qui est impensable, dès qu'elles se mettraient en mouvement, le pays se retrouverait plongé dans la guerre civile.
En fait, comme l'ONU et l'Occident en ont eux-mêmes convenu, après l'essai israélien de 2006, il ne peut y avoir de désarmement du Hezbollah qu'à l'amiable. À ce propos, l'ONU et l'Occident s'en remettent aux Libanais. En faisant erreur sur la personne. Car seul le tandem irano-syrien a suffisamment d'influence sur le Hezbollah pour le persuader de remettre ses armes à l'État libanais, ou d'intégrer ses unités combattantes à l'armée libanaise. Or on ne voit pas pourquoi l'Iran et la Syrie, pour qui l'armement du Hezbollah et le front toujours semi-ouvert du Liban-Sud sont des cartes maîtresses face aux USA, serviraient la cause de l'État libanais. En allant plus loin, on peut estimer que la Syrie ferait pression pour le désarmement, si elle récupérait le Golan. Mais il n'est pas du tout certain que l'Iran, qui a besoin d'une fenêtre sur la Méditerranée, suivrait son exemple. Et l'on sait combien le parti de Dieu est sensible aux vœux des ayatollahs de Téhéran.
Retour au pays. Comme il est évident que l'armement du Hezbollah est une question essentiellement liée à la lutte des axes extérieurs, le réalisme force les loyalistes à ne plus en exiger l'abolition pure et simple. Ce qu'ils demandent, désormais, c'est qu'il soit placé sous le contrôle de l'État. Le Hezbollah continuerait à le détenir, mais ne pourrait en faire usage que sur feu vert, ou instructions, de Yarzé. Autrement dit, la décision de guerre et de paix resterait exclusivement du ressort des autorités légales du pays.
Ce qui est d'autant plus sensé que le Hezbollah et ses alliés font eux-mêmes partie du pouvoir. Il ne cessent, de plus, d'exprimer la pleine confiance que leur inspire le chef de l'État, le président Michel Sleiman, partisan de l'équation « l'armée, le peuple, la Résistance ». Il se trouve être, constitutionnellement, le chef suprême des forces armées nationales. Il n'y a donc pas de raison qu'il ne puisse pas superviser tout armement militaire, légal ou non.
Quarante-quatre jours pour résoudre le problème de l'armement du Hezbollah : le 19 août, le comité du dialogue national se réunit pour en traiter. Plus exactement, pour avaliser une solution découlant des tractations qui battent déjà leur plein, ou pour se séparer sur un nouveau constat d'impasse. Avec risque de crise majeure...

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