Pour Bogumil Nowicki, la musique de Chopin est un pont entre les pays

Pour le Festival Chopin, organisé à Beyrouth, concocté avec doigté, brillants concerts et fructueux «workshops» semblent peu suffisants pour l'éminent pédagogue doublé de musicien. Pour Bogumil Nowicki, la musique de Chopin, par-delà toute considération, devrait être un véritable pont entre la Pologne et le pays du Cèdre.
Discussions à bâtons rompus avec Bogumil Nowicki, de passage dans la capitale libanaise. Rencontre au cours de laquelle sont soulevés des sujets tels que l'importance de l'œuvre musicale du pèlerin polonais et les moyens de mieux enseigner et vivre la musique.
Ami de longue date du maestro Wojcieh Czepiel, dirigeant déjà depuis l'an 2000 l'Orchestre philharmonique libanais, c'est avec plaisir qu'il évoque l'enregistrement, il y a plus de vingt-cinq ans, du triple concerto pour piano, violon et violoncelle de Beethoven, à Varsovie.
Pour le bicentenaire de Chopin, les deux musiciens ont planché pour un programme riche et original, où le Liban a été au plus près du cœur du compositeur des Mazurkas et Nocturnes.
Certes, organiser un cycle de concerts pour la musique de Chopin, joyau du répertoire pianistique, avec des maîtres du clavier ainsi qu'une série de «workshops» et de «masters class» pour mieux appréhender les partitions du prince et poète du clavier était une évidence. Mais les organisateurs de ce festival voulaient des racines encore plus profondes pour ces manifestations.
«On a voulu aller plus loin que d'habitude dans une célébration pour l'œuvre de Chopin, déclare Nowicki. C'est ainsi que l'idée d'un échange culturel, surtout à travers l'esprit de Chopin, entre la Pologne et le monde, notamment le Liban, a germé. L'Académie de Poznan resserre ses liens avec le Conservatoire national supérieur de musique de Beyrouth pour un meilleur échange et une meilleure collaboration en invitant en Pologne étudiants et enseignants. Avec à leur tête le Dr Walid Gholmieh. Par ailleurs, il faudrait noter que l'Académie musicale de Poznan a non seulement les départements les plus divers pour une formation musicale mais aussi, chose unique, un département pour ceux qui confectionnent violons, contrebasses, luths et guitares. Avec même des copies des modèles anciens...En plus d'un centre de musique chorale, très prisé en Europe.»
Petite pause et d'ajouter: «J'ai été enchanté par le niveau exceptionnel des jeunes interprètes. Ils sont plus que talentueux. Ils ont des dons intéressants. Non seulement ils comprennent parfaitement les remarques émises lors des "masters class" mais les exécutent dans l'immédiat, ce qui est rare, car souvent il faut du temps pour réaliser cela...Pour plus d'efficacité et une action plus concrète, nous allons signer un protocole de
coopération...»
Pour son premier séjour à Beyrouth, dans le cadre des manifestations de Chopin, Bogumil Nowicki, infatigable voyageur, a aussi un sens pertinent de la réflexion: «J'ai visité plus de trente pays, dit-il, et je dois avouer que chaque pays a sa couleur. Mais ici, il y a une architecture superbe, à la fois sophistiquée et simple, avec des endroits si différents entre ce qui est construit et ce qui est resté un peu à l'abandon...Et puis il y a cette incroyable gentillesse des gens. Ils sont si chaleureux, si accueillants...»