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Liban

Des animaux de cirque alimentent la polémique

Que se passe-t-il au niveau du cirque appelé Monte-Carlo qui se produit actuellement au Liban ? Les soupçons d'une ONG portant sur le traitement des animaux sauvages et les papiers du cirque ont provoqué une inspection plus poussée du ministère de l'Agriculture en présence des militants.

M. Hélou (à gauche) et M. Akeif montrant les pattes du lionceau. En foncé, on distingue des taches de sang.

L'affiche du cirque qui se produit actuellement à Beyrouth, venant du Caire, montre des lions et des tigres aux gueules féroces. La réalité pourrait être bien différente.
Dès le week-end dernier, l'association « Animals Lebanon » avait eu vent de la présence des animaux en Jordanie, où ils ont été retenus trois jours de plus que prévu, en route vers le Liban. C'est la Fondation de la princesse Alia, qui s'occupe d'animaux, qui a ébruité l'affaire, déclarant qu'elle avait donné à manger aux six lions et trois tigres retenus aux frontières, et qui, selon elle, n'avaient pas été nourris. Des informations non encore confirmées ont fait état d'un refus des autorités jordaniennes de permettre au cirque de repasser par son territoire à son retour en Égypte.
Le cirque se produit donc depuis dimanche, avec plusieurs jours de retard. Hier, « Animals Lebanon » a obtenu du ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan, l'autorisation de se rendre sur les lieux en présence de plusieurs cadres du ministère, dont des vétérinaires, pour contrôler, d'une part, la santé des animaux, qu'on disait auparavant très fatigués et souffrant de déshydratation (selon les informations venues de Jordanie et les observations des militants le premier jour), et, d'autre part, les papiers que possèdent les propriétaires et les promoteurs, et qui seraient incomplets.
Sur place, hier, les cadres du ministère sont entrés une première fois dans le chapiteau qui abrite le cirque, sans les militants de « Animals Lebanon » qui, après des protestations, se sont joints à eux plus tard. La discussion était parfois vive avec les directeurs du cirque, notamment Mohammad el-Hélou, dresseur et propriétaire des animaux, et Hussein Amine Akeif, copropriétaire de la boîte libanaise qui produit les représentations du cirque à Beyrouth. Mais ceux-ci se sont pliés aux demandes de la délégation, fournissant ce qu'ils disent être les papiers légitimant leur affaire et le transport des animaux.
Les papiers fournis à la demande de « Animals Lebanon » comportaient un permis accordé par le ministère de l'Agriculture égyptien, un permis de la convention internationale de Cities (contre le trafic illégal des animaux sauvages), un certificat général de santé pour les animaux et une autorisation de transport des félins, ainsi qu'une attestation de leur appartenance à M. Hélou. Mais en ce qui concerne les documents les plus significatifs, les certificats vétérinaires de chaque animal, revendiqués par « Animals Lebanon », les directeurs du cirque avaient une excuse toute trouvée : les douaniers libanais qui, du fait que le Liban n'est pas signataire de Cities, ne sont pas au courant des procédures en pareils cas, ont gardé pour eux les originaux et n'ont plus fourni que quelques copies aux accompagnateurs des animaux, qui sont des assistants, selon eux. Le ministre de l'Agriculture aurait demandé que ces papiers lui soient fournis, et l'affaire devrait être éclaircie aujourd'hui.
Entre-temps, le rapport rédigé par les vétérinaires du ministère a été discuté par eux avec les militants de l'association, loin des médias. La teneur du rapport devrait être connue aujourd'hui après sa présentation au ministre.

« Contre les cirques du tiers-monde ? »
Interrogé sur les informations concernant un mauvais traitement des animaux et une privation d'aliments, l'entraîneur Hélou s'est vivement défendu. « Ces animaux étaient accompagnés de plusieurs personnes, et ils n'ont été privés d'aliments et d'eau aucun jour, a-t-il dit. Je suis entraîneur depuis 40 ans, et à ma retraite, j'ai emmené mes animaux avec moi et je prends très bien soin d'eux. » Il a précisé que les lions et les tigres sont nés en captivité en Égypte.
Pour sa part, M. Akeif s'est étonné de la réaction de la Fondation de la princesse Alia, affirmant que la princesse elle-même l'a contacté tout au long du périple des animaux et ne s'est jamais plainte de leur traitement. « Après tout, c'est la Jordanie qui nous a retardés avec ses formalités administratives », a-t-il dit.
M. Akeif n'a pas hésité à insinuer que les causes de l'attaque contre son cirque étaient politiques. « Pourquoi veulent-ils toujours nous mettre sous pression, est-ce parce que nous sommes du tiers-monde ? s'est-il écrié. Nos peuples ont droit au divertissement. Si tous les cirques d'Europe sont fermés, alors je fermerai moi-même le nôtre. »

Les griffes du lionceau
Parmi les animaux au centre du débat dans ce cirque, un lionceau femelle dont on a récemment retiré les griffes des pattes avant. Dans des clichés pris par « Animals Lebanon », il y a même des traces de sang sur ses pattes de devant, signes d'une opération récente. Au sein de l'association, on dénonce ce fait et on pense qu'il s'agit là d'une opération à but commercial afin que les « clients » puissent se faire photographier avec le lionceau sans danger. MM. Hélou et Akeif insistent que l'opération était nécessaire, le lionceau ayant contracté « une infection aux pattes ».
Interrogé sur ce point, Ali Hamadé, vétérinaire, pense qu'il est « impossible que le lionceau ait contracté une infection dans toutes les griffes de ses pattes en même temps ». « Cette opération est standard pour empêcher que l'animal ne soit capable de griffer les personnes, explique-t-il. Mais a-t-on donné à ce lionceau le temps de se remettre de l'opération ou l'a-t-on tout de suite traîné dans la foule ? »
Si effectivement des irrégularités sont constatées au niveau de ce cirque, quelle sera la réaction du ministère de l'Agriculture et qu'adviendra-t-il des animaux ? Des éléments de réponse devraient être fournis aujourd'hui.
L'affiche du cirque qui se produit actuellement à Beyrouth, venant du Caire, montre des lions et des tigres aux gueules féroces. La réalité pourrait être bien différente.Dès le week-end dernier, l'association « Animals Lebanon » avait eu vent de la présence des animaux en Jordanie, où ils ont été...

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