"Allez-y, montrez au monde qui est vraiment l''État d'Israël". En ce lundi 31 mai, peu avant l'aube, c'est par ces ordres que l'incarnation du mal, un officier israélien dénommé Moshe Ben Eliezer dans le film, lance le signal de l'assaut contre une flottille d'aide humanitaire à destination de Gaza.
Quelques scènes de massacres -tournées cet hiver à bord du vrai Mavi Marmara- plus tard, l'heure de la vengeance a sonné: Polat Alemdar, justicier turc à mi-chemin entre l'agent secret et le chef de gang, arrive en Israël avec deux comparses, et il n'est pas content.
Son objectif: exécuter l'odieux Moshe, une mission dont il s'acquittera au terme de 110 minutes de fusillades ponctuées d'exactions commises par l'armée israélienne contre d'innocents civils palestiniens, comme l'enfouissement d'un enfant paralytique sous les ruines de sa maison.
Avant même sa sortie, le film a déjà créé la polémique: en Allemagne, où une avant-première prévue jeudi coïncidait avec les commémorations de l'Holocauste, une commission a décidé de l'interdire aux moins de 18 ans, en raison de son caractère violent et "propagandiste".
L'ambassadeur d'Israël en Turquie a pour sa part dénoncé des relents d'antisémitisme.
"Même dans les extraits, on voit qu'il s'agit d'un pamphlet (...) Il y a des généralisations relatives au peuple juif et quelques approches antisémites assez dérangeantes", a déclaré Gabby levy, cité par l'agence Anatolie.
"La Vallée des Loups", série très populaire diffusée en Turquie depuis 2003, avait déjà provoqué une controverse avec Israël en janvier 2010, en raison d'un épisode dans lequel Polat Alemdar prenait d'assaut une mission diplomatique pour sauver un enfant turc kidnappé par les services secrets israéliens.
Ses créateurs se défendent pourtant de tout sentiment antijuif.
"Nous n'avons aucun problème avec aucun peuple. Il n'y a pas d'antisémitisme là-dedans", a déclaré Necati Sasmaz, l'acteur incarnant Polat Alemdar.
L'ennemi, c'est le sionisme, pas les juifs, assure Bahadir Özdener, scénariste du film: "Nous pointons du doigt une idéologie fascisante et raciste, c'est elle que nous mettons à mort sous les yeux du public."
Une jeune et belle juive américaine est d'ailleurs entraînée dans les aventures de Polat, et finira par prendre fait et cause pour les Palestiniens.
Dans un contexte de fortes tensions entre Israël et la Turquie -Ankara exige des excuses et des compensations pour l'attaque du Mavi Marmara- le film fait néanmoins tiquer les milieux diplomatiques.
Un premier film sorti en 2006, "La Vallée des Loups - Irak", a attiré 4,25 millions de spectateurs.
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