Établie depuis quelques mois à la rue Gouraud, la galerie ArtLab* est dédiée exclusivement aux œuvres expressionnistes des artistes émergents du Moyen-Orient, indique son propriétaire Antoine Haddad.
Dans ce registre, ce dernier accueille, jusqu’au 30 novembre, une trentaine de tableaux en noir et blanc de Guylain Safadi, un peintre syrien trentenaire qui, depuis les événements qui saccagent son pays, a perdu, dit-il, sa «perception de la couleur».
Réunies sous l’intitulé «Ashes» («Cendres»), les acryliques sur toile ou sur carton qu’il accroche aux cimaises de la galerie beyrouthine offrent, pour la plupart, des portraits groupés de personnages disparates. Comme ceux qui jaillissent au hasard d’un songe sombre, d’un cauchemar rêvé ou réel et dont il ne reste que des souvenirs déchiquetés, des lambeaux de mémoire...
Des scènes, à l’imagerie mêlant le naïf et l’onirique, sécrétant, à travers un alignement de personnages hétéroclites aux regards sombres, tristes ou fuyants, une atmosphère de profonde angoisse. Des silhouettes qui semblent ployer sous une invisible mais omniprésente chape de plomb... Têtes courbées, bras pendant le long du corps, yeux las... La souffrance s’exprime dans les postures des membres de cette tribu d’opprimés qui peuplent les toiles de Safadi. Et qui, du clown – forcément triste – aux arlequins masqués, en passant par les personnages traditionnels, les femmes nues ou encore le chat qui guette, forment une assemblée de figures dénonciatrices des sentiments de malaise, d’oppression et de dépouillement...
Z.Z.
*Impasse face au bureau de poste. Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche, de 10h à 13h et de 15h à 19h. Tél. : 03/244577.
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