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Culture - Ballet

Cocteau, Satie et les autres

Les étudiants de l’ALBA ont proposé samedi un ballet inspiré de l’œuvre littéraire de Jean Cocteau à l’occasion de leur spectacle de fin d’année, présenté, comme chaque fois, à Baalbeck. Un avant-goût du festival.

Une vue du spectacle.

Mai 1917, l’époque est à la modernité. Jean Cocteau, fasciné par le Sacre du printemps de Stravinski, souhaite lui aussi s’inscrire dans l’avant-garde artistique de son temps. À son ami le compositeur de ballet russe Diaghilev, qui lui lance la fameuse expression «étonne-moi!», Cocteau apportera la plus surprenante des réponses. Synthèse de l’esprit moderne, l’idée de Parade marquera la naissance d’une nouvelle forme de ballet. La collaboration de Cocteau avec Picasso, Satie, le danseur Massine et Diaghilev accouchera d’une création totalement à contre-courant, tant dans le thème convoqué, la vie quotidienne, que dans la forme, inspirée des techniques picturales du collage et du cubisme. Dans ses notes pour le programme de Parade, Apollinaire applaudit l’œuvre d’un nouveau genre: le terme «surréalisme» est né.
Juin 2011, près d’un siècle a passé. La modernité est restée. Les étudiants de deuxième année de l’École des arts décoratifs (Université de Balamand) décident de rendre hommage au talent visionnaire de Cocteau dans le plus symbolique des lieux, le temple de Bacchus de Baalbek, pour leur spectacle de fin d’année. En juillet 1956, l’écrivain assistait en effet à la représentation de sa pièce La Machine infernale à l’occasion de la première édition du festival de la ville. Autre époque, autres idées. Ce n’est pas Parade qui sera joué cette fois-ci, mais Autour de Parade, une série de douze petits ballets inspirés de l’univers littéraire de l’artiste français. Une grande partie de son œuvre, de l’Énigme à Orphée, s’apprête ainsi à être remaniée et transfigurée par les quatre-vingt-dix-huit jeunes artistes, encadrés par cinq professeurs.

Bruits de machines et illusions d’optique
Une heure avant que le tambour ne retentisse, la cour est déjà pleine. Des enfants s’amusent dans la traînée des ombres, rendues difformes et effrayantes par la stature des colonnes endormies. Théâtre à ciel ouvert, le temple de Bacchus semble s’enivrer à mesure qu’approche l’entrée des artistes. Modèle de clair-obscur à l’arrivée, la scène sombre peu à peu dans la pénombre. C’est justement quand le soleil décline que le public se lève. L’éclairage, de couleur vive, convoque l’imaginaire pictural de Picasso. L’héritage du cubisme est omniprésent dans les costumes et les décors façonnés par les étudiants. Ils ont rivalisé d’imagination pour produire des atmosphères toujours plus déconcertantes et originales. Le compositeur musical Satie n’est pas en reste, tant le spectacle est un prétexte à une exploration minutieuse de son champ d’influence. Une influence qui n’a cessé de croître tout au long du XXIe siècle.
Des bruits de machines à écrire, des ombres tordues, des planches ondulantes. Des chapeaux tournoyants. Couinements, grincements, illusions d’optique... Puis statues de papier, poulies à hélices et Édith Piaf déchirant la nuit: «Je t’ai dans la peau». Pendant près d’une heure, les étudiants proposent une succession de scénettes muettes, dans lesquelles la danse se mêle à l’imaginaire surréaliste des décors amovibles. Le final, inattendu, vient rompre avec l’ambiance contemplative du spectacle. Les quatre-vingt-dix-huit étudiants descendent sur scène accompagnés de leurs machines et de leurs ustensiles, déclenchant une tempête ininterrompue de couleurs et de sonorités métalliques. En 1917, lors de la première représentation, la pièce avait créé le scandale dans la salle. Ce qui avait amené Cocteau à déclarer: «Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi.» Malheureusement pour les étudiants, le public était tout acquis à leur cause samedi... Il est donc à espérer, en suivant les préceptes de Cocteau, qu’ils auront bientôt affaire aux bienfaits de la critique. Une autre fois!
Mai 1917, l’époque est à la modernité. Jean Cocteau, fasciné par le Sacre du printemps de Stravinski, souhaite lui aussi s’inscrire dans l’avant-garde artistique de son temps. À son ami le compositeur de ballet russe Diaghilev, qui lui lance la fameuse expression «étonne-moi!», Cocteau apportera la plus surprenante des réponses. Synthèse de l’esprit moderne, l’idée de Parade...

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