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À La Une - Sécurité

Liban : l'armée fait enfin son travail dans la banlieue sud

Interviewés par la MTV, les ex-otages syriens des Moqdad déclarent avoir été battus et obligés d’« avouer » des informations fausses.

L'otage turc Aydin Tufan Tekin (gauche), qui était aux mains des Moqdad, juste après sa libération, le 11 septembre 2012, en compagnie de Abbas Ibrahim, chef de la sûreté générale, de Inan Ozyildiz, l'ambassadeur turc au Liban et du ministre libanais de l'Intérieur, Marwan Charbel. REUTERS/Mohamed Azakir 

Le bureau d’orientation de l’armée libanaise a publié hier en fin de matinée un communiqué annonçant la libération, hier, des quatre otages syriens lors d’une opération à Beyrouth et l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans les enlèvements de ressortissants syriens et turcs au Liban.


Ces otages faisaient partie du groupe de Syriens kidnappés à la mi-août par le puissant clan chiite des Moqdad. Outre une vingtaine de Syriens, les Moqdad avaient également enlevé un ressortissant turc afin d’obtenir la libération d’un des leurs, Hassan Moqdad, kidnappé en Syrie quelques jours plus tôt. Tard dans la nuit, l’otage turc a été libéré par le clan des Moqdad et remis à la Sûreté générale. (lire ici)


« Conformément aux directives du commandant en chef de l’armée libanaise, le général Jean Kahwagi, plusieurs unités de l’armée ont effectué des perquisitions et arrêté les individus impliqués dans les enlèvements d’étrangers et dans la fermeture de routes au Liban (...) », indique le communiqué.
« Les services de renseignements et une unité de l’armée ont réussi dans la nuit de lundi à mardi à libérer quatre otages syriens détenus dans le quartier de Hay el-Selloum et arrêter deux individus soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement de ces ressortissants syriens », poursuit le communiqué.
L’armée a précisé que les otages ont subi des tests médicaux après leur libération et les mesures nécessaires ont été prises afin d’assurer leur retour dans leur famille.
L’armée a assuré qu’elle ne va pas renoncer à ses opérations avant « d’arrêter tous les responsables des enlèvements ». Les militaires se sont par ailleurs félicités du soutien du peuple à l’armée en ce qui concerne ces mesures. « Cela montre que la stabilité du Liban est une priorité pour les Libanais », conclut le communiqué.


Hier matin, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel avait déjà confirmé la libération des quatre Syriens et annoncé l’arrestation de Hassan Moqdad (à ne pas confondre avec le Hassan Moqdad kidnappé en Syrie), qui serait le leader de la « branche armée » de la famille, selon lui.


Maher Moqdad, porte-parole de la famille, a précisé que l’armée a mené des perquisitions à Beyrouth dans des maisons appartenant au clan dans la nuit de lundi à mardi. Ces perquisitions ont notamment eu lieu dans les quartiers de Hay el-Sellom, de Ghobeiri, de Haret Hreik et de Roueiss.
« Dans une de ces opérations, l’otage turc (Aydin Tufan Tekin) que nous détenons a été blessé, a indiqué Maher Moqdad. Le bras armé de notre famille a réussi à l’évacuer mais a laissé derrière lui les quatre Syriens que l’armée a libérés. » Ces propos ont été tenus dans la journée, soit avant la libération de l’orage turc.
Vendredi, l’armée libanaise, conformément à une décision de justice, s’était livrée à une série de perquisitions et d’arrestations dans le fief des Moqdad.
En réaction, Maher Moqdad avait mis au défi, lundi, l’armée de retrouver l’otage turc. « Je dis au commandant en chef de l’armée de bien chercher où se trouve le ressortissant turc, et je le mets au défi de le retrouver après ce qui s’est passé, parce que même moi je ne sais pas où il se trouve », avait déclaré M. Moqdad au journal al-Akhbar publié lundi.
Le porte-parole du groupe a affirmé que la communication avec la « branche armée » des Moqdad « est coupée », a rapporté l’ANI. Il a cependant indiqué que « si l’otage turc meurt, nous ne remettrons le corps qu’en échange de la libération de Hassan Moqdad ».

