Pour Nidal Tohmé, « Aoun parie sur le régime syrien »

Depuis que le député Walid Joumblatt a jeté un pavé dans la mare en avançant la possibilité pour lui d'élire le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun, à la présidence de la République, les milieux aounistes ont relancé leur campagne électorale, déterminés à décrocher l'appui du chef du courant du Futur Saad Hariri. Animés par un optimisme qu'ils entretiennent tactiquement dans les médias, ces milieux misent entre autres sur la question qui avait été adressée par Saad Hariri au chef des Forces libanaises, Samir Geagea, autour d'un repas de ramadan à la Maison du Centre, sur les garanties que le général Michel Aoun serait disposé à offrir au courant du Futur pour ce qui est des armes du Hezbollah. Une question qui, selon des milieux du CPL cités par l'agence al-Markaziya, signalerait la disposition de Saad Hariri à relancer les pourparlers autour de l'option Aoun.
Entre-temps, de nombreuses voix s'élèvent au sein du bloc du Futur pour sonner le glas de cette option. Dans la foulée des déclarations de plusieurs de ses collègues, le député Nidal Tohmé a adressé hier à Michel Aoun une série de critiques sous forme de questions. « M. le Général Aoun, nous ne nions pas la réalité populaire que vous représentez, c'est pourquoi nous vous prions de ne pas verser dans l'excès en vous croyant monopoliser tous les gens. Si vous avez une réelle chance de vous faire élire, et sachant que nous continuerons d'assurer le quorum de la séance électorale, pourquoi boycotter les séances, surtout qu'à défaut de vous faire élire, c'est votre allié qui remportera la course ? À moins que votre pari ne porte sur les garanties que Damas entend réclamer à la communauté internationale, après la présidentielle américaine, auquel cas comment pouvez-vous être sûr que c'est vous qui en bénéficierez, et surtout que dire alors de vos slogans de souveraineté et de libre arbitre ? » a demandé le député du Akkar. Et de demander ensuite sur quelles positions le général Aoun « entend se rétracter pour persuader certains blocs parlementaires à l'élire ». « Comptez-vous ne plus considérer le Parlement comme illégitime ou encore faire preuve de plus de malléabilité sur la loi électorale ? » s'est-il encore interrogé.