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Culture - Rencontre

Une nuit au Musée national avec Hiba al-Kawas...

Entre Ahiram et les sarcophages phéniciens, dans les grandes salles aux pierres éloquemment silencieuses du Musée national, Hiba al-Kawas vient de signer son troisième CD, « Li’anni ahia » (parce que je vis). Voix de soprano pour une ardente poésie arabe jetée en bouts de bleu d’azur, de vagues caressantes d’une mer bleue et d’une ligne d’horizon éthéré à travers des mélodies aux notes tendres et aiguës...

La couverture du nouveau CD.

Qu’elle séduise ou irrite, romantique ou avant-gardiste, rencontre pour mieux connaître et comprendre Hiba al-Kawas, une chanteuse un peu iconoclaste, qui sort délibérément du rang.
Cheveux noirs de nuit, regard de velours et fin minois pour un sourire presque enfantin. À l’âge de la maturité, Hiba al-Kawas est toujours en quête d’elle-même et de son public. Pour elle, ce dernier CD, un petit coffret de sept chansons et deux «tracks» de musique, sous totale emprise d’une étroite alliance entre airs opératiques et poésie, est une nouvelle aventure musicale, dans le sillage de ce qu’elle a toujours cherché à dire.
«La musique, dit-elle, c’est l’esprit de Dieu et sa voix, et chaque être est habité par l’esprit de Dieu... Ce CD jette un pont entre moi et l’auditeur, entre l’Orient et l’Occident, entre l’élitisme et le populaire.» Infatigable voyageuse, originaire de Saïda, elle sillonne davantage les pays du Golfe et l’Europe que sa terre natale, le Liban.
Seize ans de lutte pour partager avec le monde son goût de la poésie arabe à travers le chant, et cela va de Moutannabi à Talal Haïdar, en passant par Adonis, Ounsi et Nada el-Hage, Hani Abboud, Badr Chaker al-Sayegh et une légion de taquineurs de muses qui reflètent sa personnalité. Et ce chant, bien loin des rythmes et cadences chaloupées ou intempestives de la chanson «chabablakiyé» (comprendre jeune et populaire), elle l’appelle «aria» ou «lieds». «Car, dit-elle, ce que je fais est de l’opéra arabe et non de l’opéra en arabe. Avec ces vibratos, je pense que je suis dans la continuation vocale de la période abbasside...»
Mais sa lutte de seize ans de création s’inscrit aussi dans un registre plus important, plus exigeant. Celui de situer et faire découvrir non seulement une œuvre symphonique ignorée du grand public, tout comme feu Walid Gholmieh d’ailleurs, mais aussi ses autres compositions. Celles d’une écriture de musique contemporaine dont la plus récente, Moments à Cracovie (qui lui a valu d’être plébiscitée lauréate de la composition contemporaine en Pologne), vient d’être jouée et applaudie à Amsterdam avec l’orchestre royal Concertgebow.
Enseignante et membre du Conseil d’administration au Conservatoire national supérieur de musique, Hiba al-Kawas n’en a pas moins d’une centaine d’opus à son actif en tant que compositrice.
Quelle place accorder à cette soprano et ses prestations, par-delà trilles, triolets, notes et vocalises haut perchés qui montent jusqu’au firmament? L’écouter d’abord. Avec la patience de quelqu’un qui tente d’appréhender et de dompter une nouveauté. Malgré lacunes, défauts et dérapages, pour mieux saisir ce bout d’infini et de spiritualité qu’elle propose à travers les mots diaphanes et frémissants d’Ounsi et Nada el-Hage, Hoda Naamani, Abdel Aziz Khoja et Hallaj.
Loin de la chansonnette égyptienne, des envolées alépines et de certaines ritournelles, tendres ou pétaradantes de notre terroir, cette musique a des racines bien orientales tout en empruntant à la prosodie occidentale son raffinement et ses baroques volutes aux transparences de voile... «Une musique, confie Hiba al-Kawas, nouvelle pour l’Occident et pour l’Orient. Elle est élitiste sans que je le veuille. Mais je crois que tout le monde peut l’apprécier s’il s’habitue à l’écouter...»
Qu’elle séduise ou irrite, romantique ou avant-gardiste, rencontre pour mieux connaître et comprendre Hiba al-Kawas, une chanteuse un peu iconoclaste, qui sort délibérément du rang.Cheveux noirs de nuit, regard de velours et fin minois pour un sourire presque enfantin. À l’âge de la maturité, Hiba al-Kawas est toujours en quête d’elle-même et de son public. Pour elle, ce dernier...

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