Yair Lapid a raison : les temps ont changé. Israël - bien qu'il continue de bénéficier du fort soutien politico-militaro-économique de la communauté internationale, les États-Unis en tête - n'inspire plus désormais beaucoup de sympathie aux Occidentaux. En d'autres termes, Israël n'est tout simplement plus « cool ». Même sur le plan artistique : que ce soit à Cannes ou à Venise, les seuls films israéliens à avoir été récompensés ces dernières années - à savoir Valse avec Bachir et Lebanon - sont ceux qui ont osé un regard critique sur l'État hébreu et plus précisément sur l'armée israélienne.
Pour Yair Lapid, la raison est bien simple : « Pour être aimé, il faut commencer par s'aimer soi-même. » « Nous n'avons pas été "cool" à nos propres yeux depuis un certain temps », écrit-il encore. Le rapport Winograd sur les ratés de la guerre du Liban en 2006, le rapport de l'ONU sur les « crimes de guerre » dans la bande de Gaza, ou encore l'inculpation de l'ancien président Moshe Katzav pour viol et harcèlement sexuel et celle de l'ancien Premier ministre Ehud Olmert, ainsi que de nombreux ministres, pour corruption, ont non seulement sérieusement terni l'image qu'avaient les Occidentaux de l'État hébreu, mais également celle que les Israéliens ont d'eux-mêmes.
L'arrivée de Barack Obama au pouvoir aux États-Unis a probablement également joué un rôle dans cette « prise de conscience » générale. Ainsi, de nos jours, la colonisation illégale - loin d'être « cool » - doit cesser, le « mur de sécurité » doit tomber, la création d'un État palestinien indépendant est une « nécessité » et les négociations de paix doivent reprendre sur la base des résolutions internationales et de la « feuille de route ».
Mais restons réalistes. Le fait que les Israéliens ne soient plus « cool » aux yeux du monde ne signifie certainement pas que les Palestiniens le sont. Loin de là. En fait, c'est tout le Proche-Orient - qui n'inspire que mort, destruction et violence - qui n'est plus « cool » du tout. Mais, après plus de 60 ans de guerre, qui d'autre que Yair Lapid oserait-il encore se demander pourquoi ?
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