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Culture - Bandes dessinées

Les "vagabondages" d'un dessinateur français dans les quartiers nippons

Autrefois, "le vagabondage était un délit", celui des sans domicile, sans argent, sans effets personnels: pour Vincent Lefrançois, dessinateur français vivant au Japon, les vagabondages dans les quartiers nippons sont la richesse de ses bandes dessinées.

Vagabondages de Vincent Lefrançois, exposés jusqu'au 31 mai à l'Institut franco-japonais de Tokyo.

Alors qu'un artiste fraîchement débarqué dans l'archipel est dépaysé, prompt à tout portraiturer ou caricaturer, Vincent Lefrançois, lui, pose un regard ému, mi-occidental, mi-nippon, sur ce qui va au-delà des simples apparences.
"Je n'ai pas une connaissance particulière de la culture ou de l'histoire du Japon, tout naît de l'émotion, de mon imagination, mais je sais désormais discerner ce qui est important dans ce que je perçois", explique-t-il.
M. Lefrançois, 44 ans, conte de mini fictions mettant poétiquement en exergue un élément essentiel dans l'ambiance, dans le paysage, dans les personnages, mais que les Japonais, trop habitués, ne voient plus.
"Le format des petites histoires est primordial. Mon dessin ne restitue pas mes émotions comme je le souhaiterais, mais les courts récits, eux, le font", assure-t-il.
Comme le grand mangaka Naoki Urasawa (20th century boys, Pluto, Monster), affirmant qu'il faut "un fond réel, une trame exacte qui donne la crédibilité indispensable pour pouvoir raconter de gros mensonges", M. Lefrançois joue entre vérité et fiction.
"Je ne reproduis pas la réalité telle qu'elle est, je ne triche pas non plus avec elle, mais je cherche toujours un moyen décalé d'attirer l'attention sur les points cruciaux", précise ce dessinateur qui est aussi adaptateur graphique des mangas de Jirô Taniguchi publiés en français.
Et M. Lefrançois d'illustrer ses dires avec une image de la petite ville de Yanagawa (sud), traversée de canaux, et dont l'eau est "forcément l'âme": la preuve, "il suffit de l'enlever pour s'en rendre compte".
"J'accorde beaucoup d'attention à ce qui se passe autour de moi. Même après 20 ans passés au Japon, observer la vie des contemporains reste une source inépuisable d'inspiration. Ma capacité d'émerveillement est intacte".
Auteur d'une série intitulée "Wandering mind" pour le magazine hebdomadaire japonais Asahi Weekly, M. Lefrançois fait redécouvrir aux Nippons les charmes et travers urbains ou ruraux, "avec un rien de nostalgie", concède-t-il.
"Quand je crée mon histoire, je pense toujours que mon lecteur est japonais. Je n'ai pas le temps d'expliquer le décor, alors tout doit y être plausible", affirme-t-il, tout en insistant sur le fait qu'il parle surtout de sa région d'adoption, le Kyushu (sud), de sa cité de prédilection, Fukuoka, et non de la capitale.
"Tokyo est une ville dans le Japon, mais ce n'est pas le Japon", assène cet auteur né à Rouen (nord-ouest de la France), dont la silhouette traverse les vignettes de ses planches.
"Ma présence physique dans ces vagabondages est nécessaire car c'est mon regard, mon ressenti, je ne peux pas faire autrement, ce n'est pas de l'autobiographie, ni de l'autofiction, mais de l'auto-émotion", précise-t-il.
"Je cherche à créer un lien entre les deux cultures en parlant de choses qui touchent le lecteur japonais", assure-t-il, rappelant que les Nippons aiment voir leur image se refléter dans les yeux des étrangers.
Quant à savoir si son trait se rapproche de la bande dessinée nippone, il répond catégoriquement: "mon style n'est pas influencé du tout par le manga, mais par la BD franco-belge. La charte graphique et narrative est particulière dans le manga, je ne pourrais pas la comprendre. Je ne veux pas singer le manga."
"Ces vagabondages sont une façon de rendre au Japon ce qu'il m'a apporté", conclut-il.
Vagabondages de Vincent Lefrançois, exposés jusqu'au 31 mai à l'Institut franco-japonais de Tokyo.
Alors qu'un artiste fraîchement débarqué dans l'archipel est dépaysé, prompt à tout portraiturer ou caricaturer, Vincent Lefrançois, lui, pose un regard ému, mi-occidental, mi-nippon, sur ce qui va au-delà des simples apparences."Je n'ai pas une connaissance particulière de la culture ou de l'histoire du Japon, tout naît de l'émotion, de mon imagination, mais je sais désormais...

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