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À La Une - Révolte

Pour le grand mufti de Syrie, il faut "changer le régime par le dialogue et non par la force"

Quelque 100.000 Palestiniens ont fui le camp de Yarmouk à Damas.

Selon la Sûreté générale libanaise, 2.200 Palestiniens de Syrie ont franchi la frontière entre samedi et mercredi pour y trouver un abri. Jamal Saidi/

Le grand mufti de Syrie, cheikh Ahmad Badreddine Hassoun, a demandé à l'opposition au régime du président Bachar el-Assad, secoué par une révolte populaire transformée en conflit armé, de "changer le régime par le dialogue et non par la force".

 

"Les membres de l'opposition extérieure vont être contraints en fin de compte à s'asseoir à la table des négociations", a affirmé le mufti, dans un exposé, dont des extraits sont publiés mercredi par l'agence officielle Sana.

Le dignitaire religieux sunnite a appelé les opposants à en "prendre l'initiative", et "tous ceux qui portent les armes à cesser leurs pratiques, à jeter les armes".

 

Le grand mufti, considéré comme étant un proche du président Assad -qui fait partie de la minorité alaouite (une branche du chiisme)-, a demandé à toutes les composantes de l'opposition à "rentrer en Syrie, à écouter les doléances du peuple et à ne pas demander l'aide de pays connus pour leur hostilité historique à cette région".

 

(Reportage : Dans le centre de Damas, « la ligne de front se rapproche »)

 

Dans un entretien accordé au quotidien libanais "al-Akhbar" et publié lundi, le vice-président syrien Farouk al-Chareh s'était prononcé pour un "règlement historique" car aucun des belligérants ne pouvait l'emporter.

"Aucune rébellion ne peut mettre un terme à la bataille militairement. Tout comme (les opérations) des forces de sécurité et des unités de l'armée ne mettront pas un terme à la bataille" non plus, avait assuré M. Chareh, vice-président depuis 2006 et personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir contesté.

 

Le régime syrien qui ne reconnaît pas la contestation et l'assimile à du "terrorisme", appelle régulièrement au dialogue, une position rejetée par l'opposition qui refuse de négocier avant un départ de M. Assad.

 

En visite à Helsinki, le ministre des Affaires étrangères turc Ahmet Davutoglu a estimé mercredi que la fin du régime syrien n'était "qu'une question de temps", et appelé la communauté internationale à rendre la transition vers un nouveau régime "aussi rapide que possible". Le ministre turc a toutefois précisé qu'il ne soutenait pas par là l'idée d'une intervention militaire étrangère en Syrie.

 

 

Des renforts de l'armée à Yarmouk

Sur le terrain, des négociations sont en cours mercredi pour faire sortir les rebelles syriens du camp palestinien de Yarmouk à Damas et le tenir à l'écart du conflit après de violents combats entre partisans et opposants du régime, selon une organisation de secours palestinienne.

 

"Des organisations palestiniennes neutres parrainent actuellement des négociations entre (les rebelles de) l'Armée syrienne libre (ASL) et l'armée syrienne afin d'éloigner le conflit du camp, mais elles n'ont pas abouti pour le moment", a indiqué cette organisation qui n'a pas souhaité que son nom soit dévoilé.

Il s'agit de faire en sorte que les combattants de l'ASL tout comme les miliciens palestiniens pro-régime quittent le camp et que la sécurité soit confiée à des personnalités palestiniennes "neutres", a ajouté cette source ainsi que des habitants et des militants impliqués dans les négociations.

 

"Le camp Yarmouk est un asile, un refuge pour les Palestiniens et aucune des parties en conflit (en Syrie) ne devrait y pénétrer", a ajouté un des négociateurs, sous couvert de l'anonymat. Il a précisé que par "organisations neutres" il entendait des militants n'étant ni pour le régime ni engagés avec la rébellion.

 

(Pour mémoire : A Yarmouk, les Palestiniens divisés entre anti et pro-Assad)

 

Selon le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, "l'armée syrienne continuait à envoyer des renforts aux abords du camp Yarmouk pour y pénétrer, alors que des soldats ont fermé les routes y conduisant pour préserver la sécurité des citoyens".

 

Mardi, plusieurs raids avaient visé le camp de Yarmouk abritant habituellement 150.000 Palestiniens tandis que des combats et des bombardements se déroulaient dans le quartier proche de Tadamoun, ainsi que dans d'autres secteurs pauvres du sud de la capitale, selon l’OSDH.

Un premier raid dimanche avait fait huit morts dans le camp, suivi de violents combats lundi.

 

Les rebelles, appuyés par des combattants palestiniens qui leur sont acquis, avaient réussi plus tôt à chasser d'une grande partie du camp des miliciens palestiniens favorables au régime, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et médecins en Syrie.

Un habitant de Yarmouk a affirmé à l'AFP y avoir vu "des centaines d'insurgés de l'ASL", composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes.

 

"C'est une véritable catastrophe humanitaire, c'est une deuxième Nakba pour les Palestiniens, a assuré un habitant du camp. Le mot "nakba", qui signifie catastrophe en arabe, fait référence à l'exode massif en 1948, lorsque les Palestiniens ont perdu leurs biens et leur terre après la création de l'Etat d'Israël.

 

 

Exode vers le Liban...

Quelque 100.000 Palestiniens ont fui les violences dans le camp et se sont installés dans des jardins publics et des places à Damas, ne trouvant pas où loger et ne pouvant louer des maisons à cause des prix élevés.

Environ 3.000 d'entre eux ont traversé ou sont en train de franchir la frontière libanaise et près de 2.000 personnes supplémentaires pourraient les rejoindre, estime Lisa Gillian, responsable adjointe du personnel de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).

Selon la Sûreté générale libanaise, 2.200 Palestiniens ont franchi la frontière entre samedi et mercredi pour y trouver un abri.

 

De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi l'ONU et la communauté internationale à laisser les réfugiés palestiniens fuyant les combats en Syrie entrer dans les Territoires palestiniens.

M. Abbas a réitéré "la position palestinienne de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes", a rapporté l'agence officielle palestinienne Wafa.

 

(Lire aussi : L’ONU dénonce, à partir de Beyrouth, les violations graves des droits des enfants en Syrie)

 

Sur le plan humanitaire, l'ONU a lancé mercredi un appel pour 1,5 milliard de dollars pour aider jusqu'en juin près d'un million de réfugiés syriens ainsi que quatre autres millions de Syriens affectés par le conflit mais qui sont restés dans leur pays.

 

"Le conflit est devenu de plus en plus brutal et aveugle et a fait payer un lourd tribut" à la population, ont indiqué les Nations unies dans un communiqué.

 

Depuis le début le 15 mars 2011 d'une révolte populaire contre le régime, devenue conflit armé, 43.000 personnes ont été tuées en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

 

Lire aussi :

Bons baisers de Yarmouk, l'éditorial de Issa Goraieb

 

Le grand mufti de Syrie, cheikh Ahmad Badreddine Hassoun, a demandé à l'opposition au régime du président Bachar el-Assad, secoué par une révolte populaire transformée en conflit armé, de "changer le régime par le dialogue et non par la force".
 
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