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Liban - Social

« La petite plume », un magazine scolaire à objectif social

Des centaines d'enfants de Marjeyoun participent à la publication d'un magazine destiné à les rapprocher les uns des autres. À l'origine de ce projet, l'ONG italienne AVSI, qui intervient au Liban depuis 1996. À Marjeyoun, ces projets sont axés sur les domaines social, agricole et de la réhabilitation sanitaire.

L’eau de la source de Dardara bénéficie actuellement à trois villages du caza de Marjeyoun.

Dans le caza de Marjeyoun, au Liban-Sud, à la frontière libano-israélienne, des enfants de quelque onze collèges toutes communautés confondues apprennent à dépasser leurs différends politiques et communautaires par la plume. Ces petits journalistes en herbe, des classes EB6 et EB7 (respectivement 6e et 5e, selon l'ancien programme) prennent part à la rédaction d'un magazine, La petite plume. Éditée en trois langues, cette revue constitue une plate-forme qui leur permet de s'exprimer librement sur des sujets aussi différents que les fêtes religieuses, l'amour, la diversité culturelle, l'environnement...
Ce projet a été lancé par l'ONG italienne AVSI en 2007, dans le caza de Marjeyoun dans le cadre du Programme d'urgence Ross 1, mis en place par le gouvernement italien à travers le Bureau de coopération, au lendemain de l'offensive israélienne sur le Liban, pour venir en aide aux régions sinistrées.
« Le but de ce magazine est de rapprocher les enfants des différentes communautés, explique Maya Aoun, responsable des projets sociaux à AVSI. Il est important qu'ils se rencontrent et dialoguent pour surmonter cette peur qu'ils ont les uns des autres, notamment après la guerre de 2006. Je pense que nous réussissons à le faire. Nous n'avons pas la prétention de changer le monde. Nous travaillons à petite échelle, mais nous abordons toutefois des thèmes importants. »
À ses débuts, la production du magazine a englobé quatre écoles, publiques et privées, à Kfarkilla, Khiam et Marjeyoun. Dans l'année qui a suivi, treize écoles ont rejoint le projet. Aujourd'hui, dans le cadre de Ross 3, plus de 260 élèves de onze établissements scolaires sont impliqués dans l'édition de La petite plume.
« Après la guerre de 2006, les enfants se sentaient opprimés et souffraient sur le plan psychologique, ce qui se répercutait sur leurs études, remarque, pour sa part Pauline Abou Hamad Bou Daher, responsable du magazine. Nous ne cherchons pas à leur faire une thérapie, mais à leur permettre de s'exprimer. Les écoles ont applaudi au projet, d'autant que les activités parascolaires font défaut dans une grande majorité de ces établissements. Nous avons en plus donné l'opportunité aux professeurs et aux parents de s'exprimer dans les pages du magazine. »
Réparti sur 38 pages puis ramené à 16 pages pour des raisons essentiellement « logistiques », le magazine est distribué en 2 200 exemplaires dans les écoles du caza.

Défis
Quels sont les défis et les problèmes rencontrés ? « Le principal défi a été la mise en place du projet dans la région, explique Pauline Abou Hamad Bou Daher. Au départ, les directions des écoles refusaient que nous nous introduisions dans les classes pour traiter directement avec les élèves. Ce cap franchi, nous avons eu du mal à leur communiquer les valeurs de notre ONG qui n'établit pas de distinction entre les communautés et les appartenances politiques, mais qui accorde une importance à l'être humain. Nous avons dû leur expliquer aussi que nous ne cherchons pas à mobiliser les jeunes ou à changer leur éducation, mais à les aider. »
AVSI a de même dû résoudre des problèmes avec les enseignants dans les écoles qui ne voyaient pas d'un bon œil les membres de l'ONG intervenir au beau milieu du programme scolaire, « bien que le cursus scolaire prévoie une heure de technique rédactionnelle ». « C'est un problème qui persiste encore aujourd'hui », déplore Pauline Abou Hamad Bou Daher.
Et les enfants ? « Ils sont très enthousiastes, remarque-t-elle. Nous recevons d'ailleurs plusieurs centaines d'articles que nous devons relire et réarranger avant leur publication. » Et de préciser : « Nous avons introduit dans le magazine une rubrique intitulée "Pourquoi ?". Le but est de permettre aux enfants de poser de façon anonyme leurs problèmes et les questions qui les tourmentent. À travers cette rubrique, nous avons pu déceler chez un grand nombre d'entre eux des problèmes sociaux et psychologiques, ce qui nous a poussés à demander l'aide d'une psychologue. Aujourd'hui, l'équipe comprend en plus une psychomotricienne et une orthophoniste qui sont présentes essentiellement dans trois écoles. »
« Nous sentons que les enfants sont très avides d'entreprendre des activités, notamment les élèves dans les écoles publiques qui n'ont pas d'autres alternatives, ajoute Pauline Abou Hamad Bou Daher. Je n'imaginais jamais que les enfants puissent écrire aussi bien. On pense, à tort, qu'ils sont petits et qu'ils ne comprennent rien à la vie. Mon expérience avec eux m'a affirmé qu'ils sont plus sensibles que les adultes. »

