À la veille du quinzième anniversaire de la réconciliation druzo-chrétienne de la Montagne, toutes les formations politiques et les factions sociales de Choueifate (caza de Aley) ont stigmatisé, à l'unanimité, un incident qui a porté atteinte au prêtre de la paroisse grecque-orthodoxe du village, Élias Karam.
Depuis près de trois semaines, des brochures ont en effet été distribuées à Choueifate saluant l'ancien prêtre du village Abdallah Choucair et estimant que ce dernier était « un bon pasteur pour l'Église ». Ces brochures comparaient cependant le père Karam à « un rabbin sioniste ».
Alors que les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure ont arrêté J.A.K. (22 ans), auteur présumé de l'acte, nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour dénoncer l'incident et souligner l'importance de la coexistence druzo-chrétienne dans les villages de la Montagne. C'est dans ce cadre que s'inscrit par exemple le communiqué du Parti socialiste progressiste (PSP), publié samedi, qui a dénoncé l'incident en précisant que ce genre de méthodes n'ont rien à voir avec lui. La formation du député Walid Joumblatt a affirmé son respect de tous les dignitaires religieux et s'est dit « prête à collaborer avec eux, dans l'intérêt de Choueifate et du vivre-ensemble dans la ville ». Le parti a incité les services de sécurité à élargir l'enquête et sanctionner les auteurs de l'incident, « qui s'inscrit sans aucun doute dans un cadre personnel et ne reflète pas les avis du parti, et plus particulièrement ceux de la section de Choueifate ». Et le texte d'ajouter : « Les mesures disciplinaires adéquates seront prises à l'encontre de tout membre du parti qui serait impliqué dans cette affaire. »
À son tour, le chef du Parti démocratique libanais, le député Talal Arslane, s'est félicité, via son compte Twitter, des efforts des SR des FSI qui ont mené à l'arrestation du responsable de l'atteinte au prêtre Élias Karam. De même, l'association Choueifate pour le vivre-ensemble a stigmatisé, dans un communiqué, l'incident estimant que « de tels actes ne font qu'attiser la discorde et porter atteinte à la stabilité et à la sécurité. Comment certains peuvent-ils mettre en relief un manque de sécurité dont souffre le village, alors que des proches d'eux portent atteinte à sa stabilité et sa sécurité ? » ajoute le texte, avant de se féliciter des efforts des services de sécurité, qui ont permis d'identifier les auteurs de l'acte.
Surenchères politiques
Commentant l'incident, des sources proches du PSP l'ont réduit à « une caricature reflétant un avis strictement personnel, et qui n'engage aucunement la formation ». Les sources précitées ont indiqué à L'Orient-Le Jour que « les surenchères politiques ont contribué à l'amplification du problème ». « Tout cela ne signifie pas que nous justifions l'acte qu'a commis ce jeune homme (certains affirment qu'il serait un militant du PSP). Nous sommes des partis politiques, nous devons absorber les problèmes et essayer de les résoudre à l'amiable, et non les aggraver, mais tout le monde ne partage pas cet avis », a-t-on ajouté de même source.
Concernant un éventuel rapport entre l'incident et les élections municipales de mai dernier, les mêmes sources ont fait savoir que « pendant les six ans du mandat municipal précédent, les chrétiens de Choueifate se plaignaient des actions de la municipalité. Mais ils n'ont pas profité du dernier scrutin municipal pour essayer de changer les choses ». Selon elles, « l'électorat chrétien a voté pour les membres sortants du conseil municipal, sachant que l'Église (en l'occurrence le père Karam) a interdit à de nouvelles personnes de présenter leurs candidatures ». Et les sources d'ajouter : « Lors de la formation des listes, les druzes ont ajouté un siège aux chrétiens, pour faire preuve de bonne intention, et espéraient que les chrétiens en feraient de même, ce qui ne s'est pas produit. »
« Ce tableau a créé une tension parmi les druzes de Choueifate, qui s'est peut-être manifestée à travers la caricature dont il est aujourd'hui question », ont ajouté les sources proches du PSP, avant de souligner qu'une « relation exceptionnelle lie le parti au père Karam ».
« Nous ne protégeons pas l'auteur de l'acte et nous attendons les résultats de l'enquête actuellement en cours, en vue de prendre les mesures adéquates à son encontre, si son implication devait être prouvée, et ces mesures pourraient conduire jusqu'à le radier du parti », ont conclu ces sources.
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