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Raid israélien en Syrie : Damas menace de riposter, Washington met en garde

Le flou le plus total continue d’entourer l'attaque israélienne et les objectifs visés.

Une patrouille mobile israélienne longeant hier la « ligne bleue ». Un état d’alerte non déclaré règne dans le nord israélien. Photo AFP

Au lendemain du raid israélien, qui aurait partiellement détruit un centre de recherches militaire situé entre Damas et la frontière libanaise selon l’armée syrienne et sur lequel l’État hébreu gardait jeudi le silence le plus complet, Washington a mis en garde Damas contre toute tentative visant à faire parvenir des armes au Hezbollah. Une autre version, celle d’un convoi syrien attaqué pour l’empêcher de livrer sa cargaison d’armes au Hezbollah, tient toujours timidement la route.

 

De son côté, la Syrie a affirmé qu’elle pourrait riposter de manière inattendue et même « surprenante » au bombardement israélien.
La Syrie pourrait prendre « une décision surprenante pour riposter à l’agression de l’aviation israélienne », a dit Ali Abdelkarim Ali, cité par un site Internet proche du Hezbollah. « La Syrie s’emploie à défendre sa souveraineté et son territoire », a ajouté l’ambassadeur syrien au Liban, sans préciser la nature d’une éventuelle riposte.
Damas a d’ailleurs présenté officiellement une plainte auprès de l’ONU. Selon l’agence officielle syrienne, SANA, le ministère des Affaires étrangères syrien a convoqué le commandant des Casques bleus de l’ONU sur le plateau du Golan, le général indien Iqbal Singh Singha, pour protester contre la violation de l’espace aérien par des avions de l’État hébreu. Le ministère syrien des Affaires étrangères a souligné d’ailleurs que la présence d’avions israéliens dans le ciel de la Syrie allait à l’encontre de l’accord sur le désengagement des forces israéliennes et syriennes du 31 mai 1974, et constitue une source de menace à la sécurité et à la paix dans la région.


Des inconnues demeurent toutefois sur les objectifs visés par ce raid aérien mené mercredi à l’aube par Israël. La Syrie et ses alliés du Hezbollah affirment que l’État hébreu a bombardé un centre de recherches près de Damas tandis que, selon des sources régionales, la frappe a visé un convoi terrestre acheminant des armes de Syrie vers le Liban à la frontière entre les deux pays.


L’aviation israélienne a bombardé mercredi à l’aube un convoi terrestre circulant en Syrie à proximité de la frontière avec le Liban, selon des diplomates et des sources du renseignement dans la région.
Contactées dans la journée par Reuters, plusieurs sources régionales ont indiqué que les avions israéliens avaient bombardé un camion acheminant vraisemblablement des armes au Hezbollah à la frontière entre la Syrie et le Liban. « La cible était un camion transportant des armes et se dirigeant de Syrie vers le Liban », a dit un diplomate occidental en poste dans la région. Sa cargaison ne comprenait probablement pas d’armes chimiques, a-t-il ajouté. La cargaison comprenait probablement des missiles antiaériens et antichars sophistiqués, a-t-on ajouté de mêmes sources.

 

(Lire aussi: Les troupes d’élite du Hezbollah combattent massivement en Syrie, selon l’« International Herald Tribune »)

La version syrienne
Le commandement militaire syrien affirme de son côté que le raid israélien avait pour cible non pas un convoi, mais un centre de recherches militaire dans la province de Damas. Dans un communiqué repris par la télévision publique syrienne, le commandement militaire ajoute que le bâtiment a été détruit et précise que les avions israéliens, qui volaient à basse altitude pour échapper à la surveillance des radars, sont entrés en Syrie et en sont repartis au niveau du mont Hermont. « Un avion de combat israélien a violé notre espace aérien à l’aube et a directement bombardé un centre de recherches sur l’amélioration de la résistance et l’autodéfense dans la région de Jomrayah dans la province de Damas », a affirmé l’armée dans un communiqué publié par l’agence officielle SANA. L’armée syrienne fait état de deux employés tués et de cinq blessés dans ce centre, qui a subi « d’importants dégâts » et dont le « bâtiment a été partiellement détruit ».

 

De son côté, l’armée libanaise a fait état d’un survol particulièrement intensif de son territoire, affirmant que 16 avions de combat israéliens étaient entrés dans son espace aérien durant la seule journée de mardi.


L’annonce de l’armée syrienne a été démentie par la rébellion, qui a affirmé être à l’origine d’attaque au mortier contre le site de Jamraya. Le gouvernement israélien a refusé jusqu’à présent de s’exprimer sur le sujet. Il s’agit du premier raid israélien sur la Syrie depuis 2007 et a fortiori du premier depuis qu’a éclaté en mars 2011 une révolte populaire devenue conflit armé. Pour l’armée syrienne, qui assimile rebelles et opposants à des « terroristes », cette attaque prouve désormais à tous qu’Israël est le moteur, le bénéficiaire et parfois l’acteur des actes terroristes visant la Syrie et son peuple résistant, en coordination avec les pays soutenant le terrorisme.

 

(Lire aussi: Le raid israélien, un pas significatif dans la régionalisation du conflit syrien, l'article de Khalil Fleyhane)

Israël et le chimique...
Le raid fait suite à une série d’avertissements lancés par les autorités israéliennes, qui ont prévenu qu’elles étaient prêtes à agir pour éviter que la révolte en cours en Syrie n’ait pour conséquence la dissémination d’armes chimiques ou de roquettes sophistiquées entre les mains du Hezbollah, allié du régime de Damas, ou d’autres organisations islamistes hostiles à l’État hébreu.


Les autorités israéliennes gardaient le silence le plus complet au lendemain de l’annonce par l’armée syrienne du bombardement.
Interrogé par la radio publique, le ministre israélien des Finances Youval Steinitz, membre du cabinet de sécurité, s’est borné à affirmer qu’il se tenait au courant « par les médias ». « Autrement dit : pas de commentaire », a-t-il ajouté. « D’une manière générale, Israël ni dément ni ne confirme ce genre d’activités militaires pour des raisons de sécurité », a souligné à la radio militaire Tzahi Hanegbi, un député du Likoud, proche du Premier ministre Benjamin et ancien président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères. En 2007, les responsables israéliens s’étaient refusés à confirmer une attaque aérienne attribuée à l’État hébreu contre un réacteur nucléaire construit par la Corée du Nord dans le nord de la Syrie.
« Israël a toujours dit que si des armes sophistiquées en provenance d’Iran, de Corée du Nord et de Russie tombaient dans les mains du Hezbollah, une ligne rouge serait franchie », a ajouté M. Hanegbi, en référence au mouvement chiite. Selon lui, « Israël ne peut accepter que des armes sophistiquées tombent dans les mains d’organisations terroristes ». Il a également rappelé qu’Israël avait déployé ces derniers jours deux batteries antimissiles Iron Dome près de la frontière libanaise. Les médias israéliens ont rapporté une forte augmentation des demandes de masques à gaz dans le nord du pays de crainte d’attaques de la Syrie ou du Hezbollah.

 

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