Autres projets
La petite plume est l'un des nombreux projets de développement réalisés par AVSI à Marjeyoun. Présente au Liban depuis 1996, l'ONG a aidé à la mise en place de plus d'un projet sur l'ensemble du territoire dans des domaines aussi différents que la santé, la pédagogie, les aides alimentaires, l'agriculture et l'irrigation.
« Au lendemain de la guerre de 2006, nous avons distribué des ruches d'abeilles aux apiculteurs sinistrés de la région dans le cadre de Ross 1, ainsi que des poules et des vaches aux agriculteurs, explique Maya Aoun. Le tout était accompagné d'un support technique. Nous avons introduit aussi de nouvelles variétés d'arbres fruitiers et de plantes fourragères. Cette année, on va distribuer près de 350 ruches à 70 bénéficiaires. »
L'intervention d'AVSI à Marjeyoun s'est poursuivie dans les années qui ont suivi, mais d'une manière plus holistique, après une identification des besoins de la région. D'urgence ou de post-urgence, les projets ont revêtu au fil des années un caractère de développement et englobent trois secteurs : social, agricole et eau.
« Nous avons constaté que l'eau de la source de Dardara était sous-utilisée, sachant que trois villages (Khiam, Klayaa et Bourj el-Moulouk) bénéficient actuellement de son eau, poursuit Maya Aoun. Mais celle-ci était utilisée sur une initiative personnelle. Les pompes à eau étaient placées dans les canaux de drainage. À Khiam, on avait construit des canaux d'irrigation en béton, et du côté de Klayaa, les canaux étaient détériorés. »
L'ONG s'est chargée donc de construire des canaux d'irrigation souterrain en polyéthylène pour « une efficience maximale de l'eau », d'autant que sous l'occupation, les agriculteurs avaient délaissé leurs terrains pour travailler en Israël. « Notre objectif est d'offrir à la population de la région des moyens susceptibles de les encourager à rester dans leurs villages, remarque-t-elle. Avec ce projet, nous avons réussi avec 50 % moins d'eau à irriguer 40 % des terrains. Actuellement, nous pensons réhabiliter la partie sud de la plaine. Ainsi, toute la région sera irriguée. »

Cohabitation
« Le but principal de tous les projets réalisés dans le cadre de Ross 1 et 2 reste la cohabitation, remarque pour sa part Ghassan Srour, directeur du bureau de Marjeyoun d'AVSI. Celle-ci a été le plus sentie dans la plaine de Marjeyoun, en raison notamment des travaux d'irrigation, puisque la source de Dardara irrigue toute la plaine bénéficiant ainsi aux villages chiites et chrétiens qui l'entourent. Nous avons dans le cadre de Ross 2 et Ross 3 créé la Coopérative de Dardara pour gérer cette eau. Elle regroupe des personnes de Khiam, Klayaa et Bourj el-Moulouk. Notre rôle consiste à renforcer cette coopérative pour mieux gérer l'eau d'une façon équitable. »
Une étude a été également menée sur la partie sud de la plaine pour poursuivre les travaux de réhabilitation des canaux d'irrigation. Nous allons de même nettoyer les canaux de drainage pour améliorer encore plus l'irrigation.
Au niveau social, AVSI a mis en place le programme SAD (Soutien à distance) dans le cadre duquel plus de 250 enfants sont soutenus par des familles italiennes, principalement pour couvrir une partie des frais de scolarité. Pour d'autres familles, ce programme aide à couvrir des besoins urgents, l'achat du mazout à titre d'exemple.
Dans le caza de Marjeyoun, au Liban-Sud, à la frontière libano-israélienne, des enfants de quelque onze collèges toutes communautés confondues apprennent à dépasser leurs différends politiques et communautaires par la plume. Ces petits journalistes en herbe, des classes EB6 et EB7 (respectivement 6e et 5e, selon l'ancien programme) prennent...

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