Les ex-otages témoignent
Interviewés par la MTV, les ex-otages ont déclaré avoir été battus par leurs ravisseurs et obligés d’avouer des informations fausses.
« Ils m’ont battu, m’ont électrocuté et m’ont fracturé le pied », a déclaré un des otages dans un entretien avec la MTV quelques heures après sa libération. Et d’ajouter : « Ils m’ont obligé à avouer que je fais partie de l’Armée syrienne libre (ASL, dissidents) et je démens maintenant tout ce que j’ai déclaré à la télévision (quand il était aux mains des Moqdad, NDLR). »
Un autre otage a indiqué qu’ils ont été déplacés à plusieurs reprises par leurs ravisseurs. « J’ai essayé de fuir un jour. Ils m’ont attrapé avant de nous conduire au dernier endroit qui a été finalement perquisitionné par l’armée. »
Les otages ont tous remercié l’armée libanaise et les autorités pour leur libération.
« Je travaille dans une compagnie proche de l’aéroport de Beyrouth et huit hommes armés m’ont attaqué et m’ont accusé d’être un commandant au sein de l’ASL », a déclaré un troisième otage libéré, interrogé par la MTV.
Les otages ont par ailleurs indiqué que le ressortissant turc ne se trouvait pas avec eux lors de leur libération. « Cela fait 15 jours qu’on ne l’a pas vu. Les ravisseurs changeaient l’endroit de notre détention tous les deux jours », a précisé l’un des otages.


Le président de la République Michel Sleiman avait félicité samedi l’armée pour ses perquisitions : « C’est moi qui ai demandé à l’armée d’effectuer cette mission et elle continuera à poursuivre les personnes recherchées, a déclaré le chef de l’État. J’espère que la justice soutiendra l’action de l’armée de manière à sanctionner les ravisseurs (des Syriens et du ressortissant turc) et libérer les otages. »
Dans le même temps, la brigade d’al-Moukhtar al-thakafi, un groupe qui avait enlevé le mois dernier des Syriens et un autre ressortissant turc, Abd Basset Orssolane, a annoncé mardi avoir relâché tous les otages qu’elle détenait, selon la chaîne de télévision LBC. En soirée, la LBC a toutefois précisé que le sort du second otage turc n’était toujours pas connu, laissant entendre que l’armée pourrait préparer un assaut contre ce second groupe de ravisseurs. Comme si cette affaire n’était pas assez compliquée déjà, le groupuscule de l’imam Rida a déclaré à la LBC qu’il « n’avait aucun lien avec la brigade d’al-Moukhtar al-thakafi » dont il se serait scindé, affirmant que le second otage turc qu’il détient « est en sécurité ». « Nous ne libérerons l’otage que lorsque les dix pèlerins chiites seront relâchés », a indiqué le groupe.
Le groupe, jusque-là inconnu, voulait échanger ses otages avec les pèlerins chiites libanais kidnappés en Syrie le 22 mai dernier.


L’ambassadeur de Turquie au Liban a déclaré à la LBC ne pas avoir été officiellement informé de la libération de cet otage turc (Abd Basset Orssolane).


Sitôt les otages syriens libérés, le député Kataëb Élie Marouni s’est dépêché de féliciter l’armée libanaise pour ses réalisations. « C’est le rôle qui est attendu de l’armée libanaise, à savoir qu’il faut désormais mettre un terme aux troubles et aux actes criminels commis sur le territoire libanais », a-t-il souligné.


Commentant à son tour l’opération militaire, le député du Courant patriotique libre, Nabil Nicolas, a affirmé que l’armée a rempli hier sa tâche « dans une région qui lui était préalablement interdite d’accès ».

 

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