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Culture - Distinction

Prix Unesco-Sharjah à Élias Khoury et Joâo Baptista de Medeiros Vargens

La 10e édition du prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe a récompensé l’écrivain libanais Élias Khoury et l’éditeur brésilien Joâo Baptista de Medeiros Vargens.

Les lauréats posant avec les responsables du prix Unesco-Sharjah. Photo Abdel-Salim Karout

Le prix Unesco-Sharjah a été décerné lors d’une cérémonie solennelle organisée au siège de l’Unesco, au terme d’une longue journée où les deux lauréats ont participé à un point de presse puis à un débat consacré à l’art et la culture en tant qu’instruments de paix. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, devait leur remettre le prix, d’autant plus symbolique que le monde arabe est à un tournant décisif de son histoire. Mme Bokova devait souligner le rôle nécessaire du dialogue culturel qui est au cœur de l’action de l’Unesco, et relever la contribution des deux lauréats à une meilleure connaissance du monde arabe et de ses réalités. La cérémonie a été clôturée par un concert de musique arabe classique donné par Léna Chamamyan, artiste syrienne d’origine arménienne, lauréate en 2006 du premier prix de musique de la Radio Monte-Carlo Moyen-Orient.


Créé à l’initiative des Émirats arabes unis, le prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe a pour vocation de récompenser les efforts de deux personnalités, l’une originaire du monde arabe et l’autre d’un pays non arabe, qui auront contribué par leurs œuvres artistiques, intellectuelles ou promotionnelles au développement ainsi qu’à la diffusion de la connaissance de la culture arabe dans le monde. Chacun des lauréats recevra 30 000 dollars.


Élias Khoury, dont les romans (parmi lesquels La Petite montagne, Visages blancs ou La Porte du soleil) sont traduits dans une dizaine de langues et reflètent le combat et la souffrance des peuples de la région, notamment du peuple palestinien, a dans son point de presse rendu hommage aux intellectuels qui ont payé cher leur engagement pour la liberté et la démocratie. Il a notamment cité Samir Kassir, ainsi que l’universitaire égyptien Nasr Hamed Abou-Zeid, obligé de s’exiler aux Pays-Bas après avoir été jugé apostat en Égypte. Il a estimé que « si nous, les intellectuels, avions un rôle à jouer aujourd’hui, c’est bien celui de traduire les aspirations du monde arabe ». Devant les jeunes qui ont initié les révolutions arabes, il faut cependant « apprendre l’humilité », a-t-il ajouté. Khoury, qui fut aussi rédacteur en chef du supplément littéraire du quotidien an-Nahar de 1992 à 2009, s’est défini comme « le serviteur de la culture arabe » dans le but de « transformer le monde arabe ». Intellectuel engagé, il revendique sa volonté de « donner une voix aux sans voix », alors même que le jury international du prix, par l’intermédiaire de sa présidente Isabella Camera d’Afflito (Université de Rome La Sapienza), a estimé que l’écrivain libanais « a été témoin de la souffrance humaine, qu’il a fait connaître au niveau international ». Et d’ajouter : « Son combat et sa production littéraire ont créé l’image d’un intellectuel libre qui donne une voix aux sans voix. »


De son côté, l’éditeur João Baptista de Medeiros Vargens, professeur de langue et civilisation arabes, s’est exprimé en arabe en indiquant avoir appris cette langue pour avoir été sensibilisé à la cause palestinienne. Il a indiqué qu’avec « 12 millions d’Arabes au Brésil, la culture arabe est bien présente chez nous ». Intéressé d’abord par l’influence de cette langue sur le portugais, J.B. de Medeiros a été récompensé « pour son implication dans l’étude de l’influence de la langue arabe sur la langue portugaise, ainsi que pour ses travaux visant à mettre en valeur la présence de la civilisation arabo-musulmane au Brésil et, plus généralement, dans les pays lusophones », d’après le jury.

« Tisser un horizon culturel tout neuf »
Les deux lauréats ont également participé à deux tables rondes intitulées « Regards sur les nouvelles formes d’expression artistique des jeunes Arabes » et « Patrimoine arabe et diversité culturelle », aux côtés d’anciens récipiendaires (Bensalem Himmish, Abdelwahab Boudhiba, Chérif Khaznadar, Jamal al-Shalabi, Yordan Peev ou encore Anna Parzymies) et des membres du jury international (Isabella Camera d’Afflito, Mohammad Berrada, Stephen Hemphreys).


À l’issue de la journée, lors de la remise du prix, Élias Khoury devait déclarer, dans son allocution de remerciements : « L’honneur de cette attribution me touche d’autant plus qu’il coïncide presque avec l’entrée de la Palestine comme membre à part entière à l’Unesco. » « Nous sommes conscients que les signes de la liberté s’esquissent d’abord dans le domaine de la culture, et la liberté de la Palestine fait partie de toutes les perspectives de liberté constituant aujourd’hui la voix qui secoue le monde arabe dans son ensemble », a-t-il ajouté. « Ma génération a longtemps lutté pour fonder les valeurs de la liberté et de la justice, le mot était brandi en face de l’épée (...) Nombreux sont les amis qui sont tombés victimes, ceux qui sont partis sur les routes de l’exil et ceux qui ont connu les longues nuits de la prison. » Puis, après avoir mentionné « le rendez-vous avec la promesse de la liberté arrosée par le sang de Samir Kassir et de ses compagnons », Khoury ajoute : « Aujourd’hui, je peux dire que notre conscience renaît grâce aux révolutions arabes qui nous apprennent la sagesse du courage et l’humilité de l’héroïsme. » Exhortant les personnes présentes au sein de « l’éminente assemblée culturelle » à « la solidarité avec le sang qui coule à Baba Amr », Khoury devait conclure en s’inclinant « devant le spectacle qui se dessine sous mes yeux, celui des peuples arabes qui, en brisant leurs chaînes, retrouvent leur liberté et tissent de leurs révolutions un horizon culturel tout neuf ».

C.D.

Le prix Unesco-Sharjah a été décerné lors d’une cérémonie solennelle organisée au siège de l’Unesco, au terme d’une longue journée où les deux lauréats ont participé à un point de presse puis à un débat consacré à l’art et la culture en tant qu’instruments de paix. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, devait leur remettre le prix, d’autant plus...

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Toutes mes félicitations à Elias Khoury qui est aussi un tout grand, et modeste de surcroît, de la littérature libanaise. Ses livres resteront. A lire, relire et méditer par ceux qui souhaitent un Liban meilleur.

Nayla Sursock

04 h 32, le 02 mars 2012

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Commentaires (1)

  • Toutes mes félicitations à Elias Khoury qui est aussi un tout grand, et modeste de surcroît, de la littérature libanaise. Ses livres resteront. A lire, relire et méditer par ceux qui souhaitent un Liban meilleur.

    Nayla Sursock

    04 h 32, le 02 mars 2012

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