Une série, dont une intéressante sélection a donné lieu à un livre éponyme édité en 2007 en plusieurs langues. Et dont la version anglaise est disponible à Beyrouth, en accompagnement de l'exposition organisée conjointement par les ambassades d'Uruguay et de Grande-Bretagne, dans le cadre de «Beyrouth, capitale mondiale du livre».
Essai visuel
Ce que cherche à exprimer Julio Etchart dans son «langage purement visuel», c'est qu'en dépit de certains «archétypes comportementaux» fréquemment relevés chez les enfants qui jouent - «comme leur tendance à faire des rondes ou à se diviser en clans opposés» -, il existe une réelle disparité, au niveau du jeu, entre les enfants issus de sociétés dites riches et ceux des pays pauvres. Et cette disparité, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas au bénéfice des enfants privilégiés. «J'ai découvert que les gamins issus de milieux défavorisés avaient d'autres privilèges, comme ceux de gagner en créativité, en improvisation et en adaptation», assure Etchart. «Créateurs de leurs propres jouets qu'ils fabriquent, avec tout ce qui leur tombe entre les mains (cartons, canettes, bouts de bois et de ficelles...), ces enfants, qui sont aussi souvent amenés à mélanger le loisir à l'utilitaire (comme la chasse au lance-pierre, par exemple, dans certaines sociétés tribales), développent ainsi des aptitudes d'habileté et de survie, alors que les enfants "gavés" de jouets et de nouvelles technologies se conduisent en simples consommateurs», souligne ce photographe au regard de sociologue.
Lequel étaye son propos d'images prises au fil de ses nombreux reportages réalisés aux quatre coins de la planète, pour des quotidiens britanniques (tels que le Guardian ou le Sunday Times,) ou pour des missions humanitaires (notamment pour Save the Children et l'Unicef, sur les conditions de vie des femmes et des enfants dans les régions défavorisées, les favelas et les bidonvilles).
Des montagnes de jouets qui entourent des «gosses de riches» aux regards pourtant blasés, au dynamisme éclatant des scènes de jeux de groupes dans les pays du tiers-monde, en passant par les loisirs «bourgeois», comme l'apprentissage d'un instrument de musique, ou encore l'attrait grandissant pour les jeux violents (il a volontairement intitulé une photo montrant un père, au visage crispé et agressif, choisissant un fusil en plastique à son fils, Arm Dealer!), Julio Etchart montre, en images, toutes les facettes des jeux d'enfants.
Une sorte d'«essai visuel» sur «la violence, la pauvreté et le consumérisme dans les jeux d'enfants» que ce photographe, titulaire du premier prix de la World Press Photo Fondation, catégorie environnement, en 1993, et tout aussi engagé en faveur de l'enfance que de la préservation de l'environnement, a voulu aussi «porteur d'espoir».
Un projet photographique de longue haleine, né il y a vingt ans, lors de la découverte de Julio Etchart de la paternité, et qui continue à le passionner. Il a ainsi profité de son passage au Liban (où il a dirigé un premier atelier de photographie pour jeunes à Tarik Jdideh et doit en donner un second ce samedi 17 avril à Tripoli), pour ajouter à sa collection dix clichés d'enfants joueurs libanais. À découvrir !
* L'exposition s'ouvre ce soir, à 18h00, au palais de l'Unesco, à Beyrouth, où elle se tiendra également demain avant de se poursuivre les vendredi 16 et samedi 17 à la Fondation Safadi, à Tripoli.
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